29/12/2018 dedefensa.org  14min #150147

 Israël bombarde un objectif en Syrie malgré la protection anti-aérienne

S-300 : la tactique confirme la communication

Plusieurs faits intéressants marquent l'évolution de la situation au Moyen-Orient, "autour de la Syrie". Le texte repris ci-dessous en privilégie un aspect, que nous développons plus loin, qui illustre, au-delà de la tactique du combat aérien, l'évolution de l'état des esprits vis-à-vis des diverses forces en présence, et essentiellement vis-à-vis des capacités russes, perçues directement ou indirectement, au-delà de toutes les "révélations", les "sources", les querelles d'experts et le marais général du FakeNewsisme.

D'abord, les faits nouveaux indiquant l'évolution de la situation générale sur le terrain et dans les relations entre les uns et les autres autour du désordre syrien.

 Il y a eu accord entre les Kurdes et le gouvernement syrien, avec entrée de l'armée syrienne dans la ville de Manbij pour renforcer décisivement le dispositif des milices kurdes contre une éventuelle offensive turques, ou des groupes soutenus par les Turcs. Ce déploiement syrien à Manbij  est effectif, et pour la première fois depuis le début de la guerre le drapeau syrien flotte à Manbij. Ce développement ( accord Kurdes-Assad) était  prévisible dès lors que les USA se retiraient et laissaient les mains libres aux Turcs, - dont nul ne sait encore s'ils vont partir à l'offensive ou plutôt suivre le conseil des Russes et tenter de régler cette situation du Nord de la Syrie autour d'une table de négociation.

En attendant, il reste au parti des salonards, des divers progressistes-sociétaux et interventionnistes-humanitaristes ( type-Kouchner, par exemple) qui encensent les USA et veulent la tête d'Assad au bout d'une pique, à tourner leur pompe à encens de 180° pour applaudir le dit-Assad, et derrière lui les Russes, de venir au secours des Kurdes. Ils n'en feront rien, bien entendu, préférant le silence distrait et un peu méprisant pour ces  vérités-de-situation qui se permettent d'introduire un peu de désordre dans leur simulacre si bien rangé en deux colonnes, entre "gentils" et "méchants", avec la vertu de simplifier radicalement " la complication de l'Orient compliqué ".

• Il y a également une belle avancée, dont il est accessoirement question dans le texte ci-dessous, dans la situation de la Syrie dans le monde arabe. Après sept années de mise à l'index et d'excommunication de la Syrie, le monde arabe qui écoute toujours avec attention la musique saoudienne semble prêt à accueilli à nouveau le "frère syrien", le président Assad. Les Émirats (EAU), si proche de l'Arabie, ont rétabli leurs relations diplomatiques avec Damas, et l'Arabie serait sur le chemin de le faire, tandis que la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe semble effectivement être une affaire qui marche,  avec l'accord de l'Arabie. (MbS qui reste au pouvoir prend désormais ses aises avec l'alliance US et fait savoir que les adversaires des USA peuvent devenir ses amis.) Le retrait US, quoi qu'il en soit par ailleurs, semble avoir déclenché une mécanique de reconnaissance de la victoire de la Syrie d'Assad, après sept années d'une affreuse et cruelle mêlée où l'Occident,  notre bloc-BAO, s'est enfermé dans une poubelle nauséabonde simulant un simulacre et s'est couvert, sans vergogne ni s'en apercevoir les deux à la fois, de honte, de stupidité et d'aveuglement.

DEBKAFiles résume la situation  ce 28 décembre, selon un point de vue toujours intéressant à considérer en fonction des liens que ce site entretient avec les services de sécurité israéliens : « L'une des meilleures semaines de Bachar Assad - et l'une des pires de Tayyip Erdogan - a culminé vendredi 28 décembre. La sortie américaine du Nord-Est de la Syrie annoncée par le président Donald Trump le 19 décembre a laissé un vide irrésistible, avant même que le premier soldat américain ait quitté le sol syrien. À la suite de cette annonce, les Émirats Arabes Unis ont annulé leur projet d'envoi de troupes dans le nord de la Syrie et ont rouvert leur ambassade à Damas pour la reprise de relations normales, après des années de soutien à la rébellion syrienne contre le régime d'Assad. Les sources auprès de DEBKAFiles auprrès services de renseignements ont appris que l'Arabie saoudite ferait de même... »

