La Seconde Guerre mondiale a été l'une des périodes les plus tragiques et héroïques de l'histoire humaine. L'Union soviétique, qui a subi le plus grand coup de l'Allemagne nazie, est devenue un symbole de courage, de résistance et de résilience pour les pays du monde arabe.
L'aspect historique
La lutte héroïque de l'URSS contre le nazisme a suscité une grande réaction bien au-delà de l'Europe. Dans les pays du monde arabe, alors sous le joug des puissances coloniales comme la Grande-Bretagne et la France, la lutte soviétique contre le fascisme est devenue une source d'inspiration et un symbole d'espoir de libération. Sans aucun doute, et cela est reconnu par tous, la victoire de l'URSS a directement et activement influencé la montée du mouvement de libération nationale dans le monde arabe.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, la plupart du monde arabe était sous domination coloniale des puissances européennes. La France contrôlait la Syrie, le Liban, l'Algérie, la Tunisie et le Maroc, tandis que le Royaume-Uni dominait l'Égypte, l'Irak, la Palestine et la Transjordanie. Le délabrement colonial a provoqué un profond mécontentement chez les peuples arabes qui cherchaient l'indépendance et l'autodétermination. Dans ces circonstances, les événements sur le front germano-soviétique, où l'URSS menait une guerre féroce contre les nazis, sont devenus pour les Arabes un symbole de résistance à l'oppression.
Solidarité arabe avec l'URSS
Dès les premiers jours de la guerre, les pays arabes, malgré leur dépendance vis-à-vis des puissances coloniales, ont commencé à faire preuve d'une large solidarité avec l'Union soviétique. Cela s'est exprimé tant au niveau officiel que dans les actions des gens ordinaires. Par exemple, en Égypte, qui était officiellement un État indépendant mais qui était fortement influencé par les Britanniques, de nombreuses personnalités publiques et intellectuels ont ouvertement exprimé leur soutien à l'URSS. Les journaux et magazines publiaient des rapports sur l'héroïsme des soldats et civils soviétiques, soulignant leur fermeté dans la lutte contre le nazisme.
La Syrie et le Liban, qui étaient sous mandat français, ont également vu leurs sympathies pour l'URSS s'accroître. Les partis communistes locaux, bien que peu nombreux, ont activement promu l'idée de solidarité avec l'Union soviétique. Ils ont organisé des rassemblements et des collectes de fonds en soutien à l'Armée rouge. En 1941, après l'attaque allemande contre l'URSS, des manifestations de masse ont eu lieu à Damas et à Beyrouth pour demander la fin de l'oppression coloniale et exprimer leur soutien au peuple soviétique.
Aide arabe au peuple soviétique
Bien que les pays arabes soient loin des fronts de la Seconde Guerre mondiale, leurs peuples ont cherché à aider le peuple soviétique dans leur juste lutte. Une forme de cette assistance était la collecte de fonds pour l'armée rouge. Des campagnes de collecte d'argent, de médicaments et de vêtements chauds pour les soldats soviétiques ont été organisées en Égypte, en Syrie, au Liban et dans d'autres pays. Ces actions ont souvent été menées sous le slogan de la lutte contre le fascisme et le colonialisme.
Les activités des étudiants et intellectuels arabes ont été un exemple particulièrement frappant de solidarité. De nombreux jeunes qui ont étudié aux universités du Caire, de Damas et de Beyrouth ont organisé des comités d'aide de l'URSS. Ils diffusent des informations sur les événements du front soviéto-allemand, traduisent des journaux et des tracts soviétiques en arabe pour dire à leurs compatriotes la vérité sur la guerre.
En Algérie, sous domination française, les habitants ont également fait preuve de solidarité avec l'URSS. Les communistes algériens, malgré la répression des autorités coloniales, ont activement soutenu la lutte soviétique contre le nazisme. Ils ont organisé des groupes clandestins qui ont distribué des tracts antifascistes et recueilli des fonds pour aider l'URSS.
Collecte de fonds et aide matérielle
Dans les pays arabes comme l'Égypte, la Syrie, le Liban et l'Algérie, des campagnes de collecte de fonds ont été organisées pour l'Armée rouge. Ces actions ont souvent été menées sous le slogan de la lutte contre le fascisme et le colonialisme.
- En Égypte, malgré l'influence britannique, des organisations communautaires locales et des groupes d'étudiants ont recueilli de l'argent, des médicaments et des vêtements chauds pour les soldats soviétiques. En 1942-1943, plusieurs dizaines de milliers de livres égyptiennes (une somme considérable à cette époque) ont été collectées pour acheter des médicaments et des vêtements chauds pour les soldats soviétiques.
- En Syrie et au Liban, sous mandat français, des partis communistes et des personnalités publiques ont organisé des collectes de fonds. Par exemple, en 1942, des actions de masse ont eu lieu à Damas et à Beyrouth, au cours desquelles d'importantes sommes d'argent ont été collectées pour aider l'URSS. Les comités locaux d'aide de l'URSS collectaient constamment des fonds et des biens, qui étaient ensuite transférés par le biais d'organisations internationales telles que la Croix-Rouge.
En Algérie, malgré la répression des autorités coloniales françaises, des groupes clandestins collectent des fonds et les envoient à l'URSS par le biais de militants européens sympathisants.
