17/08/2025 reseauinternational.net  8min #287528

 Discours du Président russe Vladimir Poutine lors de la conférence de presse conjointe avec le Président américain Donald Trump à l'issue des négociations bilatérales, Anchorage, 15 août

Vladimir Poutine à la conférence de presse en Alaska

Le Président Poutine en Alaska

Conférence de presse conjointe du Président russien et du Président américain

V. Poutine : Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Nos discussions se sont déroulées dans une atmosphère constructive et respectueuse, elles ont été très approfondies et utiles.

Je tiens à remercier une nouvelle fois mon collègue américain de m'avoir invité en Alaska. Il est tout à fait logique que nous nous rencontrions ici, car nos pays, bien que séparés par des océans, sont en réalité des voisins proches. Et lorsque nous nous sommes rencontrés, en descendant de l'avion, je lui ai dit : «Bonjour, cher voisin. Je suis très heureux de vous voir en bonne santé et en vie». Cela sonne très amical, à mon avis, très bienveillant. Seul le détroit de Béring nous sépare, et même là, il n'y a que deux îles, à seulement quatre kilomètres entre les îles russiennes et américaines. Nous sommes des voisins proches, c'est un fait.

Il est également important de noter qu'une partie importante de l'histoire commune de la Russie et des États-Unis, ainsi que de nombreux événements positifs, sont liés à l'Alaska. Ainsi, un immense héritage culturel de l'époque de l'Amérique russe est encore préservé ici aujourd'hui : des églises orthodoxes, plus de 700 noms géographiques d'origine russe.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, c'est en Alaska qu'a débuté la légendaire route aérienne pour l'approvisionnement en avions de combat et autres équipements dans le cadre du contrat de prêt-bail. C'était un itinéraire dangereux et difficile au-dessus d'immenses étendues glacées, mais les pilotes et les spécialistes des deux pays ont tout fait pour rapprocher la victoire, ont pris des risques et ont donné leur vie pour la victoire commune.

Je viens de me rendre dans la ville de Magadan, en Russie, où se trouve un monument dédié aux pilotes russiens et américains, sur lequel flottent les drapeaux russiens et américain. Je sais qu'il existe ici aussi un monument similaire, dans le cimetière militaire situé à quelques kilomètres d'ici, où sont enterrés les pilotes soviétiques morts au cours de cette mission héroïque. Nous sommes reconnaissants aux autorités et aux citoyens américains pour le respect qu'ils témoignent à leur mémoire. C'est un geste digne et noble.

Nous nous souviendrons toujours d'autres exemples historiques où nos pays ont vaincu ensemble leurs ennemis communs dans un esprit de camaraderie et d'alliance, s'apportant mutuellement aide et soutien. Je suis convaincu que cet héritage nous aidera à rétablir et à construire des relations mutuellement avantageuses et équitables dans cette nouvelle phase, même dans les conditions les plus difficiles.

Comme on le sait, les rencontres au sommet entre la Russie et les États-Unis n'ont pas eu lieu depuis plus de quatre ans. C'est une longue période. La période écoulée a été très difficile pour les relations bilatérales et, disons-le franchement, elles ont atteint leur point le plus bas depuis la guerre froide. Cela ne profite ni à nos pays, ni au monde en général.

Il était évident que tôt ou tard, il fallait redresser la situation, passer de la confrontation au dialogue, et à cet égard, une rencontre personnelle entre les chefs des deux États était vraiment nécessaire - bien sûr, à condition d'une préparation sérieuse et minutieuse, et ce travail a été accompli dans l'ensemble.

Le Président Trump et moi-même avons établi de très bons contacts directs. Nous avons eu plusieurs conversations téléphoniques franches. Comme vous le savez, le représentant spécial du président américain, M. Whitcoff, s'est rendu plusieurs fois en Russie. Nos assistants et les chefs des ministères des Affaires étrangères ont été en contact régulier.

Comme vous le savez et le comprenez bien, l'une des questions centrales a été la situation autour de l'Ukraine. Nous constatons la volonté de l'administration américaine et du Président Trump personnellement de contribuer à la résolution du conflit ukrainien, son désir d'en comprendre l'essence et les origines.

J'ai dit à plusieurs reprises que pour la Russie, les événements en Ukraine sont liés à des menaces fondamentales pour notre sécurité nationale. De plus, nous avons toujours considéré et considérons encore le peuple ukrainien, comme je l'ai dit à plusieurs reprises, comme un peuple frère, aussi étrange que cela puisse paraître dans les circonstances actuelles. Nous avons les mêmes racines, et tout ce qui se passe est pour nous une tragédie et une grande douleur. C'est pourquoi notre pays souhaite sincèrement mettre fin à cette situation.

Mais nous sommes convaincus que pour que le règlement ukrainien soit durable et à long terme, il faut éliminer toutes les causes profondes de la crise, dont nous avons parlé à plusieurs reprises, tenir compte de toutes les préoccupations légitimes de la Russie et rétablir un équilibre équitable dans le domaine de la sécurité en Europe et dans le monde en général.

Je suis d'accord avec le Président Trump, qui en a parlé aujourd'hui, sur le fait que la sécurité de l'Ukraine doit bien sûr être garantie. Nous sommes bien sûr prêts à y travailler.

