26/02/2019 reseauinternational.net  34 min #152677

Soros, la France et la guerre contre l'Afrique : la nouvelle ruée vers l'Afrique (première partie)

Soros, la France et la guerre contre l'Afrique : les vrais censeurs des médias en France [troisième partie]

 Soros, la France et la guerre contre l’Afrique : la nouvelle ruée vers l’Afrique (première partie)

 Soros, la France et la guerre contre l’Afrique : l’impérialisme transparent deuxième partie

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par Gearóid Ó Colmáin

Une critique fréquente issue des médias « de gauche » français envers Vincent Bolloré est qu’il censure les journalistes. Tandis que Direct Matin et Canal+ ne valent assurément pas mieux que la majeure partie de la propagande toxique connue sous le nom de « médias grand public », quelques exemples suffiront à démonter la théorie conspirationniste décrivant Bolloré comme une espèce de grand manitou des médias. En fait, nous allons démontrer que le crime principal du magnat semble, au contraire, être sa réticence à le faire.

La farce du Crédit Mutuel

En juillet 2015, l’émission Spécial Investigation portait sur une enquête concernant les comptes off-shore du Crédit Mutuel, l’une des plus importantes coopératives de crédit françaises. Le documentaire était financé par Canal+, qui détenait les droits pour le diffuser. Le contenu du film avait été approuvé par Canal+ et sa diffusion publique avait été programmée, mais l’entreprise responsable de sa production, KM, contacta le directeur de Canal+ Maxime Saada pour lui dire qu’il n’allait pas être bouclé à temps ; il faudrait le programmer pour une date ultérieure. Entre-temps, le journal « indépendant » Mediapart avait été informé de son scénario.

Mediapart affirma que Vincent Bolloré était intervenu en faveur de son ami Michel Lucas pour  censurer la diffusion du documentaire.

Comme Mediapart avait révélé le contenu du documentaire, Canal+ décida de ne pas le diffuser, mais de le vendre à France 3 Télévisions.

Maxime Saada dit que Canal+ n’aurait pas vendu le documentaire à France 3 qui en fit plus tard la diffusion, s’ils avaient voulu que l’information qu’il contient soit censurée! Les enquêtes de Spécial Investigation devaient révéler quelque chose d’inédit au public. Puisque Mediapart avait déjà éventé les informations qu’il contenait, son impact eut été perdu .

Fabriquer chez le public l’impression que la chaîne est au service des intérêts des élites fait partie d’une stratégie conçue pour soutenir les médias publics ainsi que ceux de l’opposition contrôlée. En focalisant l’attention sur les tentatives alléguées d’un oligarque pour censurer des médias, le public extrait l’impression que les médias publics et les médias « indépendants » officiels font leur boulot en tant que Quatrième Pouvoir, en luttant contre le pouvoir privé tout en conservant la liberté ainsi que l’objectivité des médias.

Favoriser les dictateurs ?

Pendant la période qui précéda l’intervention militaire française en Côte d’Ivoire en 2010, le quotidien Direct Matin, qui appartient à Bolloré, se vit accusé d’avoir pris parti pour Laurent Gbagbo dans son litige avec Alassane Ouattara concernant les résultats de l’élection présidentielle. Acrimed, l’observatoire français du traitement médiatique, écrivit :

Il est abondamment clair que le quotidien gratuit, au contraire des autres agences de presse, se refuse à relayer les accusations internationales contre de Gbagbo.

La communauté internationale, c’est-à-dire les États-Unis et leurs vassaux, soutenaient l’ancien responsable du FMI Alassane Ouattara. Qui avait la faveur de Vincent Bolloré n’est pas clair, car il semble avoir entretenu de bonnes relations avec les deux candidats ; mais le journal duquel il contrôle à priori la ligne éditoriale ne chantait pas, apparemment, selon la même partition. Alors que s’envenimait la crise post-électorale, Le Monde publia des éditoriaux mensongers assurant ses lecteurs que Paris n’avait aucun intérêt pour la Côte d’Ivoire et était donc, par conséquent, un observateur neutre. Toutefois, il était limpidement clair que Paris appuyait Alassane Ouattara, l’ancien fonctionnaire du FMI.

