15/12/2025 ssofidelis.substack.com  6min #299060

Un char israélien écrase un enfant blessé, témoignant des pratiques barbares en vigueur à Gaza

Zaher Nasser Shamia, 16 ans, originaire du camp de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza.

Par  Euro-Med Human Rights Monitor, le 11 décembre 2025

Territoires palestiniens - Un engin militaire israélien a délibérément écrasé un enfant palestinien blessé, le coupant en deux alors qu'il était encore en vie, après avoir tiré sur lui et avoir empêché les secours médicaux de lui venir en aide. Ce meurtre délibéré reflète une extrême barbarie et s'inscrit dans le cadre de la politique israélienne visant les civils palestiniens en tant que groupe national dans la bande de Gaza, dans le contexte plus large d'un génocide qui dure depuis deux ans.

L'équipe de terrain d'Euro-Med Human Rights Monitor a documenté les blessures infligées par les forces israéliennes à Zaher Nasser Shamia, 16 ans, du camp de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, dans l'après-midi du mercredi 10 décembre 2025.

L'enfant blessé gisait dans son sang, sans pouvoir être secouru en raison des tirs incessants. Quelques minutes plus tard, un char militaire s'est approché et l'a délibérément écrasé alors qu'il était encore vivant, coupant son corps en deux et le mettant en pièces.

Dans son témoignage à Euro-Med Monitor, l'oncle de l'enfant a déclaré qu'il se trouvait près du Jabalia Services Club, à environ 50 mètres de la ligne jaune, lorsque des véhicules de l'armée israélienne sont arrivés vers 9 heures du matin près des cubes de béton jaunes, sous un feu nourri. Zaher est resté dans le camp jusqu'à ce qu'un ami lui dise que l'armée s'était retirée de la ligne jaune. Il s'est alors dirigé avec un groupe d'amis vers les cubes de béton. Alors qu'il arrivait au milieu de la rue al-Hadad, les forces israéliennes l'ont pris pour cible, probablement à partir d'un drone quadricoptère, le touchant à la tête, selon des témoins oculaires. On l'a vu bouger la tête avant que ses amis ne prennent la fuite, le laissant gisant à terre.

L'oncle de l'enfant a déclaré que les forces israéliennes ont ensuite tiré des bombes fumigènes et avancé vers l'endroit où se trouvait Zaher. Les soldats sont descendus de leurs véhicules et des bulldozers militaires sont arrivés pour dresser une sorte de talus devant les blocs de ciment jaunes. C'est là qu'un des engins a délibérément écrasé le corps de Zaher gisant à terre, le mettant en pièces. Ses amis ont ensuite pu rassembler les restes du corps pour les transporter à l'hôpital Al-Shifa.

La pratique récurrente de l'armée israélienne consistant à écraser des Palestiniens, vivants ou blessés, avec des chars et des bulldozers, est loin d'être une série d'incidents isolés, mais au contraire l'une des formes les plus barbares de meurtres délibérés commis ces deux dernières années. Elle s'inscrit dans une politique délibérée visant à déshumaniser les Palestiniens et à leur infliger une terreur physique et psychologique, et fait partie intégrante du génocide perpétré contre la population palestinienne dans la bande de Gaza.

Euro-Med Monitor a également documenté le meurtre par l'armée israélienne de Jamal Hamdi Hassan Ashour, un Palestinien de 62 ans, délibérément écrasé dans le quartier de Zeitoun, au sud-est de la ville de Gaza, le 29 février 2024. Des témoignages ont confirmé que des soldats l'ont d'abord arrêté, lui ont lié les mains avec des attaches en plastique et l'ont interrogé avant de l'écraser avec un véhicule blindé, broyant d'abord la partie inférieure de son corps, puis la partie supérieure.

