27/05/2022 francais.rt.com  3min #209003

Relaxe pour deux Gilets jaunes poursuivis pour avoir caricaturé Emmanuel Macron et Didier Lallement

© Fred TANNEAU Source: AFP

Deux Gilets jaunes poursuivis pour «outrage» par Didier Lallement ont été relaxés par le tribunal correctionnel de Paris le 27 mai 2022 (image d'illustration)

27 mai 2022, 12:17

Deux Gilets jaunes ont été relaxés par le tribunal correctionnel de Paris. Ils étaient poursuivis pour «outrage» par Didier Lallement, en raison d'une caricature d'Emmanuel Macron et du préfet de police de Paris figurant sur une camionnette en 2021.

Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé ce 27 mai deux personnes interpellées en 2021 lors d'un rassemblement de Gilets jaunes pour une caricature représentant Emmanuel Macron, le préfet de police de Paris et le président étasunien Joe Biden. Le préfet de police Didier Lallement  avait porté plainte pour «outrage envers une personne dépositaire de l'autorité publique» contre la propriétaire d'un camion-restaurant et le conducteur du véhicule, arrêtés à Paris lors d'une manifestation à l'occasion du troisième anniversaire du mouvement des Gilets jaunes, en novembre 2021.

Particularité de cette camionnette entièrement peinte en rose : le côté gauche était recouvert d'une fresque sur fond bleu-blanc-rouge représentant Joe Biden manipulant telle une marionnette Emmanuel Macron. Ce dernier était figuré sans pantalon, placé derrière le préfet de police de Paris Didier Lallement à côté de moutons. La caricature était surmontée de l'inscription «La sodomie en marche !! GJ», les initiales des Gilets jaunes.

«Un outrage doit être adressé à son destinataire, ce qui n'était pas le cas en l'espèce», a indiqué le président du tribunal pour expliquer la relaxe. A l'audience, le 1er avril, le parquet avait demandé 400 euros d'amende contre Carole Pigaiani, propriétaire du camion, et 300 euros contre le chauffeur, Ali M. Leurs avocats avaient plaidé la relaxe, arguant que cette caricature s'inscrivait dans le libre exercice de la satire et de la liberté d'expression.

«C'est une très bonne nouvelle pour la liberté d'expression», a réagi auprès de l'AFP David Libeskind, avocat de Carole Pigaiani, après la lecture du délibéré. «On ne s'attendait pas à cette décision. Je suis agréablement surprise de l'indépendance de la justice», a ajouté Carole Pigaiani, régulièrement présente avec son «camion rose» lors de manifestations pour récolter des fonds au profit de l'association qu'elle préside, Exit-Life, qui a pour but «de lutter contre le suicide des jeunes LGBT». «C'est une juste application du droit», a aussi commenté auprès de l'AFP l'avocate d'Ali M., Alice Becker.

David Libeskind a confirmé que sa cliente entendait porter plainte pour «harcèlement» et «discrimination» contre les forces de l'ordre, comme il en avait annoncé l'intention en novembre 2021, faisant valoir que depuis la nomination de Didier Lallement, «les forces de l'ordre bloquaient systématiquement le camion rose avec un sabot, pour le faire sortir des manifestations».

La camionnette, placée sous scellé judiciaire depuis l'interpellation de sa propriétaire, lui sera restituée, a aussi ordonné le tribunal.

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