Selon Acrimed, la presse de Bolloré s’était rendue coupable de favoritisme envers Gbagbo en omettant de le désigner comme président « auto-proclamé ». Hélas, ce qu’ignore Acrimed c’est que Gbagbo fut proclamé Président de la République de Côte d’Ivoire par la Cour Suprême de Côte d’Ivoire. De toute évidence, pour Acrimed les instances africaines sont dénuées de légitimité : seule l’ultra-démocratique Union Européenne est à même de décider du vainqueur de n’importe quelle élection africaine.

Au cours d’une campagne de vicieux mensonges et de désinformation menée par tous les grands organes de presse français – y compris les prétendus médias alternatifs « de gauche » – Direct Matin et Direct Soir puisaient apparemment dans le mauvais scénario ; c’est précisément ce qu’Acrimed a trouvé  totalement inacceptable.

La commission électorale de Côte d’Ivoire donna la victoire à Laurent Gbagbo, mais l’ONU et le gouvernement français avaient d’autres projets. Le Pays avait déjà été divisé depuis 2002 au travers du soutien français en faveur de rebelles armés. Désormais la crise allait monter crescendo. Des milices armées ont lancé des raids depuis le Burkina Faso voisin, tuant tout ce qui se dressait devant eux. Tandis que des bombes pleuvaient sur le Palais Présidentiel à Abidjan, le Président et son épouse furent reclus dans un bunker. Les forces spéciales françaises finirent éventuellement par arrêter Gbagbo et sa femme.

La torture et la terreur régnèrent dans les rues d’Abidjan dans les jours qui suivirent et Gbagbo fut traîné devant la Cour Pénale Internationale pour crimes contre l’humanité. Il demeura détenu à La Haye jusqu’au mois de janvier de cette année – 9 ans de détention pour des crimes qu’il n’a jamais commis.

Les crimes contre l’humanité d’Alassane Ouattara tels que le massacre de Douékoué – où un village entier d’hommes, de femmes et d’enfants fut brûlé vif – n’ont jamais été élucidés. La télévision publique italienne Rai Italia a été le seul média grand public d’Europe à exposer la vérité sur les crimes contre l’humanité français en Côte d’Ivoire .

Certains rebelles décapitaient les enfants devant leurs parents. L’information est dans le domaine public depuis plusieurs années, mais elle a été ignorée et censurée par les médias.

Le massacre de Douékoué – image civox.net

Mediapart s’efforce désormais de se mettre en avant comme seule source de vérité concernant l’affaire Gbagbo. Mais il n’y a besoin que de lire leurs analyses pendant la crise ivoirienne pour voir qu’ils chantaient à partir de la même partition néocoloniale que l’ensemble de la presse internationale.

En outre, de nombreux livres abondamment documentés ont été écrits sur le coup d’état français en Côte d’Ivoire et sur l’innocence de Laurent Gbagbo ; les traités de Charles Onana et de François Mattei en sont les exemples qui font le plus autorité. Vous ne trouverez aucune référence au travail d’Onana chez Mediapart ; l’organe de presse n’a modifié sa partition que lorsqu’il est devenu évident que Gbagbo remportait son procès – différemment de Slobodan Milošević le Président serbe qui, bien qu’il gagna aussi son procès, expira avant d’être relâché. Comme Mediapart est l’un des principaux médias du lobby qui attaque Bolloré et les « dictateurs » qu’il soutiendrait, il est crucial pour la clique de pouvoir à Paris de faire la promotion de l’agence médiatique auprès des jeunes Africains hostiles envers la politique de Paris. Nous verrons ci-après comment c’est présentement réalisé.

