Menacés par la réforme, les musiciens de l'Opéra de Paris ont offert un concert aux manifestants ce 17 décembre. Bénéficiant d'un régime spécial, ces artistes ont fait entendre leur protestation, au son de la Marseillaise et du Chant des Partisans.
L'Opéra et la Comédie Française sont les seules institutions culturelles concernées par la réforme des retraites. Au cœur de la mobilisation contre le projet du gouvernement, et ce depuis le 5 décembre, ils se sont retrouvés devant l'Opéra Bastille pour faire entendre leur protestation à leur manière ce 17 décembre, en ce jour de manifestation. Et pour ce faire, quoi de mieux qu'un concert gratuit ? Rassemblés place de la Bastille, dans la capitale, les milliers de manifestants ont ainsi pu apprécier plusieurs chants entonnés par ces grévistes comme Le chant des Partisans, air de la résistance durant la Seconde guerre mondiale.
Autre titre ayant remporté un franc succès auprès du public : Va, pensiero.
Comme un symbole, l'hymne français figurait également dans le répertoire des artistes, qui ont entamé une vibrante Marseillaise.
L'Opéra, une vitrine culturelle de la France
Le régime spécial de l'Opéra est l'un des plus anciens de France, puisqu'il date de 1698, sous Louis XIV. Une fois leur caisse spéciale supprimée, les danseurs craignent de voir disparaître leur pension alors qu'ils peuvent être à la retraite à 42 ans. Ce «régime spécial» tient compte de la «pénibilité» du métier, avec le risque de blessures et l'interruption prématurée de carrière et du fait que la majorité peut difficilement continuer à danser les grands ballets au-delà de cet âge avec le même niveau d'excellence.
L'Opéra est une vitrine culturelle de la France et l'Etat contribue à la moitié du financement de sa caisse de retraite (14 millions d'euros par an). En plus des danseurs, plusieurs autres métiers de l'Opéra comme les machinistes et les musiciens battent aussi le pavé, souhaitant préserver l'ouverture de leurs droits à la retraite, à 57 ans pour les artistes des chœurs et les techniciens supportant des fatigues exceptionnelles, à 62 ans pour les administratifs, cadres et autres catégories de personnel.
Premier théâtre national de France, la Comédie Française a aussi sa propre caisse de retraite (environ 350 cotisants contre 1 900 pour l'Opéra). Les grévistes sont surtout les techniciens du plateau dont le métier est également jugé pénible. Créé en 1914, le régime de la Comédie Française permet aux artistes de partir à 62 ans et, pour les personnels techniques et les agents de sécurité, à 57 ans avec une pension minimale de 12 000 euros par an pour un affilié ayant travaillé 25 ans. Autre avantage : la possibilité d'un départ anticipé à 55 ans pour les personnels techniques et les agents de sécurité, dans certains cas.
La grève a déjà entraîné la semaine dernière l'annulation d'une dizaine de spectacles de ballet, d'opéra et de théâtre.
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