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Victoire sans appel de la Russie à Pokrovsk à la veille du sommet Poutine-Witkoff pour la paix

© AFP/Getty Images

Par  Tyler Durden pour ZeroHedge, le 1er décembre 2025

Lundi, la Russie a officiellement annoncé que ses troupes ont pris le contrôle de la ville de Pokrovsk, dans l'est de l'Ukraine, un centre logistique militaire stratégique âprement disputé, ainsi que de la ville de Vovchansk, au nord-est.

La prise de Pokrovsk par les Russes était considérée comme inévitable, après la diffusion il y a plusieurs semaines d'images montrant des soldats russes patrouillant librement dans un quartier sud de la ville, qui comptait 60 000 habitants avant la guerre.

Dimanche, le chef d'état-major russe Valery Gerasimov a

"informé le président Vladimir Poutine de la libération des villes de Krasnoarmeysk et Vovchansk",

selon le communiqué du Kremlin  publié initialement lundi sur Telegram. Krasnoarmeysk désigne Pokrovsk en russe.

Pokrovsk est depuis longtemps considérée comme le point d'entrée stratégique majeur pour contrôler tout l'est de l'Ukraine. Si des doutes subsistaient quant à la domination militaire de la Russie le long des lignes de front, la prise de Pokrovsk les a dissipés. Les médias russes célèbrent l'événement.

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RT  écrit à propos de cet événement majeur :

"Le ministère russe de la Défense a publié des images de ses effectifs opérant sur la ligne de front dans le centre logistique clé de Krasnoarmeysk, dans la République populaire de Donetsk, en Russie".

"La ville, connue sous le nom de Pokrovsk en Ukraine, ainsi que Volchansk dans la région de Kharkov, ont été entièrement libérées par les forces russes lundi, a déclaré le chef d'état-major russe, Valery Gerasimov, au président Vladimir Poutine lors d'une visite à un poste de commandement le 30 novembre".

Le reportage des médias d'État poursuit :

"Les images non retouchées fournies par le ministère de la Défense montrent des soldats du Centre de commandement interarmées russe parcourir les rues de Krasnoarmeysk et inspecter les bâtiments".

Les troupes russes ont pris la ville quartier par quartier au cours du mois dernier, et le moment choisi par le Kremlin pour annoncer sa "libération" est sans aucun doute intentionnel et stratégique. L'envoyé de Trump, Steve Witkoff, doit rencontrer le président Poutine mardi. Il présentera un plan de paix révisé, soutenu par Trump, après la réunion de dimanche avec la délégation ukrainienne à Miami, alors que les lignes de défense ukrainiennes s'effondrent dans des secteurs clés.

Pour rappel, tous ces développements sur le champ de bataille s'enchaînent très rapidement, alors que Kiev traverse la pire crise politique de la guerre et que le gouvernement Zelensky peine à s'unifier et à "rester cohérent", dans un contexte également marqué par un scandale de corruption et une enquête de grande envergure particulièrement embarrassante.

Les deux parties sont restées assez vagues dans leurs commentaires à l'issue de la rencontre, dimanche à Miami, entre les délégations américaine et ukrainienne, consacrée à un éventuel accord de paix pour mettre fin à la guerre avec la Russie. L'un des délégués ukrainiens a qualifié la rencontre d'"animée, mais pas négative". Selon Axios,

"après une heure de discussion informelle, la réunion a été réduite à trois responsables ukrainiens et américains, et seules les questions relatives au contrôle territorial ont été abordées".

La délégation américaine, menée par le secrétaire d'État Marco Rubio, a simplement fait savoir "qu'il reste encore beaucoup à faire" et qu'un dialogue plus approfondi avec la Russie est nécessaire, alors que Steve Witkoff s'apprête à se rendre à Moscou cette semaine pour rencontrer le président Vladimir Poutine. Jared Kushner, le gendre du président Trump, a également participé aux discussions, bien qu'il ne soit pas officiellement mandaté par l'administration Trump. Axios rapporte certains des détails recueillis jusqu'à présent  comme suit :

"Les négociations entre les États-Unis et l'Ukraine dimanche ont porté sur le tracé de la frontière de facto avec la Russie dans le cadre d'un accord de paix, ont déclaré deux responsables ukrainiens à Axios. Ils ont qualifié la réunion de cinq heures de"difficile"et"intense", mais productive".

