par Normand Bibeau et Robert Bibeau
Il y a quelques jours nous avons publié un article de l'économiste Michael Hudson intitulé : « Les menaces douanières de Trump pourraient déstabiliser l'économie mondiale (Hudson)» - Les 7 du Québec, article que l'auteur résume ainsi :
«Les politiques protectionnistes de Trump menacent de déséquilibrer radicalement la balance des paiements et les taux de change dans le monde entier, empêchant les pays débiteurs de gagner les dollars nécessaires pour payer leurs dettes extérieures. Cela rend une rupture financière inévitable».
L'économiste de gauche se chagrine du fait que la politique économique de la superpuissance impérialiste américaine n'atteindra pas les objectifs escomptés, mais, au contraire, qu'elle empêchera les débiteurs, très souvent des pays pauvres, mais pas seulement, de s'acquitter de leurs emprunts contractés en dollars américains aux cartels financiers.
Analysons la problématique économique et politique américaine telles que révélées par Michael Hudson. Il est sidérant de constater que le monde médiatique confond la proie et son ombre et panique à la pensée que Trump va précipiter dans une spirale inflationniste sans précédent sa propre économie, car au final qui va payer les surtaxes de 25% qu'il entend imposer aux produits importés ? Les consommateurs américains eux-mêmes à moins qu'ils se privent des biens surtaxés jusqu'à ce que l'économie domestique puisse les produire, dans un laps de temps de plusieurs mois, voire de plusieurs années, voire jamais.
La propagande capitaliste a atteint un tel degré de schizophrénie qu'elle propage les élucubrations de Trump qui terrorise les populaces les invitant à se faire hara-kiri en augmentant leurs propres coûts d'achat par l'imposition de surtaxes, provoquant une hyperinflation sur les marchés domestiques.
Selon cette rhétorique démentielle, les 773 milliards (2023) de déficits annuels de la balance commerciale américaine, dont 270 milliards avec la Chine seulement ; 214 milliards de dollars avec l'Union européenne ; 157 Md$ avec le Mexique ; 113 Md$ avec le Vietnam ; 7,2 Md$ avec le Canada, pour ne citer que les principaux créanciers des États-Unis surendettés, ne seraient que des dépenses discrétionnaires superflues.
La population américaine est endettée de 4750 milliards de dollars, il, s'agit d'un record historique, auquel s'ajoute la dette étatique souveraine de 34 600 milliards de dollars soit plus de 120% du PIB pour atteindre 98 000 dollars U$ pour chaque homme, femme et enfant américain. Cette dette individuelle qui n'était que de 13 000 dollars U$ en 1990, a augmenté de 85 000 dollars, soit 6,53 fois en 33 ans.
Hormis les médias bourgeois, propriétés des milliardaires et leurs analystes stipendiés qui donc croit et qui propage le discours démagogique de Trump à l'effet que les consommateurs américains n'ont pas besoin des produits qu'ils importent massivement ?
Tous les vêtements, appareils ménagers, cellulaires, ordinateurs, téléviseurs, radio, système de son, en somme, l'immense majorité des biens durables achetés aux USA en provenance de Chine, d'Asie, d'Amérique du Sud, du Canada seraient des biens superflus dont Trump veut priver les consommateurs de la «patrie américaine» d'ici à ce que l'industrie «patriotique Yankee» puisse les produire c'est-à-dire dans plusieurs mois, voire des années, voire jamais... jamais à un prix compétitif par rapport aux concurrents asiatiques ou latinos.
Le capital mondialiste n'a pas de patrie,
Le prolétariat internationaliste lui non plus !
C'est ici que se situe l'arnaque du Capital mondialisé que Michael Hudson ne perçoit pas. Si le capital en général n'a pas de patrie, chaque capitaliste milliardaire ou millionnaire réside dans un pays, dans un État-nation à son service, et où se situe ses usines, ses entrepôts, ses ateliers, ses bureaux, ses moyens de transport et sa force de travail. La clique de Trump, comme chaque clique dirigeante nationale que ce soit en France, en Allemagne, au Canada, au Mexique, en Russie, en Chine, ou en Inde, développe et propage une rhétorique nationaliste chauvine, ethnique et raciste pour la défense des soi-disant intérêts communs à la nation... à la patrie... en fait, pour la défense des intérêts du Capital.
Ainsi, quand un consommateur américain se privera d'un téléphone vietnamien à bas prix, ou d'une voiture électrique chinoise deux fois moins coûteuse qu'une Tesla, ou qu'il ne parviendra plus à boucler son budget mensuel à cause du prix exorbitant des aliments, on lui fera croire qu'il est un «soldat consommateur patriote» au service de sa communauté et de sa «race», au service de sa «patrie» et pour le bénéfice d'une clique de riches planqués... le soldat consommateur sera bientôt conscrit pour la guerre «patriotique» des capitalistes fascistes à venir. Souvenez-vous de la Première et de la Seconde Guerre mondiale.
Ainsi, quand les citoyens de la plupart des pays seront privés des services médicaux élémentaires, des services éducatifs de base, des services de transport en commun et des services sociaux nécessaires, parce que l'État ne parviendra plus à rembourser les emprunts contractés en dollars américains soudainement devenus rarissimes, les médias à la solde proclameront que :
«Les politiques protectionnistes de Trump menacent de déséquilibrer radicalement la balance des paiements et les taux de change dans le monde entier, empêchant les pays débiteurs de gagner les dollars nécessaires pour rembourser leurs dettes extérieures».
L'État national débiteur fera appel à la fierté patriotique de ses citoyens, pour accomplir de plus grands sacrifices afin de rembourser l'argent inflationniste emprunté aux milliardaires mondialistes apatrides.
Le Capital mondialiste n'a pas de patrie, le prolétariat internationaliste n'a pas de patrie, lui non plus. Nous ne ferons pas la guerre patriotique pour défendre les intérêts des capitalistes mondialistes.
Normand Bibeau - Robert Bibeau
source : Les 7 du Québec