• Accessoirement (?), on notera que la visite-surprise de Trump avant-hier en Irak, a montré les limites très élastiques de son initiative de retrait des forces US de Syrie. Trump a annoncé devant quelques troupes sélectionnées, dont les SEAL ultra-secrets qui sont ainsi  mis à découvert par la pétulance de ce président, que les troupes retirées de Syrie seraient repositionnées en Irak d'où elles pourraient effectuer des raids en Syrie si nécessaire. Façon de se concilier "D.C.-la-folle" et de noyer dans l'habituel désordre tout ce que sa décision pouvait avoir de mobilisateur pour les antiguerres ; façon, aussi, de confirmer pour le reste du monde, et notamment les pays arabes, que les USA sont véritablement et décidément un partenaire totalement imprévisible, incontrôlable, non-fiable, en plus d'être en retraite. Il faut évidemment lier ce sentiment avec ce qui se passe du côté arabe avec Assad, mais aussi avec le refus du Premier ministre irakien de rencontrer Trump lors de sa visite en Irak... Non seulement les USA ne s'en vont pas vraiment, mais en plus ils paraissent aujourd'hui encore plus faibles et isolés que s'ils étaient vraiment partis.

Mais Trump s'en fout et ses adversaires américanistes aussi. Ce qui compte pour lui, c'est la "guerre civile froide" obsessionnelle qu'il mène pour sa réélection de 2020, la même chose pour les antitrumpistes et leur obsession pour abattre Trump. Ainsi, la position et la politique américanistes semblent évoluer, sur ce théâtre du Moyen-Orient comme pour le reste, dans un monde à part, hors de la marche des affaires en général, un simulacre de monde où la puissance américaniste continue à régner, où la psychologie américaniste exacerbée continue à triompher de façon à ce que leur "guerre civile froide" continue à se développer sans entraves. Laissez-lez vivre et agir intensément dans leur simulacre !

• Enfin, le dernier point qu'on aborde ici et qui est traité par le texte ci-dessous, est celui du comportement militaire des Israéliens, après la frappe qu'ils ont effectué avant-hier contre la Syrie. Cette frappe (ou frappe "en plusieurs vagues") a été particulièrement controversées. On se méfiera grandement des annonces officielles israéliennes, totalement subverties, d'une part par les mensonges de l'hybris d'une force militaire autrefois puissante et qui découvre ses limites de plus en plus contraignantes, d'autre part par la rhétorique guerrière de Netanyahou lancé dans une campagne électorale décisive pour lui (et sa survie juridique autant que politique, puisque avec une affaire de corruption lancée contre lu).

Des diverses versions, on comprend que la force aérienne israélienne a eu beaucoup de difficultés à atteindre une très faible partie de ses objectifs, devant une défense anti-aérienne syrienne qui ne cesse de gagner en efficacité. Mais surtout, nous rapporte l'entretien ci-dessous, il y a le fait de la tactique employée par la force aérienne israéliennes, reprenant la même technique d'une "couverture" de leurs propres avions de coimbat par des vols non impliqués dans la bataille : cela avait été l'affaire de l'Il-20 russe détruit en septembre par erreur provoquée de la défense syrienne, ce fut cette fois deux vols civils, l'un à Beyrouth, l'autre à Damas, qui conduisirent les Syriens à cesser le feu pour ne pas risquer la destruction d'un avion civil et la mort de ses passagers, laissant ainsi les avions de combat israéliens à l'abri d'une menace de destruction.  DEBKAFiles, toujours lui, signale la fureur des Russes devant cette tactique, et la possibilité d'une riposte (russe), éventuellement avec l'extension du verrouillage anti-aérien de la Syrie au Liban pour interdire la pénétration de cet espace aérien d'où les avions israéliens effectuent leurs tirs.

