© Thomas SAMSON Source: AFP
La candidate à la présidentielle et ex-présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen.
17 avr. 2022, 09:06
L'avocat de Marine Le Pen s'étonne du timing «fort à propos» de la révélation de Mediapart, selon lequel la politique est accusée par l'office européen de lutte antifraude d'avoir détournée quelque 137 000 euros quand elle était eurodéputée.
Marine Le Pen et des proches de l'ex-présidente du Rassemblement national sont accusés par l'office européen de lutte antifraude d'avoir détourné environ 600 000 euros d'argent public européen au cours de leurs mandatures d'eurodéputés, selon un nouveau rapport révélé le 16 avril par Mediapart et remis à la justice française. Sollicité par l'AFP, le parquet de Paris a confirmé avoir reçu le 11 mars ce rapport, en cours d'analyse.
«Je m'étonne du timing toujours fort à propos de la révélation» et de son «instrumentalisation», a réagi auprès de l'AFP Rodolphe Bosselut, l'avocat de Marine Le Pen, en campagne pour le second tour de l'élection présidentielle, qui aura lieu dans une semaine, le 24 avril.
Rodolphe Bosselut se dit par ailleurs «consterné par la façon dont agit l'Olaf [office européen de lutte antifraude], sans caractère contradictoire» et sur des «faits anciens de plus de dix ans» pour certains. Marine Le Pen «n'a pas été convoquée par quelque autorité judiciaire française que ce soit», a-t-il ajouté, déplorant par ailleurs que ni lui ni sa cliente n'aient été destinataires du rapport final.
Selon lui, l'enquête de l'Olaf est ouverte depuis 2016 et Marine Le Pen a été interrogée par courrier en mars 2021.
Le RN dénonce un «montage grossier»
Des cadres du RN sont montés au créneau. «C'est un office [l'Olaf] contre lequel nous avons déposé plainte à deux reprises» et il y aura «évidemment une troisième plainte», a indiqué ce 17 avril le président du RN Jordan Bardella à Cnews-Europe 1-Les Echos. «Les Français ne seront pas dupes des tentatives de l'Union européenne et des institutions européennes [pour]s'ingérer dans la campagne présidentielle et nuire à Marine Le Pen», a-t-il affirmé.
Le pays où le pouvoir tente de "criminaliser" les opposants par des montages grossiers s'appelle une dictature
«Le pays où le pouvoir tente de "criminaliser" les opposants par des montages grossiers s'appelle une dictature», a aussi réagi sur Twitter Philippe Olivier, conseiller spécial de la candidate à la présidentielle.
Quand Marine sera élue, l'opposition sera respectée.
C'est cela le changement. #BarrageAMacron
«A chaque fois qu'elle est candidate, on lui sort une boule puante, à quelques jours de l'élection. Cela vient généralement d'ailleurs de l'Union européenne, d'une manière ou d'une autre», a relevé sur RMC Laurent Jacobelli, porte-parole de Marine Le Pen. «Coup tordu, mensonges, violence verbale... Je pense que l'équipe Macron est tellement fébrile qu'elle est prête à tout. L'Union européenne vient au secours de son petit soldat», selon lui.
Nouveau rapport de l'Olaf Mediapart
Le nouveau rapport de l'Olaf, dont Mediapart publie des extraits, concerne les frais que peuvent utiliser les groupes politiques dans le cadre de leur mandat de député européen et que Marine Le Pen et ses proches auraient utilisés à des fins de politique nationale, pour des dépenses personnelles ou pour des prestations au profit de sociétés commerciales proches du Rassemblement national et du groupe parlementaire d'extrême droite Europe des nations et des libertés (ENL).
L'Olaf met en cause Marine Le Pen, trois autres anciens députés européens - son père Jean-Marie Le Pen, son ancien compagnon Louis Aliot et Bruno Gollnisch, membre du bureau national du RN - ainsi que l'ENL. L'office les accuse d'avoir détourné environ 600 000 euros, dont il préconise le remboursement. Selon le rapport, la candidate du Rassemblement national aurait personnellement détourné environ 137 000 euros d'argent public du Parlement de Strasbourg quand elle était eurodéputée entre 2004 et 2017.
Depuis juin 2017, Marine Le Pen est par ailleurs poursuivie dans l'enquête menée à Paris sur des soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen d'assistants du parti. Elle est mise en examen pour «détournement de fonds publics» et «complicité» de ce délit dans le cadre de cette information judiciaire. Les membres du RN avaient déjà dénoncé à ce sujet une manœuvre politique.