Exposer le terrorisme islamo-gauchiste

Dans la première partie nous avons vu que les fondations de la nouvelle forme de guerre « humanitaire » avait été posées lors de la Guerre Civile nigériane. Des exigences humanitaires allaient à nouveau être invoquées pour justifier l’intervention occidentale en Yougoslavie – une guerre que le Brigadier-Général français Pierre-Marie Gallois révéla avoir été préparée des années à l’avance .

Le 5 avril 2012 Spécial Investigation exposa comment les services secrets français (la DGSE, Direction Générale de la Sécurité Extérieure) avaient soutenu des terroristes islamistes au Kosovo pendant la guerre en Yougoslavie. Hashim Thaçi, actuel président du Kosovo, est présumé être un agent de la DGSE. Il est également recherché par Interpol pour meurtre de masse, torture et trafic de drogue .

En tant qu’éditeur au journal Le Monde, Edwy Plenel a joué un rôle indispensable dans la diabolisation de la population serbe et dans la dissimulation des crimes de l’Armée de Libération du Kosovo durant la campagne de bombardement de l’OTAN en Yougoslavie, en 1999.

Les révélations de Canal+ à propos du soutien des services secrets français à l’appui des terroristes auraient dû discréditer Plenel définitivement. Mais le trotskiste chevronné a récemment essayé de recouvrir ses traces, en faisant la promotion d’examens critiques très épurés de la  guerre humanitaire.

Selon l’ancien Président français François Mitterrand, Plenel est un « agent de l’étranger « .

Pendant la Guerre froide, les trotskistes et les petits-bourgeois étaient les outils préférés de la CIA pour la subversion politique. Ils se sont toujours comportés comme la police de la pensée, et les chiens de garde de la gauche.

Qui musèle les journalistes ?

Personnage important dans les affaires contre Bolloré, Jean-Baptiste Rivoire a été rédacteur-en-chef à Canal+. Il se présente sur Mediapart comme un défenseur de la liberté d’expression, dénonçant avec véhémence les tentatives présumées de Vincent Bolloré de censure des journalistes de Canal+. Les lecteurs de Mediapart sont sans doute inconscients du fait que Rivoire a lui-même déjà été condamné pour avoir tenté de censurer la presse.

Jean-Baptiste Rivoire

Le 26 novembre 2009 un tribunal parisien le condamna pour calomnie, à l’encontre du journaliste d’investigation Didier Contant.

Contant avait publié un article dans Le Figaro Magazine sur le meurtre de sept moines français à Tibhirine en Algérie, en 1996. Les médias français et des ONGs comme la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) affirmaient que les services secrets algériens avaient assassiné les moines. Mais le travail de Contant concluait qu’ils avaient été tués par le Groupe Islamiste Armé (GIA), un groupe terroriste armé qui a tué des milliers de personnes au cours de la Guerre Civile algérienne (1991-2001).

Maintenant, tous s’accordent que c’est bien le GIA qui a assassiné les moines mais Patrick Baudouin, président honoraire de la FIDH et avocat des familles des moines assassinés, fait encore circuler la théorie conspirationniste qui professe que les services secrets algériens avaient infiltré le GIA. L’ancien Juge en charge de l’affaire Jean-Louis Bruguière  a décrit Baudouin comme un « imposteur abusant de la crédulité du public ».

Rivoire a répandu le mensonge que Contant était un agent des services secrets algériens. En conséquence, le travail de Contant allait subir la censure. Rivoire fut condamné par un tribunal parisien pour « violence volontaire » à l’encontre de Didier Contant. Le journaliste d’investigation, dont la carrière avait été ruinée par la calomnie de Rivoire, craignait pour sa vie. Le 15 février 2004, Didier Contant plongea tragiquement vers sa mort depuis le cinquième étage d’un immeuble d’appartements parisien. L’origine de l’accusation contre Contant était un courriel que Rivoire avait reçu de la part d’ Amnesty International à Londres.