La récente frappe aérienne israélienne contre la Syrie montre la généralisation d'une nouvelle tactique qui constitue paradoxalement une couverture défensive active d'opérations offensives. Il s'agit d'un tribut involontaire rendu par les Israéliens à l'efficacité mortelle supposée contre les avions israéliens eux-mêmes de la défense anti-aérienne syrienne en constante amélioration par l'apport russe. Au lieu d'attaquer et de détruire les sites des nouveaux S-300 russo-syriens, comme ils l'avaient promis, les Israéliens préfèrent se protéger de leurs tirs par des subterfuges... On ne sait ce que vaut exactement le S-300 (et le S-400, etc.) mais son effet dissuasif marche à plein : s'il n'est pas absolument assuré que le système est opérationnellement aussi formidable que la communication le dit, cette communication permet finalement de se passer de l'opérationnel pour parvenir à ce résultat.

Ci-dessous, principalement sur ce sujet, ce texte de Sputnik-News le  28 décembre 2018 (titre initial : « La récente frappe aérienne israélienne contre la Syrie montre une nouvelle tactique ».)

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La nouvelle tactique aérienne d'Israël

La récente frappe aérienne israélienne contre la Syrie, qui impliquait l'utilisation de vols civils comme couverture de l'opération, montre que les Israéliens changent de tactique à l'encontre de Damas, a déclaré à Spoutnik Peter Ford, l'ancien ambassadeur du Royaume-Uni en Syrie.

La nouvelle tactique israélienne a été détaillée dans  une déclaration faite mercredi par le ministère russe de la Défense, selon laquelle six avions de combat F-16 israéliens utilisaient comme "couverture" pour se dissimuler deux avions commerciaux qui se préparaient à atterrir à Damas et à Beyrouth, respectivement.

 Des photos publiées depuis par la société israélienne ImageSat cartographient une zone de 900 mètres carrés où des frappes auraient détruit un dépôt d'armes abritant des armes iraniennes. La frappe aérienne de mercredi a eu lieu après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu eut juré de poursuivre ses opérations militaires en Syrie pour contrer la présence militaire de l'Iran.

"Cela montre un nouveau mode opératoire, à savoir que les Israéliens ne sont plus aussi audacieux dans leurs actions tactiques, parce qu'ils craignent désormais de perdre des avions", a déclaré Ford au cours de l'émission Loud and Clear de Sputnik Radio, jeudi 27 décembre. "Cela est causé par le fait que, grâce aux Russes, l'armée syrienne a nettement amélioré ses défenses anti-aériennes. Les Israéliens utilisent de nouvelles tactiques, et il semblerait que l'une d'entre elles consiste à se dissimuler derrière d'autres avions en vol".

Comme le note Ford, ce n'était pas la première fois qu'Israël utilisait de telles mesures pour lancer ses attaques contre la Syrie voisine. Plus tôt cette année, en septembre, le ministère russe de la Défense  avait accusé Israël d'utiliser un de ses avions (un Il-20 de reconnaissance électronique en cours d'atterrissage) comme bouclier contre les systèmes anti-aériens syriens. Cependant, contrairement à la frappe de mercredi, la frappe aérienne de septembre sur la Syrie avait entraîné des pertes, les 15 membres d'équipage de l'avion russe ayant été tués à la suite de la destruction de leur avions par erreur, par un tir destiné aux chasseurs israéliens s'étant dissimulé derrière l'avion russe.

Considérant les deux opérations, Ford a déclaré à ses deux intervieweurs hôtes Brian Becker et John Kiriakou que de nouvelles règles d'engagement entreraient en vigueur pour la Russie à la suite de ces actions israéliennes. Les Russes "ont effectivement cessé de contraindre leurs partenaires syriens et ils ont dit aux Israéliens que 'si les Syriens le peuvent et le veulent, ils détruiront vos avions. Ne comptez plus sur nous pour les retenir'".

Pour l'avenir, et tenant compte  de l'annonce par les Émirats arabes unis de la réouverture de son ambassade en Syrie, M. Ford a suggéré que cette initiative ouvrirait la voie à la normalisation des relations entre la Syrie et son proche allié, l'Arabie saoudite, qui a soutenu les forces anti-gouvernementales dans guerre civile longue de sept ans en Syrie. "Ce n'est qu'une question de temps avant la reprise des relations entre les Saoudiens et avant la réadmission de la Syrie dans la Ligue arabe", a-t-il déclaré.

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