20/07/2022 reseauinternational.net  7 min #212401

Syrie : Washington contrôle 90% du pétrole brut au Nord-Est syrien

par Oki Faouzi.

La compagnie américaine Delta Crescent Energy exporte et ruine le pétrole syrien.

Les forces américaines continuent de piller le pétrole syrien au nord est du pays

Le pillage du pétrole syrien par les forces américaines qui occupent le nord-est syrien se poursuit sans répit. Selon l'agence syrienne Sana, citant des sources locales, les forces d'occupation américaines ont été vues en train de sortir un convoi comptant entre autres une trentaine de camions citernes remplis de pétrole syrien en direction du territoire irakien en traversant le poste-frontière illégal d'al-Walid. Soit plus de 30 camions citernes faisaient partie d'un convoi formé de 80 véhicules dont des camions couverts et des blindés américains.

Les forces d'occupation américaines ont établi une douzaine de bases illégitimes dans le nord-est syrien, dont certaines sur les champs de pétrole al-Omar et Koniko, dans la province de Deir Ezzor. Elles les contrôlent de concert avec les milices kurdes des Forces démocratiques syriennes qui sont devenues les collaborateurs des États-Unis depuis que ces derniers sont intervenus en Syrie pour combattre Daech qui semble être ressuscité de nouveau et les États-Unis sont accusés de transférer des prisonniers de Daech depuis les prisons tenues par la milice kurde vers leurs bases dont celle d'al-Tanf.

Par ailleurs, le ministre syrien du pétrole a condamné les forces américaines pour avoir agi comme des pirates selon ses propos alors que Washington continue de piller la plupart des richesses pétrolières du nord-est du pays, riche en ressources, où le Pentagone soutient les milices kurdes. D'après ses dernières déclarations faites. « Les Américains et leurs alliés ciblent la richesse pétrolière syrienne et ses pétroliers comme les pirates », a déclaré cette semaine à la télévision d'État le ministre du Pétrole et des Ressources minérales, Bassam Tomeh, ajoutant que cette décision vise à paralyser l'économie syrienne, qui dépend des revenus pétroliers. « Ce qui s'est passé tout au long de la guerre en Syrie ne s'est produit dans aucun pays, en termes de nous empêcher d'exploiter nos richesses et en même temps d'empêcher les produits de base d'atteindre notre pays »,dit-il.

Le total des dommages infligés au secteur pétrolier syrien en raison de l'occupation américaine dépasse 92 milliards de dollars, notant que Washington contrôle actuellement 90% des ressources de pétrole brut dans la région du nord-est. La Syrie et la Russie accusent les États-Unis d'avoir acheminé des fournitures sous prétexte « d'aide humanitaire » à des terroristes attaquant une nation du Moyen-Orient ravagée par la guerre.

Dans une interview accordée le mois dernier au journal libanais al-Akhbar, le gouverneur de la province du nord-est de Hasakah, Ghassan Khalil, a déclaré que des militants kurdes soutenus par les États-Unis volaient chaque jour 140 000 barils de pétrole brut dans les champs de la région. Il a affirmé que les combattants avaient ensuite utilisé des pétroliers pour faire passer le pétrole en contrebande de l'autre côté de la frontière irakienne.

Depuis au moins 2015, le Pentagone offre un soutien direct aux Forces démocratiques syriennes, une faction dominée par les Kurdes qui contrôle un territoire important dans le Nord-Est. Les États-Unis eux-mêmes maintiennent une force d'environ 900 soldats dans le pays, la plupart intégrés aux côtés des FDS. L'administration Joe Biden a signalé qu'elle ne donnerait plus la priorité à l'occupation des ressources pétrolières syriennes, le mois dernier, les médias locaux de langue arabe ont rapporté que les forces américaines construisaient un nouvel aéroport à côté du champ pétrolifère d'al-Omar, où Washington maintient une installation militaire. À peu près au même moment, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a précisé qu'il n'y a pas de coopération avec les entreprises énergétiques sur le terrain. « Sauf le cas échéant en vertu de certaines autorisations existantes », suggérant que Biden peut continuer la pratique sur une base limitée. Un porte-parole de la coalition dirigée par les États-Unis, le colonel Wayne Marotto, a réitéré cette position plus récemment, sans toutefois mentionner la faille citée par Kirby.

