© AP Photo/Leo Correa
Soldats ukrainiens (illustration)
22 nov. 2022, 11:17
Malgré la vérification par le New York Times de l'authenticité des vidéos montrant l'exécution à bout portant de soldats russes, Washington refuse de condamner ce que Moscou qualifie de crime de guerre. Une absence de réaction qui provoque l'ire de Moscou.
Dans un message sur Telegram le 22 novembre, l'ambassade de Russie aux Etats-Unis reproche à «l'ambassadrice itinérante pour la justice pénale internationale, Beth van Schaack» de ne pas avoir condamné «directement le massacre de []... soldats [russes] désarmés» et ce alors que «des journalistes américains» ont authentifié des séquences vidéos de l'exécution sommaire. Au sujet du magazine américain, l'ambassade note qu'il n'a pas «étouffé la tragédie».
«Le régime de Kiev n'a pas encore été puni pour ses crimes»
L'ambassade russe des Etats-Unis critique l'argumentaire utilisée par Beth van Schaack. «La diplomate a fait cyniquement référence au fait que les "crimes de guerre" de l'armée russe surviennent "beaucoup plus souvent" que ceux des forces armées ukrainiennes», reproche le communiqué en ajoutant que les Etats-Unis omettent «de fournir la moindre preuve d'actes violents prétendument commis par [les] militaires [russes]».
Selon l'ambassade de Russie, l'exécution menée à Makeevka, dans la République populaire de Donetsk, constitue «une violation flagrante de la Convention de Genève sur le traitement des prisonniers de guerre de 1949». Par ailleurs, «les prisonniers de guerre ukrainiens sont détenus dans le plein respect des dispositions du droit humanitaire international», insiste-t-elle.
«Le régime de Kiev n'a pas encore été puni pour ses crimes», insiste-t-elle en mettant en exergue le fait que les Etats-Unis et l'Occident «ne critiquent même pas les autorités ukrainiennes». «Ici, tout est très vite "oublié"» résume l'ambassade de Russie.
De surcroît, elle énumère des crimes qui n'ont fait l'objet d'aucune condamnation unanime de la part des chancelleries occidentales. «Que dire d'exemples aussi crus que le meurtre de Daria Douguina, les attaques contre le centre de détention d'Elenovka et la gare de Kramatorsk, le bombardement des quartiers résidentiels de Donetsk, la tragédie de la Maison des syndicats à Odessa le 2 mai 2014 ?»
«Les États-Unis autorisent le laxisme et l'impunité pour les néonazis en Ukraine»
«Nous n'oublierons jamais le meurtre horrible de soldats désarmés qui ont été forcés de s'allonger par terre par des néo-nazis, puis abattus sans pitié» promet l'ambassade de Russie. «Comment l'administration peut-elle expliquer son attitude insensible à la mort de simples guerriers à leurs mères, leurs épouses et leurs enfants ? Où est l'idée proverbiale des "droits de l'homme d'abord" dont Washington est si fière ?», peut-on encore lire dans le communiqué qui dénonce la politique «du deux poids, deux mesures» de l'Occident.
«N'est-il pas clair que les États-Unis autorisent le laxisme et l'impunité pour les néonazis en Ukraine en couvrant la frénésie des bandits ukrainiens ?» s'interroge l'ambassade, qui rappelle que Washington fournit à Kiev des armes, des formations et des renseignements. «[Par l'absence de condamnation], Washington soutient des meurtriers qui ne méritent ni pardon ni justification», conclut l'ambassade.
Pour Washington, il y a des massacres non condamnables
En effet, l'ambassadrice itinérante des États-Unis pour la justice pénale mondiale a déclaré le 21 novembre que les États-Unis surveillaient les allégations selon lesquelles les forces ukrainiennes auraient exécuté sommairement des soldats russes. «Nous suivons évidemment cette affaire de très près», a déclaré Beth Van Schaack lors d'un point presse téléphonique.
«Il est vraiment important de souligner que les lois de la guerre s'appliquent à toutes les parties de manière égale : à la fois à l'État agresseur et à l'État défenseur, et ce de manière égale», a-t-elle déclaré, ajoutant que «toutes les parties au conflit [devaient] respecter le droit international ou en assumer les conséquences».
Toutefois Beth Van Schaack a déclaré que l'ampleur de la criminalité montrée par les forces russes était «énorme» par rapport aux allégations visant les troupes ukrainiennes, et a noté que les deux parties réagissaient différemment lorsque des allégations d'atrocités font surface.
«La Russie répond inévitablement par la propagande, le déni, la désinformation, alors que les autorités ukrainiennes ont généralement reconnu les abus, les ont dénoncés et se sont engagées à enquêter sur eux», a ajouté la diplomate.
Des vidéos montrant des soldats russes désarmés - des prisonniers de guerre selon Moscou - être exécutés à bout portant par les forces ukrainiennes sont récemment apparues sur les réseaux sociaux. Moscou y voit une preuve de la violation par Kiev des conventions de la guerre. Kiev, de son côté, n'a pas nié l'exécution mais affirme que le groupe de soldats a feint une reddition afin d'attaquer les forces ukrainiennes, ce qui constituerait en soi un crime de guerre.