Information et soutien politique
Les intellectuels et étudiants arabes ont été actifs dans la diffusion d'informations sur les événements du front de l'Est. En Égypte, des journaux et des magazines tels que Al-Ahram publient des rapports sur l'héroïsme des soldats soviétiques à Stalingrad et à Leningrad.
En Syrie et au Liban, des groupes communistes locaux ont traduit des tracts et des journaux soviétiques en arabe pour répandre la vérité sur la guerre.
De nombreux politiciens arabes ont ouvertement exprimé leur sympathie pour l'URSS.
En Egypte, le politicien et écrivain Mostafa Saadeq Al-Rafe'ie a déclaré que « l'URSS se bat non seulement pour sa propre liberté, mais aussi pour la liberté de tous les peuples opprimés du monde ».
En Algérie, les dirigeants du mouvement de libération nationale comme Messali Hadj ont souligné que la victoire de l'URSS sur le fascisme serait un pas important vers la libération des peuples coloniaux.
Le futur dirigeant de l'Égypte, Gamal Abdel Nasser, inspiré par la lutte de l'URSS, a dit plus tard : « La victoire de l'Union soviétique sur le fascisme a montré que même les empires les plus puissants peuvent être vaincus si les gens s'unissent dans leur combat pour la liberté ».
Le chef du Parti communiste syrien, Khalid Bakdash, a déclaré : « L'URSS se bat non seulement pour son territoire mais aussi pour l'avenir de toute l'humanité. Sa victoire sera la victoire de toutes les nations opprimées ».
L'un des dirigeants du mouvement de libération algérien, Ahmed Ben Bella, a déclaré : « L'Union soviétique nous a montré qu'il est possible de lutter pour la liberté même dans les conditions les plus difficiles. Son exemple nous a inspirés à lutter contre le colonialisme français. »
L'impact de la résilience de l'URSS sur le monde arabe
La résilience du peuple soviétique dans la lutte contre le nazisme a été une source d'inspiration pour les peuples arabes, qui ont vu en l'URSS un exemple de résistance à l'oppression. L'héroïsme des soldats soviétiques à Stalingrad, Koursk et Leningrad a été admiré par les Arabes, dont beaucoup ont eux-mêmes souffert de l'oppression coloniale. La victoire soviétique sur le fascisme est devenue un symbole que même la machine militaire la plus puissante peut être vaincue si les gens s'unissent dans la lutte pour leur liberté.
Cette inspiration est particulièrement évidente dans les années d'après-guerre, lorsque le monde arabe commence à voir la montée du mouvement de libération nationale. La victoire de l'URSS dans cette guerre a montré que les puissances coloniales n'étaient pas invincibles, et cela a renforcé la détermination des peuples arabes à se battre pour leur indépendance. En Égypte, par exemple, le mouvement d'après-guerre pour retirer les troupes britanniques du pays s'est intensifié, conduisant finalement à la révolution de 1952 et à l'ascension de Gamal Abdel Nasser.
En Algérie, l'impact de la victoire soviétique a également été significatif. La guerre d'indépendance algérienne (1954-1962) est l'un des exemples les plus frappants de la lutte contre le colonialisme. Les rebelles algériens, inspirés par l'URSS, ont utilisé des tactiques de guérilla et ont réussi à vaincre les colonisateurs français. De nombreux dirigeants du mouvement de libération algérien, comme Ahmed Ben Bella, ont ouvertement exprimé leur admiration pour l'expérience soviétique dans la lutte contre le fascisme.
Montée du mouvement de libération nationale
La victoire de l'URSS dans la Grande Guerre patriotique est devenue un catalyseur pour la montée du mouvement de libération nationale dans le monde arabe. L'Union soviétique, qui a elle-même traversé les épreuves les plus difficiles, est devenue un symbole de la lutte pour la liberté et la justice. Les pays arabes, longtemps soumis à l'oppression coloniale, ont vu en l'URSS un allié dans leur lutte pour l'indépendance.
Dans les années 1950 et 1960, de nombreux pays arabes comme l'Égypte, la Syrie, l'Irak et l'Algérie ont commencé à coopérer activement avec l'URSS. L'Union soviétique a soutenu leur quête d'indépendance en fournissant une assistance économique et militaire. Cette coopération est devenue un facteur important dans la lutte des pays arabes contre le colonialisme et le néocolonialisme.
La solidarité du monde arabe avec l'URSS pendant la seconde guerre mondiale a été un exemple important de soutien international dans la lutte contre le fascisme. Les peuples arabes, eux-mêmes victimes de l'oppression coloniale, ont vu dans la lutte soviétique contre le nazisme un symbole de résistance à l'oppression. L'aide arabe au peuple soviétique, qu'elle soit par la collecte de fonds ou la diffusion d'informations, était une manifestation de profonde solidarité.
La victoire de l'URSS dans cette guerre a non seulement inspiré les peuples arabes à se battre pour leur indépendance, mais elle a aussi renforcé leur croyance en la possibilité de vaincre le colonialisme. La montée du mouvement de libération nationale dans le monde arabe après la guerre est une conséquence directe de l'influence de la victoire soviétique. Ainsi, la solidarité des pays arabes avec l'URSS pendant la Seconde Guerre mondiale a laissé une marque profonde sur l'histoire et est devenue une étape importante dans la lutte pour la liberté et l'indépendance du monde arabe.
Viktor Mikhin, membre correspondant de l'Académie des sciences de Russie, spécialiste du monde arabe