En 2008, le secteur pétrolier représentait 23% des recettes publiques du pays, 20% du montant total des exportations et 22% du PIB de la Syrie. Le pays exportait environ 150 000 barils par jour. Le pétrole représentait la majorité des revenus d'exportation de l'État. Aujourd'hui le pays est en crise. Un manque à gagner que le ministre syrien du Pétrole évalue à 92 milliards de dollars. La plupart des réserves se trouvent au nord-est de la Syrie, aujourd'hui sous contrôle américano-kurde. La compagnie américaine Delta Crescent Energy les exploite à sa guise. « Les Américains s'attaquent également aux ressources agricoles du pays. L'un des aspects de cette politique est la poursuite de l'occupation étrangère de certaines régions syriennes. De sorte que les Syriens n'ont notamment pas accès à leurs propres gisements de pétrole et de gaz, ainsi qu'aux champs agricoles dans le Nord-Est », expliquait récemment à Sputnik l'ambassadeur de Russie à Damas.

Des responsables syriens, y compris le président Assad lui-même, ont condamné le vol de pétrole de Washington à plusieurs reprises, jurant même une action en justice. Peu de temps après l'investiture de Biden, l'envoyé syrien de l'ONU, Bashar al-Jaafari, a supplié le nouveau président de retirer les forces américaines et de cesser d'occuper les champs pétrolifères. « La nouvelle administration américaine doit mettre fin aux actes d'agression et d'occupation, piller les richesses de mon pays, retirer ses forces d'occupation et cesser de soutenir les milices séparatistes, les entités illégales et les tentatives de menacer la souveraineté de la Syrie ».

Biden a jusqu'à présent montré peu d'intérêt pour se retirer de Syrie, lançant une série de frappes aériennes contre des milices basées dans le pays le mois dernier 2021.

Avant la guerre, la Syrie vendait 353 000 barils par jour

La guerre qui a duré dix ans a fait des ravages massifs sur le secteur pétrolier syrien, soulignant le coût de la poursuite de l'occupation américaine. Selon un rapport de British Petroleum, la production globale de pétrole a chuté de plus de 90% entre 2011 et 2019, soit de 353 000 barils par jour à seulement 24 000. Une catastrophe économique.

L'agence syrienne officielle Sana a rendu compte de plusieurs convois de camions citernes appartenant à l'armée américaine et transportant du pétrole syrien pillé, qui se sont dirigés vers le territoire irakien. Selon ses informations un convoi est sorti ce vendredi 8 juillet 2022 « en deux lots, en empruntant les points de passage illégaux d'Al-Walid et Mahmoudiya, les camions citernes avaient été chargés de pétrole volé des puits d'Al-Jazeera, Ramelan et Al-Chaddadi », indique-t-on. Le premier lot était formé d'un convoi de 35 véhicules, dont 20 camions citernes chargés de pétrole volé dans des puits de pétrole syriens d'al-Jazeera, en plus d'un certain nombre de camions couverts et de réfrigérateurs. Ils se sont dirigés par le passage illégal d'Al-Walid vers le nord de l'Irak. Quant au deuxième lot, il était formé de 25 camions citernes, chargés de pétrole syrien volé dans les champs pétrolifères de Ramelan et d'Al-Chaddadi. Il s'est dirigé vers le territoire irakien par le point de passage illégal de Mahmoudiya dans la campagne de Yaarubiyah. Ce convoi était escorté par trois hélicoptères américains qui effectuaient des vols à basse altitude.

Il y a quelques jours, les forces américaines avaient acheminé sur plusieurs lots, un convoi de 55 camions citernes chargés de pétrole syrien volé, vers le territoire irakien, en traversant le passage de Mahmoudiya dans la campagne de Yaarubiyah, au nord-est de Hassaké. Selon le site web de la télévision libanaise d'information al-Mayadeen, les États-Unis d'Amérique disposent de 24 bases militaires illégales et de 4 points de présence sur le territoire syrien. La plupart sont situés dans l'est du désert syrien. Les bases déployées dans les gouvernorats de Hassaké, Deir Ezzor et dans le désert (Badiat) syrien comprennent environ 3000 soldats ou plus, alors que les rapports précédents soumis à l'ancien président Donald Trump indiquaient que le nombre n'était que de 503 soldats.

Avant le déclenchement de la guerre, en 2010, la Syrie vendait plus de 350 000 barils de pétrole par jour : la part des champs Ramelan était proche de 100 000 barils par jour, tandis que la production du champ pétrolier Omar atteignait les 30 000 barils par jour, souligne-t-on.

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