25/07/2025 lesakerfrancophone.fr  8min #285233

 Volodymyr Zelensky accusé de dérive autoritaire après des raids contre ses opposants

Ukraine. La marche arrière de Zelenski montre une faiblesse qui lui sera fatale

Par  Moon of Alabama - Le 24 juillet 2025

Il y a deux jours, l'(ancien) président ukrainien Vladimir Zelenski a démantelé « l'indépendance » des organisations spécialisées de police (NABU) et judiciaires (SAPO) censées lutter contre la corruption de haut niveau.

Il a fallu moins de 24 heures à compter de l'introduction de la loi pour qu'elle soit adoptée par le Parlement et signée par le président. Le NABU et le SAPO sont maintenant sous le contrôle du procureur général qui est sous le contrôle direct de la présidence.

Il n'y a pas encore de réponse claire quant à la raison pour laquelle Zelenski a décidé de faire cela maintenant.

Le NABU venait tout juste  de publier des allégations de corruption contre le vice-premier ministre de l'époque, Oleksiy Chernyshov, une personne proche de Zelenski. Il y a des rumeurs selon lesquelles le NABU se préparait à publier des accusations contre d'autres membres du cercle restreint de Zelenski.

Certains spéculent que le NABU devait être utilisé pour empêcher Zelenski de faire des concessions à la Russie. D'autres spéculent que le NABU devait être contrôlé parce qu'il était utilisé pour faire pression sur Zelenski en faveur d'un plan de paix.

Quoi qu'il en soit, Zelenski espérait sans doute que les États-Unis ne réagiraient pas à cette décision. Le NABU et le SAPO ont été créés à la demande du vice-président de l'époque, Joe Biden, et ont joué un rôle dans les allégations dites Russiagate contre Donald Trump. Biden avait utilisé le NABU et des accusations de corruption pour contrôler la politique à Kiev. Zelenski pensait peut-être que l'Union européenne ne protesterait pas parce que cela mettrait en danger ses efforts pour utiliser l'Ukraine pour combattre la Russie.

Ces calculs  étaient erronés ( archivé):

Les soutiens occidentaux de l'Ukraine se sont précipités pour tenter de persuader Zelensky de changer de cap. Le président français Emmanuel Macron et le président du Conseil européen António Costa lui ont téléphoné mardi dans un ultime effort pour le dissuader, selon des personnes proches du dossier.

Les ambassadeurs du G7 à Kiev ont également exhorté à réévaluer cette décision lors d'une réunion cet après-midi-là, avec Kravchenko et le chef de l'espionnage ukrainien Vasyl Malyuk, qui tentaient d'apaiser les préoccupations occidentales.

Les envoyés se sont retrouvés confinés dans une pièce sans téléphone pendant plus de deux heures, ce qu'un diplomate a décrit comme un effort pour les "faire taire" et les empêcher d'informer leurs gouvernements des événements qui se déroulaient rapidement à Kiev.

Mardi soir, des manifestations ont éclaté à Kiev.

Mercredi, Zelenski a commis l'énorme erreur  de faire marche arrière :

Volodymyr Zelensky a semblé revenir sur sa réforme controversée de la corruption dans le but de mettre fin aux manifestations en Ukraine.

Le président a déclaré qu'il avait "entendu ce que les gens disent" et a décidé de proposer un nouveau projet de loi au Parlement dans deux semaines.

"Très important, toutes les normes d'indépendance des institutions de lutte contre la corruption seront incluses", a-t-il déclaré.

Pour un homme fort, faire des concessions et montrer ainsi sa faiblesse est fatal.

Malgré l'apparent recul, des milliers de personnes sont encore descendues dans les rues de Kiev pour une manifestation à grande échelle mercredi soir, peu de temps après la déclaration du président.

Certains manifestants ont déclaré qu'ils pensaient que la tentative du président de répondre aux critiques de la réforme n'allait pas assez loin.

L'UE a publié son désaccord :

Plus tôt mercredi, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, "a fait part de ses vives inquiétudes" au sujet de cette loi, a déclaré son porte-parole.

Les chefs bruxellois ont averti que la législation initiale de M. Zelensky mettait en danger à la fois l'approvisionnement en aide et l'entrée éventuelle de l'Ukraine dans l'Union européenne.

Les médias occidentaux, qui ont été de fervents partisans de Zelenski, ont soudainement changé de cap.