Un autre crime multiple a été documenté le 27 juin 2024, lorsque les troupes israéliennes ont attaqué une famille composée d'une mère âgée et de ses quatre enfants, dont trois filles et une petite-fille âgée d'à peine un an et demi, dans le quartier de Shuja'iyya, à l'est de la ville de Gaza. Les soldats ont pris la maison d'assaut, tirant à balles réelles et lançant des grenades pour forcer la famille à sortir. Ils ont ensuite détenu les membres de la famille blessés dans et autour de chars pendant plus de trois heures dans une zone de combat active, les utilisant comme boucliers humains. Un char a ensuite écrasé la mère, Safiya Hassan Musa al Jamal, âgée de 65 ans, alors qu'elle était encore en vie et devant son fils, la tuant dans des circonstances particulièrement atroces.

Le 23 janvier 2024, Euro-Med Monitor a documenté le passage d'un char israélien sur une caravane servant d'abri temporaire dans le quartier de Tayba Towers à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, alors que les membres de la famille Ghannam dormaient à l'intérieur. L'attaque a tué le père et sa fille aînée et blessé sa femme et trois autres enfants.

Le 16 décembre 2023, des chars et des bulldozers israéliens ont écrasé des personnes déplacées réfugiées dans des tentes dans la cour de l'hôpital Kamal Adwan à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, tuant plusieurs personnes, dont des patients blessés qui recevaient des soins. Les engins ont également détruit des tombes et écrasé les dépouilles enterrées dans une partie de la cour.

Tuer des Palestiniens en les écrasant avec des engins militaires lourds est l'une des méthodes les plus barbares utilisées par l'armée israélienne, preuve d'un mépris total pour la vie et la dignité des victimes. Cette pratique témoigne d'une volonté de détruire les Palestiniens en tant que groupe national à Gaza, renforcée par des incitations publiques répétés à les exterminer et par l'impunité dont jouissent les auteurs de ces crimes en l'absence de véritables voies de recours pour les traduire en justice tous niveaux confondus.

Malgré l'accord de cessez-le-feu du 10 octobre 2025, Israël continue de tuer des civils palestiniens via des bombardements aériens et d'artillerie, et de tirs directs, faisant 389 morts et environ 1 000 blessés parmi les civils depuis l'entrée en vigueur de la trêve. Ce schéma constitue l'une des dimensions du génocide en cours dans la bande de Gaza.

Ces tueries incessantes s'accompagnent du maintien délibéré de conditions de vie létales pour des centaines de milliers de personnes déplacées, notamment en empêchant d'acheminer l'aide humanitaire et les produits de première nécessité, en bloquant la reconstruction et en laissant les populations exposées au froid, aux maladies et à un effondrement des services de santé. L'ensemble de ces actions traduit une politique destinée à détruire, en tout ou en partie, la population palestinienne de la bande de Gaza.

Le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale doit accorder une priorité particulière à l'enquête sur les meurtres et les attaques généralisés contre la population civile palestinienne dans la bande de Gaza, y compris le meurtre d'enfants, le traitement des blessés et des personnes déplacées, et les conditions de vie extrêmes imposées dans le cadre du crime de génocide et d'autres crimes relevant de la compétence de la Cour. Il doit également s'efforcer de déterminer la responsabilité individuelle au plus haut niveau militaire et politique.

Les États reconnaissant la compétence universelle doivent ouvrir des enquêtes pénales sur les incidents documentés d'attaques à la voiture bélier, d'assassinats délibérés et d'autres violations graves commises contre des Palestiniens dans la bande de Gaza, et poursuivre tous ceux dont la responsabilité est suffisamment documentée, indépendamment de leur nationalité ou de leur fonction officielle.

Les États parties à la Convention sur le génocide, ainsi que d'autres États influents, doivent prendre des mesures concrètes et immédiates pour prévenir la poursuite du génocide à Gaza, notamment en mettant fin aux livraisons d'armes et au soutien militaire à Israël, utilisées pour commettre les violations, et en réexaminant la coopération politique et sécuritaire existante, conformément à leur obligation de prévenir le génocide et de ne pas y contribuer.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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