Les liens d’Amnesty International avec le renseignement US sont bien connus. Depuis la guerre en Afghanistan des années ’80, le rôle des médias trotskistes en Occident a été de soutenir les terroristes qui servent les intérêts géopolitiques occidentaux. L’ancien Conseiller à la Sécurité Nationale US Zbigniew Brzezinski avait à l’époque un siège au Conseil d’Administration d’Amnesty International. Il reconnut au Nouvel Observateur en 1998 que les USA avaient délibérément provoqué l’invasion soviétique de l’Afghanistan en 1979 afin d’y détruire la révolution populaire qui s’y déroulait, une menace pour les intérêts géostratégiques US. Brzezinski et la CIA pouvaient compter sur la gauche française pour faire ressembler les coupeurs de têtes takfiris à Che Guevara.

Pendant la Guerre Civile en Algérie, les crimes des terroristes islamistes étaient souvent ignorés, ou imputés au « régime » algérien. L’ethnologue Rina Sherman, la partenaire de Contant qui a écrit un livre sur les circonstances de sa diabolisation et de sa mort, a affirmé qu’il existe à Paris une « cabale » composée de journalistes, d’ONGs et d’avocats qui protège les criminels au pouvoir. Après la publication du livre de Sherman, Rivoire l’attaqua en justice pour diffamation et gagna son procès. Il avait un avocat doté de bonnes relations : William Bourdon.

William Bourdon a été l’un des avocats associés à la théorie de la conspiration qui plaidait que nombre des massacres commis par les islamistes durant la guerre avaient été commis secrètement .

L’affaire Rivoire a complètement été ignorée par les médias français. L’avocat de Sherman Gény-Santoni déclara que le silence des journalistes français sur cette affaire traduisait la preuve de leur collusion avec le pouvoir .

Bourdon est bien connu en Algérie pour être l’avocat de l’homme d’affaires Chani Medjoub, qui est accusé d’avoir reçu plus d’un milliard de dollars de pots-de-vin pour un grand projet autoroutier. Bourdon semble n’avoir rien à dire sur les faits de l’affaire ; il affirme que son client a subi la torture lors de sa détention et que par conséquent, l’ensemble de la procédure dirigée contre lui est invalide. Dans la guerre contre les états souverains, les droits de l’homme et la démocratie sont les marteaux et les burins toujours présents de  l’élite mondialiste.

Bourdon n’a pas besoin de s’inquiéter du poids des preuves pesant contre Medjoub, puisque son fan club médiatique Mediapart s’acharne à faire de  l’Algérie un nouveau Venezuela – avec de l’aide venant de leur « fasciste » préféré, Donald Trump !

Un  document de politique US de 1996 par Graham Fuller de la Rand Corporation, intitulé « Algérie – le prochain état fondamentaliste », énonce clairement que l’essor d’un régime islamiste en Algérie ne constitue pas une menace pour les intérêts US, à cause de l’influence de l’Arabie Saoudite sur les islamistes algériens. Le document déclare qu’une Algérie islamiste serait néolibérale, anti-iranienne et anglophile ; donc au service des intérêts stratégiques US.

La politique US envers l’Algérie n’a pas changé, pas plus que l’amourette entre la gauche française et le terrorisme takfiri, ainsi qu’avec les « soulèvements spontanés » appuyés par la CIA.

Qui a peur des false-flags ?

Le 9 novembre 2004, l’armée française a ouvert le feu sur des manifestants pacifiques à Abidjan qui réclamaient le retrait des militaires français du pays. Sept personnes trouvèrent la mort sous les balles, et des douzaines d’autres furent blessées. Dans son émission 90 MinutesCanal+ documentait les crimes des militaires français. Ils ont aussi montré comment des médias français « anti-racistes » comme Libération ont camouflé le massacre .

Au cours d’une audition au Sénat tenue le 22 juin 2016 sur la supposée censure médiatique de Canal+, le directeur de la chaîne TV Maxime Saada déclara :

Nous avons lancé une série d’investigations qui nous ont créé des problèmes… en Côte d’Ivoire  (par ex.).