 The Spectator a qualifié de désastre la guerre de Zelensky contre les agences ukrainiennes de lutte contre la corruption.  The Economist parle d'une erreur stratégique ( archivé).  The Telegraph demande à Zelenski de démissionner.

Les manifestations et le changement d'humeur médiatique  ne sont que le début d'une tempête qui se prépare depuis un certain temps (traduction automatique):

L'hésitation de Zelensky a changé la donne.

Il est évident maintenant que les manifestations se poursuivront et, très probablement, de nouvelles forces y seront impliquées. Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas satisfaits de Zelensky dans le pays, y compris ceux qui sont confrontés à la perspective d'une perte totale d'activité et d'aller en prison si le pouvoir dans le pays ne change pas. Par exemple, Ihor Kolomoisky, dont les médias sont de plus en plus négatifs à l'égard des reportages des autorités sur les manifestations. D'autres oligarques et simplement de grands hommes d'affaires ne sont clairement pas à l'aise avec leur situation de dépendance totale à l'égard de Zelensky et la crainte constante qu'ils puissent être envoyés en prison à tout moment. Et il y a aussi ceux dont les entreprises ont été confisquées par les forces de sécurité, des affaires pénales ont été fabriquées, certains ont été jetés dans des centres de détention provisoire et des sanctions ont été imposées.

En général, de nombreuses personnes peuvent utiliser leurs ressources pour rejoindre le mouvement anti-vert. De plus, ceux qui ne sont pas satisfaits de la mobilisation forcée ou les proches de ceux qui ont été mobilisés peuvent également se joindre aux manifestations (ou organiser leurs propres actions). En général, la désillusion à l'égard du gouvernement et de Zelensky personnellement grandit dans la société depuis longtemps, tout comme le potentiel de protestation. Mais elle a été empêchée de se répandre par la croyance répandue qu'il est impossible de manifester en temps de guerre. Les actions du jour ont montré que c'est possible. Par conséquent, il est possible que maintenant les manifestations se multiplient et à diverses occasions.

D'autres mauvaises nouvelles pour Zelenski :

Selon les sources de Strana dans les milieux autorisés, les organisateurs des manifestations prévoient de publier dans les médias, dans un proche avenir, un certain nombre d'affaires de corruption particulièrement impressionnantes sur lesquelles le NABU a enquêté contre le cercle restreint et les hauts responsables de Zelensky. Et la tâche numéro un est d'encourager les militaires à se joindre aux manifestations. Si cela réussit, la situation de Zelensky deviendra vraiment menacée.

Tout cette histoire déstabilise déjà la situation intérieure en Ukraine. Quel que soit le résultat, il est peu probable que cela signifie la paix :

Quant à la démission de Zelensky, elle ne signifiera pas en soi un changement radical de la situation. Bien que des théories du complot se répandent déjà selon lesquelles tout ce qui se passe est la mise en œuvre du plan de l'Occident visant à renverser Zelensky afin de mettre fin à la guerre, le départ de l'actuel président de son poste n'équivaut pas à mettre fin à la guerre. Cela ne peut se produire que si Vladimir Poutine est prêt à conclure une trêve avec le remplaçant de Zelensky, abandonnant ses exigences actuelles telles que le transfert du contrôle sur quatre régions et la réduction des forces armées ukrainiennes. Aucun des représentants de l'élite ukrainienne actuelle, y compris les opposants de Zelensky, n'a l'intention de répondre à ces exigences. Tout comme personne en Occident ne veut les encourager à le faire.

Les choses pourraient cependant changer si l'armée ukrainienne s'effondrait.

La situation sur le champ de bataille est désastreuse. Il y a à nouveau une énorme pénurie de munitions d'artillerie. Le manque d'infanterie a conduit à des lignes de front qui s'enfuient. Au cours des derniers jours, des groupes de reconnaissance de sabotage russes (DRG) s e battaient à Pokrovsk alors même que la ligne de front officielle était encore à des kilomètres de la ville. Une poussée russe vers le nord du renflement entre Pokrovsk et Konstantinivka  a parcouru plusieurs kilomètres avant de rencontrer une faible résistance. Elle menace de couper l'approvisionnement des deux villes.

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La chute de ces deux villes dans les prochaines semaines semble probable.

Pendant ce temps, les frappes massives de drones et de missiles russes continuent de menacer les installations industrielles et de transport loin de la ligne de front.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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