Nous espérons que l'accord auquel nous sommes parvenus permettra de se rapprocher de cet objectif et ouvrira la voie à la paix en Ukraine.

Nous espérons que Kiev et les capitales européennes percevront tout cela de manière constructive et ne feront pas obstacle, ne tenteront pas, par des provocations ou des intrigues en coulisses, de compromettre les progrès qui s'annoncent.

D'ailleurs, avec l'arrivée de la nouvelle administration américaine, le commerce bilatéral a commencé à augmenter chez nous. Tout cela est encore symbolique, mais c'est tout de même une augmentation de 20 %. Je veux dire par là que nous avons beaucoup de domaines intéressants pour une coopération.

Il est évident que le partenariat commercial et d'investissement entre la Russie et les États-Unis recèle un énorme potentiel. La Russie et les États-Unis ont beaucoup à s'offrir mutuellement dans les domaines du commerce, de l'énergie, du numérique, des hautes technologies et de l'exploration spatiale.

La coopération dans l'Arctique, la reprise des contacts interrégionaux, notamment entre notre Extrême-Orient et la côte ouest américaine, semblent également d'actualité.

En résumé, il est important et nécessaire pour nos pays de tourner la page et de renouer la coopération.

Il est symbolique que, comme je l'ai déjà dit, la ligne de changement de date, où l'on peut littéralement passer d'hier à demain, se trouve non loin de là, à la frontière entre la Russie et les États-Unis. J'espère que nous y parviendrons également dans le domaine politique.

Je tiens à remercier M. Trump pour notre collaboration, pour le ton amical et confiant de notre conversation. L'essentiel est que les deux parties étaient déterminées à obtenir des résultats. Nous voyons que le président américain a une idée claire de ce qu'il veut accomplir, qu'il se soucie sincèrement de la prospérité de son pays et qu'il comprend en même temps que la Russie a ses propres intérêts nationaux.

J'espère que les accords conclus aujourd'hui serviront de point d'appui non seulement pour résoudre la question ukrainienne, mais aussi pour amorcer le rétablissement de relations pragmatiques entre la Russie et les États-Unis.

Pour conclure, j'aimerais ajouter ceci. Je me souviens qu'en 2022, lors de mes derniers contacts avec l'ancienne administration, j'avais alors tenté de convaincre mon ancien collègue américain qu'il ne fallait pas en arriver à une situation qui pourrait avoir de graves conséquences sous la forme d'opérations militaires, et j'avais alors clairement dit que c'était une grave erreur.

Aujourd'hui, nous entendons le président Trump dire : «Si j'avais été président, il n'y aurait pas eu de guerre». Je pense que cela aurait effectivement été le cas. Je le confirme, car dans l'ensemble, nous avons établi avec le Président Trump une relation très bonne, professionnelle et de confiance. Et j'ai toutes les raisons de croire qu'en poursuivant dans cette voie, nous pouvons parvenir - et le plus vite sera le mieux - à mettre fin au conflit en Ukraine.

Je vous remercie de votre attention.

*

D. Trump (en s'adressant à V. Poutine à la fin son discours) :

J'espère vous revoir bientôt. Merci.

V. Poutine (en anglais) : La prochaine fois à Moscou.

D. Trump : C'est une proposition très intéressante. On me critiquera sans doute, mais je pense que c'est tout à fait possible. Je vous remercie, Monsieur le Président. Je vous remercie tous.

V. Poutine (en anglais) : Merci beaucoup.

 kremlin.ru

*

Réunion sur les résultats du sommet russieno-américain

À son retour des États-Unis, le Président Poutine a tenu une réunion pour faire le point sur les résultats des négociations russieno-américaines. Le chef de l'État a informé les dirigeants de l'administration présidentielle, du gouvernement, de la Douma d'État, des ministères et des départements des résultats de la réunion d'Anchorage.

V. Poutine : Chers collègues, bonjour !

Je vous ai demandé de vous réunir afin de vous informer des résultats de notre visite, de la visite de notre délégation aux États-Unis, en Alaska.

Je tiens à souligner d'emblée que cette visite était opportune et très utile. Nous avons abordé pratiquement tous les domaines de notre coopération, mais nous avons avant tout discuté, bien sûr, d'une solution équitable à la crise ukrainienne. Et bien sûr, nous avons eu l'occasion, ce que nous avons fait, de parler de la genèse et des causes de cette crise. C'est précisément l'élimination de ces causes profondes qui doit être à la base du règlement.

Cela faisait longtemps que nous n'avions pas mené de négociations directes de ce type à un tel niveau. Je le répète : nous avons eu l'occasion d'exposer calmement et en détail notre position. Nous respectons bien sûr la position de l'administration américaine, qui estime nécessaire de mettre fin au plus vite aux hostilités. Nous le souhaitons également et aimerions passer à la résolution de toutes les questions par des moyens pacifiques.

La conversation a été très franche, riche en contenu et, à mon avis, elle nous rapproche des décisions nécessaires.

Je vais maintenant vous raconter en détail le déroulement de la conversation. Si vous avez des questions, je me ferai un plaisir d'y répondre.

 kremlin.ru

Traduit par Valerik Orlov via l'Amicale des russophiles francophones

 russophile.boris-vian.net

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