Malgré le fait que le massacre d’Abidjan ait été l’un des pires crimes néocoloniaux perpétrés par l’armée française, aucun média français « anti-raciste » n’a couvert l’événement. Canal+ fut la seule chaîne TV à aller plus loin.

Un documentaire de Spécial Investigation diffusé le 8 février 2016 se penchait sur le bombardement de la base militaire française de Bouaké au nord de la Côte d’Ivoire le 6 novembre 2004 – un massacre qui tua 9 soldats français et un civil US, blessant 39 autres personnes. Le documentaire démontre comment le gouvernement français a déstabilisé la Côte d’Ivoire en soutenant des rebelles armés, massacré des manifestants pacifiques et probablement – bien que cela doive encore être prouvé – perpétré une attaque terroriste sous faux drapeau contre sa propre base militaire afin d’en blâmer Gbagbo et détruire l’armée de l’air ivoirienne, empêchant ainsi la réunification du pays.

Le documentaire est peut-être l’une des enquêtes les plus glaçantes et les plus osées jamais réalisées par la télévision française. Le film rompt la règle d’or du journalisme contemporain : quand des attaques terroristes ont lieu, le rôle du journaliste n’est pas de les élucider ; c’est plutôt de répéter la version gouvernementale des événements et de lancer systématiquement l’anathème conspirationniste contre tout journaliste qui s’avance pour poser des questions importantes.

Bien que le documentaire présente des preuves convaincantes impliquant le gouvernement français dans des actes de terrorisme et de haute trahison – dont certains membres, comme Nicolas Sarkozy, sont connus pour être des amis de Vincent Bolloré – le magnat de la presse n’est pas intervenu pour censurer le documentaire. Cependant, nous pouvons déduire de la déclaration citée plus haut de Maxime Saada que des individus puissants sont bel et bien intervenus pour empêcher la rediffusion du film en Afrique.

En 2016, le gredin susmentionné Jacques Dupuydauby a accusé Vincent Bolloré d’avoir participé à l’organisation du massacre de Bouaké. Dupuydauby ne dispose d’aucune preuve matérielle impliquant Bolloré. Il lui a fallu 12 ans pour contacter les autorités avec ses accusations. Mais il a Bourdon et l’interprète des prétoires Mediapart de son côté, alors qui se préoccupe des  preuves ?

Canal+ expose l’histoire d’amour de la gauche française avec les néo-Nazis

En janvier 2016 Spécial Investigation a été le seul média télévisé de France à exposer les néo-Nazis ukrainiens, secondés dans leur accession au pouvoir par les États-Unis et par des agences financées par George Soros. L’émission montrait des images dérangeantes du Massacre d’Odessa du 2 mai 2014, où des néo-Nazis ont brûlé vifs des communistes et des syndicalistes à la Bourse du Travail de la ville, faisant 48 morts et 200 blessés. Mais aucun de ces faits n’a jamais préoccupé les médias « de gauche ». En fait, le gouvernement ukrainien a envoyé une lettre à Vincent Bolloré avant la diffusion du documentaire, lui demandant d’en stopper la diffusion. Mais Bolloré  refusa de céder.

Les médias de gauche français, Le MondeLibération et d’autres médias publics ont violemment dénoncé le documentaire comme étant la « propagande du Kremlin ». George Soros a reconnu que ses agences ont joué un rôle-clé dans le renversement du gouvernement ukrainien en 2014 .

Nous n’émettons pas ici la suggestion que Canal+ ou tout autre organe de presse appartenant au Groupe Bolloré défie le pouvoir de l’état, d’une façon ou d’une autre. La chaîne de TV est majoritairement conformiste et opère à l’intérieur des paramètres de la censure officielle, mais les exemples que nous avons évoqués ici devraient servir à démentir la notion que Bolloré puisse être l’ennemi numéro un de la liberté d’expression en France. Six mois plus tard la production de l’émission Spécial Investigation allait cesser. Nous ne savons toujours pas pourquoi.

