© TASS
Des porcs élevés en environnement contrôlé, similaires à ceux que la start-up japonaise PorMedTec prévoit de cloner pour produire des organes destinés à la transplantation humaine.
Une ferme japonaise destinée à produire des organes pour les greffes humaines ouvrira en 2027. Chaque année, une centaine de porcs clonés, modifiés pour éviter le rejet immunitaire, y seront élevés. C'est le projet de la start-up PorMedTec, en lien avec l'américaine eGenesis, selon les informations publiées par Nikkei Asia.
Le Japon se prépare à franchir une étape majeure dans le domaine de la médecine régénérative. D'après un article de Nikkei Asia, publié le 23 octobre 2025, la start-up japonaise PorMedTec prévoit d'ouvrir d'ici 2027 une ferme spécialisée dans l'élevage de porcs clonés à Osaka. L'objectif : produire des organes compatibles pour les greffes humaines.
PorMedTec est un projet lancé en 2017 par l'université Meiji à Tokyo. La société travaillera en partenariat avec l'entreprise américaine de biotechnologie eGenesis, connue pour ses travaux dans la création d'animaux génétiquement modifiés pour des usages médicaux. Ensemble, elles utiliseront des cellules de porcs ordinaires, génétiquement modifiées pour réduire le risque de rejet immunitaire, afin de créer des clones destinés à la transplantation.
La future ferme d'Osaka accueillera environ 100 porcs par an. Ces animaux seront surveillés par des caméras dotées d'intelligence artificielle, capables de suivre leur température corporelle et d'autres indicateurs biologiques. Une fois la taille optimale atteinte, les porcs seront transportés vers des établissements médicaux pour l'extraction des organes.
Vers une réponse à la pénurie mondiale de donneurs
Selon Nikkei Asia, cette initiative répond à une pénurie chronique de donneurs humains. Les organes de porc, proches en taille et structure de ceux de l'homme, représentent une alternative crédible pour sauver des vies. La technique utilisée, appelée xénogreffe, consiste à transplanter des organes d'animaux vers des humains.
Aux États-Unis, ce domaine est en plein développement. En septembre 2025, la société eGenesis a annoncé qu'un patient greffé avec un rein de porc génétiquement modifié avait survécu plus de sept mois sans recours à la dialyse - un record mondial. En novembre 2024, PorMedTec avait déjà réalisé une greffe de rein de porc sur un singe au Japon, une première dans le pays. L'université d'Osaka prévoit aussi de mener des essais de greffes cardiaques sur des primates.
Un projet sous étroite surveillance réglementaire
Nikkei Asia précise que la construction de l'installation débutera l'année prochaine. Les normes d'hygiène y seront strictes, avec des systèmes pour réduire au minimum les contacts humains-animaux. La qualité de l'air sera contrôlée par des filtres de haute performance.
Bien que le Japon dispose de réglementations strictes pour les médicaments et la médecine régénérative, aucun cadre juridique clair n'encadre encore la production d'animaux destinés à des usages médicaux. Les responsables du projet doivent donc coopérer étroitement avec le ministère de la Santé pour développer des normes adaptées.
Des préoccupations demeurent, notamment sur la transmission potentielle de maladies porcines aux patients et sur les implications éthiques liées à l'utilisation d'animaux pour produire des organes. Mais pour les initiateurs du projet, l'objectif reste clair : réduire la pression sur les systèmes de santé et offrir une nouvelle chance à des milliers de patients en attente d'un organe. Comme l'a déclaré le professeur Hisashi Sahara de l'université de Kagoshima dans Nikkei Asia : « La médecine de transplantation pourrait devenir une procédure planifiée, réduisant la charge pour les professionnels de santé ».