29/05/2022 reseauinternational.net  5min #209104

 La Hongrie déclare l'état d'urgence alors que «le monde est au bord d'une crise économique»

Viktor Orbán décrète l'état de risque de guerre et taxe les multinationales

par Strategika.

Le Premier ministre hongrois n'a pas perdu de temps. À peine la réforme constitutionnelle le permettant était-elle actée - par le vote du parlement en début d'après-midi et par la signature de la présidente, Katalin Novák, peu après -, ce mardi 24 mai, que Viktor Orbán annonçait -  dans une vidéo publiée sur Facebook - qu'il allait décréter l'état d'urgence pour cause de guerre en Ukraine.

La guerre en Ukraine menace la sécurité physique, énergétique et financière de la Hongrie

« Nous n'avons pas perdu une minute car une guerre se déroule à nos portes.... Une guerre dont personne ne voit encore la fin....  La Hongrie doit rester en dehors de cette guerre.

[... Celle-ci] met en danger notre sécurité physique et menace la sécurité énergétique et financière de notre économie et de nos familles.... Nous constatons que la guerre et les sanctions de Bruxelles ont entraîné d'énormes bouleversements économiques et des hausses de prix. Le monde est au bord d'une crise économique. [... C'est pourquoi] le gouvernement va déclarer l'état de risque de guerre à partir de mardi minuit ». Révision constitutionnelle adoptée dans l'après-midi

En effet, la modification constitutionnelle adoptée ce mardi par les députés hongrois (par 136 voix contre 36), stipule en effet qu'en « cas de conflit armé, de guerre ou de catastrophe humanitaire dans un pays voisin, ainsi qu'en cas de catastrophe naturelle ou d'accident industriel menaçant la sécurité des personnes et des biens, et afin d'en éviter les conséquences, le gouvernement peut déclarer l'état d'urgence et introduire des mesures extraordinaires prévues par une loi cadre » qui permet au gouvernement de « prendre [des] décret[s] suspendant l'application de certaines lois, dérogeant à des dispositions légales et prenant d'autres mesures exceptionnelles... » tandis que lesdits décrets « rest[ent] en vigueur pendant quinze jours, à moins que le Gouvernement, en vertu de l'autorisation du Parlement, ne prolonge [leur] période de validité ».

Les premières décisions d'exception prises dans le cadre de ce nouvel état d'urgence, devraient être annoncées au cours de la journée de ce mercredi 25 mai.

Critiques de l'opposition

Par ailleurs,  l'Union hongroise pour les libertés civiles (Társaság a Szabadságjogokért, TASZ) - proche de l'opposition libérale - a critiqué cette décision, estimant que désormais « l'ordre juridique spécial [devient] la nouvelle norme ».

« Les restrictions épidémiologiques ont été levées, mais le régime juridique spécial reste et devrait rester en vigueur. Mardi, le Parlement a adopté le dixième amendement à la Constitution, qui permet au gouvernement de déclarer l'état d'urgence non seulement en cas de catastrophe naturelle ou d'accident industriel menaçant la sécurité des personnes et des biens, mais aussi en cas de conflit armé, de guerre ou de catastrophe humanitaire dans un pays voisin....

Le gouvernement adapte une fois de plus les règles du jeu à ses propres besoins ».

D'ores et déjà, l'ONG prend acte et annonce : « Si l'amendement constitutionnel conduit à des violations des droits fondamentaux de certaines personnes, nous ferons tout notre possible pour demander réparation de ces violations devant d'éventuelles instances européennes ».

Premières mesures d'exception : taxation des profits des grandes entreprises

En fin d'après-midi, ce mercredi 25 mai, Viktor Orbán a annoncé, dans une vidéo de 2 minutes sur Facebook - dans un format identique à celui employé durant les annonces de mesures Covid -, les premières mesures prises dans le cadre de ce nouvel état d'urgence.

Le Premier ministre hongrois a commencé par justifier l'urgence de la situation, en expliquant que « la guerre s'étalant dans le temps, et la politique de sanctions de Bruxelles ne s'améliorant pas, cela amène une hausse drastique des prix ». Ainsi, pour maintenir la mesure phare lancée en 2013 de réduction par l'État des charges domestiques (rezsicsökkentés) qui « protège aujourd'hui aussi les familles », en dépit de la hausse du prix de l'énergie, mais aussi pour financer « sans plus attendre le renforcement de l'armée », Viktor Orbán a annoncé que « le gouvernement [hongrois] a décidé de mettre en place un fonds de protection de la baisse des charges domestiques et un fonds de défense nationale », afin de financer les dépenses additionnelles prévues pour ces deux éléments clefs.

Viktor Orbán a expliqué que dans les circonstances actuelles, la hausse des taux bancaires et des prix proposés par les multinationales permettaient des marges plus élevées.

« Ces deux fonds nationaux seront ainsi financés par une taxation des profits extraordinaires des banques, des assurances, des grandes chaînes d'alimentation et des entreprises énergétiques, de télécommunication et d'aviation civile. Le gouvernement hongrois entend taxer la majeure partie des profits extraordinaires de ces entreprises, qui profitent d'une situation de guerre ».

« À ceux qui durant cette guerre dégagent des marges plus importantes, nous leur demandons, nous attendons d'eux, qu'ils aident les gens et participent aux coûts de défense du pays, » a développé Viktor Orbán. Les détails seront annoncés ce jeudi 26 mai, et d'autres mesures sont à prévoir. Cette mesure est pour le moment prévue pour 2022 et 2023.

source :  Strategika

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