Bolloré hors-cadre au Togo – encore !

Le 15 octobre 2017, Canal+ diffusa « Lâche le Trône », un documentaire couvrant le mouvement de contestation qui oppose au président du Togo, Faure Gnassingbé. Les activistes anti-Gnassingbé sont présentés comme étant pacifiques, en dépit du fait que des armes aient été saisies entre leurs mains.

Faure Gnassingbé, Président du Togo

Le reportage présente un certain point de vue : Gnassingbé et son clan doivent partir, pourtant nous n’entendons jamais parler de ce que les partisans de son régime peuvent avoir à dire. Pendant la période pré-électorale au Togo, les médias publics français étaient favorables au PNP – Parti Nationaliste Panafricain – de Tikpi Atchadam dans leur couverture des événements. Mais les politiques d’Atchadam n’étaient jamais expliquées. Depuis quand un authentique pan-africaniste jouit-il du soutien de Paris et de Washington ? Après la diffusion du film, Bolloré fut accusé d’avoir empêché sa rediffusion en Afrique. Une fois de plus Bolloré semblait être du mauvais côté de l’histoire – en soutenant un dictateur qui opprime son peuple .

Comme nous l’avons démontré plus tôt, les élites mondialistes à la tête des gouvernements des USA et de la France mènent des opérations de changement de régime par le biais du « pouvoir populaire » à travers toute l’Afrique. Une des composantes essentielles des opérations de changement de régime est la désinformation médiatique. Le documentaire sur le Togo ne fait aucun effort pour contextualiser les problèmes du pays et présenter des arguments issus des deux côtés ; ce n’est que de la propagande anti-Gnassingbé conçue pour encourager la déstabilisation d’un pays africain désargenté. Si Canal+ a choisi d’en limiter la diffusion, c’est une bonne chose ! Au mieux, ce reportage est un exemple de mauvais journalisme ; au pire, c’est de la propagande impérialiste.

Le 22 décembre 2018 Canal+ a encore subi une attaque, pour avoir diffusé un court reportage sur le développement économique au Togo. L’autorité audiovisuelle française, le CSA (Conseil de Surveillance Audiovisuel), sanctionna Canal+ pour s’être servi de la chaîne de TV comme plateforme de promotion des intérêts commerciaux de Bolloré. Cependant, le film ne fait aucune référence à Bolloré. À la place, il vante le développement des infrastructures et des entreprises du pays ; nous y voyons des compagnies africaines fabriquant des produits pour les commerces africains. Les Africains se plaignent souvent que les médias occidentaux ne montrent jamais les efforts que fournissent les Africains pour développer leur continent. Dans l’état d’esprit néocolonial, le développement africain est indissociable des  ONGs occidentales.

La manipulation de l’opinion publique africaine

France Inter affirme que les journalistes de Bolloré mènent souvent des interviews avec des présidents africains sur l’accord mutuel que leurs réalisations seront mises en avant, mais que ces interviews ne sont ensuite jamais diffusés à la télévision française .

Nous n’avons pas été en mesure de vérifier ces accusations. Toutefois, les efforts des médias de la fausse opposition pour gagner la confiance des Africains peuvent être illustrés au travers d’un autre exemple particulièrement significatif.

Abidjan TV, la plus grosse webTV de Côte d’Ivoire, posta en 2016 un article intitulé « Hommage du quotidien français Mediapart à Gbagbo ». L’article d’origine n’a ni titre ni auteur. Son contenu fait la louange de Mediapart dans son traitement de l’affaire Gbagbo.

En le lisant, on en tire l’impression que Mediapart a été la seule agence de presse à relayer la vérité sur les crimes impérialistes de la France en Côte d’Ivoire en 2010. Mais il n’y a aucune trace de cet article dans les  archives de Mediapart.

En fait et comme nous l’avons déjà affirmé, Mediapart a été l’un des rouages essentiels de la guerre de l’information contre Gbagbo. L’article fut aussi publié sur  Ivoire Business.

