Il est assez coutumier de résumer la chose en disant que le Washington Post (WaPo) est "an CIA asset", dans la mesure certaine où son actuel propriétaire, Jeff Bezos, l'hyper-milliardaire de Amazon, a acquis le quotidien grâce à un contrat de $600 millions avec la CIA, payé cash par l'agence. Plusieurs journalistes du WaPo sont considérés comme de véritables relais de la CIA. C'est avec cela à l'esprit, suggérant l'analyse et la préoccupation des services de renseignement, qu'il faut lire l'article du 17 août (16 août au soir à Washington) sur les relations entre Israël et les USA à la suite de l'incident opposant les parlementaires démocrates Ilhan Omar et Rashida Tlaib au gouvernement Netanyahou.
A cette occasion qui apparaît comme un révélateur, il est mis en évidence la détérioration en cours des relations entre le parti démocrate, jusqu'alors indéfectible soutien d'Israël, et le gouvernement Israël. Bien entendu, les interférences contradictoires et paradoxales jouent leur rôle, - comme, bien sûr, les relations très chaleureuses de Trump et de Netanyahou, et la haine des démocrates contre Trump. Mais on découvre effectivement que le glissement vers la gauche du parti démocrate, notamment pour des raisons sociétales polarisées autant que symbolisées par les quatre jeunes parlementaires (dont Omar et Tlaib) de the Squad, commence à se traduire par des changements, au moins d'humeur et de communication, en politique extérieure.
« Un fossé toxique s'ouvre entre les démocrates et Israël après que ce pays ait refusé son accès à deux membres du Congrès », dit le titre de l'article ; disons que l'incident Oman-Tlaib a été la fracture spectaculaire qui révèle la profondeur du fossé. Désormais, certaines des attitudes et des politiques d'Israël, concernant l'immigration, les séparations ethniques sinon racistes, la vente d'armes, etc., commencent à constituer des obstacles majeurs dans les relations entre les démocrates et Israël. Cette évolution est désormais une menace contre l'édifice impressionnant mais qui s'avère plus fragile qu'on ne pensait entre Washington D.C. et Israël. Il s'agit d'un cas de plus dans un dossier qui doit devenir considérable, celui des interférences majeures des déchirements internes aux USA sur la situation internationale et les relations des USA avec d'autres pays.
Un des commentateurs cités dans le texte ci-dessous dit : « La seule personne qui a gagné et obtenu ce qu'elle voulait, c'est Trump. Personne d'autre n'est heureux de ce qui s'est passé. » Nous avons une autre appréciation : si Trump a effectivement gagné, the Squad aussi a gagné en forçant le reste du parti démocrate à le défendre en renforçant son glissement à gauche, et par conséquent en renforçant l'influence des quatre parlementaires.
« Une lutte politiquement explosive au sujet de la tentative d'Israël d'empêcher deux membres du Congrès d'entrer dans le pays, - à l'insistance du président Trump, - a révélé des fissures entre ce pays et les démocrates. Ces derniers commencent à considérer de plus en plus nettement le gouvernement israélien et son chef comme politiquement nocifs et même, aux yeux d'au moins deux candidats présidentiels, comme racistes.
» Le changement dans les relations a été accéléré par l'entente chaleureuse entre Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, et après 48 heures vertigineuses, certains démocrates discutent plus ouvertement de la démarche complètement impensable jusqu'ici de reconsidérer l'aide US à l'allié de longue date.
» [L'incident Oman-Tlaib]a ébranlé le soutien bipartite à Israël et a déplacé les débats à ce sujet dans l'espace partisan, où l'avortement, le contrôle des armes à feu et l'immigration sont des questions plus courantes.
» "Il y a ce déplacement tectonique de l'une des plaques fondamentales de la politique américaine", a déclaré Jeremy Ben-Ami, président de J Street, un groupe libéral pro-Israël. "Cela a été une règle intangible pendant 60 ans mais désormais les choses changent d'une façon très importante."
» La situation a également mis de nombreux législateurs démocrates dans la position délicate de défendre des collègues qu'ils trouvent politiquement toxiques tout en réprimandant un pays qu'ils soutiennent. Il a compliqué les efforts déployés pendant des mois par les démocrates du Congrès pour se distancier des représentants Ilhan Omar (D-Minn.) et Rashida Tlaib (D-Mich.) et réparer une partie des dommages causés par leurs accusations anti-Israël ou, dans le cas d'Omar, de remarques antisémites.
» Trump s'est efforcé de dépeindre ces deux parlementaires comme le nouveau visage du Parti démocrate. Son action extrême, - presser un allié d'interdire l'entrée en Israël à deux membres du Congrès, - a forcé de nombreux démocrates à défendre Omar et Tlaib, même s'ils ont clairement indiqué qu'ils n'étaient pas d'accord avec toutes leurs opinions.
» "La seule personne qui a gagné et obtenu ce qu'elle voulait, c'est Trump. Personne d'autre n'est heureux de ce qui s'est passé," a déclaré Aaron Keyak, un stratège démocrate qui travaille avec des groupes pro-israéliens. "Trump est monté à l'extrême en les attaquant, et Israël a fait de même en lui répondant. Et De cette façon, vous forcez même les démocrates bellicistes [pro-Israël] à se prendre leur défense."
» "C'est exactement ce que veut Trump", a-t-il ajouté. "Et en attendant, cela nuit au soutien de ce qui est le plus important pour la communauté pro-israélienne, à savoir les relations américano-israéliennes." »
Mis en ligne le 18 août 2019 à 16H10