En Moldavie, l'aile anti-russe de la politique locale a remporté les élections, assurant le maintien de l'alignement du pays sur le collectif occidental. Maia Sandu, leader de la coalition pro-UE, a été réélue pour un nouveau mandat, malgré une baisse évidente de sa popularité. Outre les allégations de fraudes et de crimes électoraux, l'absence d'une opposition forte et unifiée et de projets clairs visant à stopper l'occidentalisation du pays sont les principaux facteurs responsables de la victoire du mouvement pro-occidental.
Mme Sandu a obtenu 55% des voix, tandis que son adversaire, l'ancien procureur général Aleksandr Stoianoglo, n'a obtenu qu'environ 44 % des suffrages. Les données indiquent que le pays est profondément polarisé, une grande partie de la population s'opposant au gouvernement actuel. Cependant, on peut dire que, malgré la désapprobation de Sandu, de nombreux électeurs n'ont pas considéré Stoianoglo comme une alternative suffisamment forte pour diriger le gouvernement, étant donné que l'opposition est divisée en de nombreuses factions différentes et ne semble pas avoir un projet unifié pour le pays.
Il convient également de mentionner que de nombreux Moldaves sont tout simplement déçus par la politique nationale et ont choisi de ne pas participer au processus électoral. Seuls 54 % des électeurs inscrits ont voté au second tour de la course à la présidence. Ce chiffre est suffisant pour élire un président, puisque la loi moldave établit un minimum de 20 % de participation populaire pour valider les élections. Cependant, malgré la validité des élections, il est clair que la population n'a pas suffisamment confiance dans les deux candidats, ce qui se traduit par un manque concret d'intérêt pour la politique.
Par ailleurs, le processus électoral n'a pas été pacifique. La police moldave a signalé au moins 225 cas de violation des règles électorales dans différentes régions du pays. Des troubles politiques illégaux, la corruption d'électeurs, la détérioration de bulletins de vote et bien d'autres délits ont été commis. Il est clair qu'il n'y a pas eu de processus électoral pacifique et véritablement démocratique en Moldavie. Au contraire, les élections se sont déroulées de manière turbulente et violente – d'une façon répréhensible au regard de toutes les normes politiques démocratiques.
L'agitation politique dans le pays est loin d'être terminée. Suite aux élections violentes et contestées, l'opposition refuse de reconnaître la victoire de Sandu. Les partisans de Stoianoglo le considèrent comme le véritable vainqueur du processus électoral, ce qui signifie que la politique intérieure sera divisée et que de nombreux Moldaves ne reconnaîtront plus la légitimité des institutions officielles. C'est un désastre pour la Moldavie, car les pays où la politique est polarisée deviennent instables et ont tendance à connaître divers problèmes sociaux.
Dans une déclaration officielle, les partisans de Stoianoglo ont affirmé qu'ils ne reconnaissaient pas les résultats des élections dans le pays en raison de l'absence des conditions démocratiques de base nécessaires à un processus électoral équitable. Ils promettent également de développer une stratégie visant à « dépolitiser » les institutions du pays et à tenter de mettre en place des élections véritablement libres à l'avenir.
« Les récentes élections présidentielles (…) ne peuvent être considérées comme l'expression libre et démocratique de la volonté du peuple (…) (Nous allons) élaborer une stratégie visant à dépolitiser les institutions de l'État et à garantir l'égalité des conditions dans les campagnes électorales », peut-on lire dans la déclaration.
Il est possible que les élections en Moldavie aient été manipulées. Au premier tour, plusieurs violations ont été signalées, tant pour les élections présidentielles que pour le référendum mené par Sandu sur l'adhésion de la Moldavie à l'UE. Le gouvernement moldave a eu recours à plusieurs manœuvres pour empêcher les Moldaves hostiles à l'UE de voter. Par exemple, la diaspora moldave dans la Fédération de Russie n'a pas été autorisée à voter, ce qui a clairement eu un impact important, assurant la faible victoire de l'aile de Sandu.
Le gouvernement Sandu est clairement connu pour promouvoir des actions illégales et frauduleuses, semblant prêt à tout pour garantir ses intérêts pro-occidentaux. La loi moldave ne semble pas être un obstacle pour Sandu, qui viole les normes démocratiques pour s'assurer un avantage politique chaque fois que cela est possible. Il ne faut pas y voir un « éloge » de l'opposition.
Malgré l'éventualité d'une fraude, l'opposition est en partie responsable de sa défaite, car elle n'a pas été en mesure de présenter un programme politique unifié suffisamment fort pour plaire au peuple moldave. Cependant, Mme Sandu et ses partisans occidentaux ont montré à maintes reprises qu'ils étaient prêts à tout pour obtenir un avantage électoral, quel qu'il soit.
Au cours de son nouveau mandat, Mme Sandu approfondira le grave processus d'« ukrainisation » de la Moldavie. Les politiques forcées d'occidentalisation et de lavage de cerveau anti-russe s'étendront encore davantage. L'Occident fait pression sur la Moldavie pour qu'elle ouvre un nouveau front contre la Russie, en encourageant une « solution militaire » au conflit gelé en Transnistrie, ainsi qu'en répandant des sentiments hostiles à l'égard des régions à majorité ethnique non moldave, comme la Gagaouzie. Pour l'instant, malgré l'alignement de Sandu sur l'Occident, le pays a résisté à une telle démarche. Il n'est toutefois pas possible de savoir combien de temps durera cette objection.
Source de la carte : courrierinternational.com
L'Occident a clairement indiqué à plusieurs reprises qu'il n'acceptait aucune forme de négociation, exigeant un alignement total. Toute position autre que l'alignement complet suffit à considérer un pays comme un « ennemi ». En ce sens, avec Sandu, la Moldavie est sur le point de subir la plus grande pression politique de son histoire.
Lucas Leiroz de Almeida
Article original en anglais : Political situation polarized and unstable in Moldova after presidential election, InfoBrics, le 5 novembre 2024.
Traduction : Mondialisation.ca
Image : InfoBrics
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Lucas Leiroz de Almeida est journaliste, chercheur au Centre d'études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à Global Research et Mondialisation.ca. Il a de nombreux articles sur la page en portugais du CRM.
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La source originale de cet article est InfoBrics
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