Cameroon VoiceNouvelle GuinéeSuccess Mag et d’autres sites en ligne africains d’importance. Il a été partagé des milliers de fois sur les réseaux sociaux. Cet auteur a pris contact avec les éditeurs de certains de ces sites pour les interpeller sur l’article en question, mais ils ont choisi de ne pas répondre.

Pourquoi un article sans auteur ni titre, attribué à Mediapart, apparaît-il dans plusieurs sites africains reconnus ? Y a-t-il été introduit par Mediapart afin de les présenter comme des « amis de la libération africaine » ? À l’âge des médias numériques, il ne faut pas sous-estimer le fiasco représenté pour les faux médias de gauche par l’acquittement de Laurent Gbagbo devant la CPI.

Les impérialistes français ont commis une grave erreur en n’assassinant pas Laurent Gbagbo comme Mouammar Kadhafi. Une fois qu’il est devenu clair que la CPI ne trouverait jamais de preuves contre lui, il est devenu nécessaire de limiter les éventuels dommages provoqués par un tel scandale aux intérêts africains de la France. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que Mediapart commença à faire des « révélations » choquantes à propos de la CPI.

Il a été connu depuis des années que la CPI est un instrument néocolonial utilisé pour justifier l’impérialisme occidental en Afrique. Nous découvrons que l’article attribué à Mediapart condamne désormais lui aussi la cour comme étant « raciste ».

Fait intéressant, l’article cite Louise Mushikiwabo, Ministre des Affaires Étrangères du Rwanda, qui condamne la CPI comme instrument de la manipulation européenne. La Juge Bensouda de la CPI a dit que la Cour allait peut-être encore convoquer le Président rwandais Paul Kagamé pour le questionner. Kagame a toujours été un client des intérêts US en Afrique. Nous allons voir dans la prochaine partie comment le mythe rwandais a été créé, et pourquoi c’est un élément important de l’asservissement de la France et de l’Afrique aux USA.

Comme nous l’avons déjà démontré, les interventions de la France et des USA en Afrique depuis 2010 ont été faites au nom des « droits de l’homme » et de la « démocratie ». Elles ont compté sur cette façade gauchiste. Le régime d’Emmanuel Macron aura besoin de présenter des interventions supplémentaires comme des efforts voués à mettre fin au néocolonialisme français. Lorsqu’il fut confronté à des étudiants à l’Université de Ouagadougou en 2018 sur le rôle de la France dans la destruction de la Libye, Macron feignit d’avoir été opposé à la guerre.

Dans l’esprit du public, l’affaire de censure autour du Crédit Mutuel est automatiquement associée au nom de Bolloré. Cette affaire a servi à renforcer l’image des médias publics et de médias faussement indépendants comme Mediapart comme des intrépides défenseurs du « service public » contre les médias privatisés. L’impression nous est fournie que l’émission Spécial Investigation fut interrompue en 2016 à cause de l’affaire du Crédit Mutuel ; mais lors de l’audition au Sénat de la direction de Canal+, aucune explication sur cette interruption de Spécial Investigation n’a été donnée.

Il est plausible de présumer que des intérêts français puissants, au sein du complexe militaire-industriel-médiatique-services secrets, aient voulu enterrer l’émission Spécial Investigation tout en imputant cette censure à Bolloré. Ce faisant, le public est porté à penser que la liberté d’expression existe réellement ; que les milliardaires qui tentent d’influencer les médias rendent bel et bien des comptes et que les médias de la gauche libérale constituent le « quatrième pouvoir » qui protège le peuple d’une oligarchie toujours plus intrusive.

Dans la quatrième partie, nous explorerons la façon dont le génocide rwandais a constitué un tournant décisif dans la subordination de la France aux États-Unis, créant un nouveau discours mondialiste aux conséquences dévastatrices pour l’Afrique et pour le monde.

Source :  ahtribune.com

Traduit par Lawrence Desforges

via: globalepresse.net

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