Rubio  a déclaré à l'issue de la réunion :

"Nous avons eu une autre session très productive, dans le prolongement de la rencontre de Genève et des événements de la semaine. Comme je vous l'ai dit plus tôt ce matin, notre objectif ici est de mettre fin à la guerre, mais pas uniquement. Nous ne voulons pas seulement mettre fin à la guerre. Nous voulons également veiller à la sécurité définitive de l'Ukraine, afin qu'elle ne soit plus jamais confrontée à une autre invasion".

Il fait vraisemblablement allusion aux garanties de sécurité décrites dans le plan proposé par Trump, de type article 5, un dispositif que Moscou pourrait rejeter si ellesl impliquent une potentielle intervention militaire de l'OTAN.

À ce stade, Rubio continue de mettre l'accent sur la nécessité de

"préparer le terrain. Ce sur quoi nous travaillons aujourd'hui est d'ordre global. Il ne s'agit pas seulement des conditions devant mettre fin aux combats. Il s'agit notamment des conditions permettant à l'Ukraine de connaître une prospérité sur le long terme. Je pense vraiment que nous avons fait un premier pas dans cette direction à Genève", a-t-il déclaré.

Interrogé sur le positionnement du gouvernement Zelensky, il a reconnu que

"le consensus semble clair : il ne s'agit pas seulement de mettre fin à la guerre, qui est une priorité absolue. Il s'agit également d'assurer l'avenir de l'Ukraine, un avenir que nous espérons plus prospère que jamais".

Malgré le flou qui caractérise habituellement les commentaires post-réunion, Rubio a tout de même souligné que des progrès ont été réalisés.

"Je pense que les progrès sont réels, et nous restons réalistes quant au défi à relever, tout en restant optimistes, notamment eu égard aux progrès accomplis", a-t-il déclaré.

Toutefois, une question clé demeure : dans quelle mesure les Ukrainiens souhaitent-ils réellement faire des concessions territoriales dans le Donbass et en Crimée ?

La délégation ukrainienne était dirigée par Rustem Umerov, secrétaire du Conseil national de sécurité ukrainien, après le départ d'Andriy Yermak, principal conseiller et négociateur en chef de Zelensky jusqu'à vendredi, à la suite d'une perquisition policière à son domicile par des enquêteurs anticorruption. Il a depuis confirmé publiquement s'être rendu sur le front. Certains disent qu'il cherche à échapper aux enquêteurs dans une zone sous contrôle militaire.

Selon Umerov après la réunion,

"Nous tenons une nouvelle fois à remercier le peuple américain, ses dirigeants et l'équipe formidable composée du secrétaire d'État Rubio, de Steve Witkoff et de Jared Kushner pour leur travail remarquable. Notre objectif est de faire de l'Ukraine un pays prospère et solide. Nous avons longuement discuté de l'avenir de l'Ukraine".

Il a ajouté, sans entrer dans les détails :

"Nous avons avancé. La réunion de Genève a déjà été fructueuse, et nous poursuivons aujourd'hui sur cette lancée. Pour l'instant, on peut dire que ce rendez-vous a été productif et fructueux".

Les concessions territoriales et les garanties de sécurité sont donc les principaux points d'achoppement. De nombreux analystes affirment désormais qu'Umerov est aux commandes et que la vision du président Trump pour mettre fin à la guerre est plus facilement réalisable, depuis que Yermak a été écarté.

Selon les responsables américains, Witkoff devrait présenter des documents actualisés au président Poutine lors de leur prochaine rencontre, intégrant les dernières discussions et révisions discutées avec Kiev et les dirigeants européens.

Pourtant, la partie ukrainienne n'a pas semblé satisfaite, à en juger par les quelques photos prises au début de la réunion. L'administration Trump est clairement aux commandes et l'Europe n'est toujours pas à la table des négociations. L'explication probable est que les États-Unis savent que le temps presse sur le front, où, comme le souligne Moon of Alabama,

" l'armée ukrainienne s'effondre. Pokrovsk a été encerclée et occupée depuis une semaine. Mais Zelensky et d'autres continuent d'affirmer que l'Ukraine gagne cette bataille".

Moon of Alabama  poursuit :

"Alors que l'armée ukrainienne implose et que ses soldats  désertent massivement uient leurs positions, d'autres villes, comme Huleipole et Siversk, sont sur le point de tomber.

"L'Ukraine n'a aucune chance de gagner la guerre. Plus la guerre se prolonge, plus lourdes seront les pertes de l'Ukraine.

"Le rejet du plan de paix de 28 points de Trump est une illusion totale, comme l'a  souligné la haute représentante européenne pour les affaires étrangères, Kaja Kallas : 'Nous en sommes encore au stade où la Russie fait semblant de négocier, et nous devons faire en sorte qu'elle soit contrainte de négocier'".

Et Moon of Alabama d'ironiser :

"Bien sûr. Et comment ? Après 19 séries de sanctions de l'UE contre la Russie, c'est peut-être la 20è qui sera la bonne ?"

Ci-dessous, retrouvez d'autres informations et développements de lundi matin via Newsquawk.

  • Le Kremlin a déclaré que le président Vladimir Poutine doit rencontrer l'envoyé américain Witkoff mardi. Concernant l'évolution du processus de paix entre la Russie et l'Ukraine, le Kremlin a ajouté qu'il ne se prêtera pas à une diplomatie médiatique.
  • Le président ukrainien Zelensky a déclaré qu'une délégation dirigée par le chef du Conseil de sécurité s'est rendue aux États-Unis pour négocier, tandis que Zelensky doit également rencontrer le président français Macron à Paris lundi.
  • Les négociations entre les États-Unis et l'Ukraine, dimanche, ont porté sur le tracé de la frontière de facto avec la Russie dans le cadre du processus de paix. Selon deux responsables ukrainiens cités par Axios, cette réunion de cinq heures a été difficile, intense, mais productive.
  • Le secrétaire d'État américain a qualifié la réunion avec les Ukrainiens de très productive, mais souligne l'importance de poursuivre les négociations. Il a ajouté que son pays est en contact, sous diverses formes, avec la partie russe.
  • Le premier vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères a déclaré que les pourparlers de paix avec les États-Unis se sont déroulés dans une atmosphère cordiale, propice à une issue positive.
  • L'armée ukrainienne a bombardé la raffinerie de pétrole russe d'Afipsky, tandis que des drones maritimes ukrainiens auraient également attaqué, vendredi, deux pétroliers battant pavillon gambien au large des côtes turques. Ces navires appartiendraient à la prétendue "flotte fantôme" russe que Moscou utiliserait pour contourner les sanctions occidentales.
  • Les forces russes ont quant à elles mené une attaque massive contre des installations militaires, industrielles et énergétiques ukrainiennes.
  • Suite à l'attaque de drones ukrainiens contre le terminal CPC de la mer Noire, le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que les infrastructures énergétiques civiles attaquées sont essentielles pour la sécurité énergétique mondiale et n'ont jamais fait l'objet de sanctions ou de restrictions, tout en condamnant fermement ces "attaques terroristes" contre le terminal et les pétroliers.
  • Selon son plus haut responsable militaire, l'amiral Giuseppe Cavo Dragone, cité par le Financial Times, l'OTAN envisagerait désormais d'adopter une "approche plus agressive" pour répondre aux cyberattaques, aux sabotages et aux violations de l'espace aérien russes.
  • Selon un récent rapport de Bloomberg, l'OTAN se préparerait à un scénario de confrontation avec la Russie, avec un soutien limité des États-Unis. L'article cite des manœuvres militaires en Transylvanie où des soldats européens auraient démontré leur capacité à défendre le continent sans le soutien des États-Unis, le président Trump ayant drastiquement réduit les contingents américains en Europe.

L'opinion publique est peu optimiste quant à la probabilité d'une paix imminente d'ici la fin de l'année.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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