
Par Ian Proud, le 11 décembre 2025
Dans une récente interview accordée à Politico, le président Trump a déclaré que
"l'Ukraine utilise la guerre comme excuse pour ne pas organiser d'élections".
Cette critique ne date pas d'hier. Les Républicains qui s'opposent depuis longtemps à l'aide financière illimitée à l'Ukraine critiquent souvent l'absence de mandat démocratique de Zelensky. Parmi elles Tulsi Gabbard, directrice du renseignement national, qui critique depuis longtemps le président ukrainien et l'a qualifié de "dictateur non élu" dans une vidéo diffusée avant les élections présidentielles américaines.
Toujours à l'aise avec les médias, Zelensky a répondu aux critiques du président américain en proposant d'organiser un référendum pendant que l'Ukraine est sous loi martiale, à condition que les États européens et les États-Unis en garantissent le bon déroulement. Comme on pouvait s'y attendre, les médias grand public ont saisi l'occasion pour présenter cette initiative comme une preuve supplémentaire des vertus démocratiques de Zelensky et de son engagement à instaurer la paix dans un contexte d'hostilités.
Cependant, la critique de Trump pose moins la question de l'organisation d'élections immédiates que celle de la signature d'un accord de paix avec la Russie, qui permettrait d'envisager des élections après la levée de la loi martiale.
Selon un sondage réalisé en août, seuls 20 % des Ukrainiens se disent favorables à l'organisation d'élections avant tout accord de paix, tandis que 75 % estiment qu'elles devraient avoir lieu après la cessation des hostilités. Jusque récemment, Zelensky avançait ces chiffres pour réfuter les critiques le qualifiant d'antidémocratique. Aujourd'hui, il se dit prêt à ignorer la volonté de son peuple et à se présenter aux urnes alors que la guerre est toujours en cours.
Actuellement, seuls 20,3 % des Ukrainiens voteraient pour Zelensky, soit une baisse de 4 % depuis le sondage d'octobre, en raison du déclin du soutien à l'effort de guerre et du scandale de corruption qui secoue le pays.
Zelensky reste néanmoins le candidat le plus populaire d'une longue liste, son rival le plus sérieux étant l'ancien commandant en chef de l'armée ukrainienne, Zaluzhny. Cependant, le même sondage suggère qu'un nouveau parti politique dirigé par l'actuel ambassadeur ukrainien à Londres l'emporterait sur la faction du "Serviteur du peuple" de Zelensky.
Zelensky mise donc sur une élection anticipée pour augmenter ses chances de rester au pouvoir.
Une récente enquête du New York Times révèle que le gouvernement Zelensky a activement saboté la lutte anti-corruption, entraînant ainsi une recrudescence des pratiques illicites. Cette histoire est révélatrice, tant par les conclusions de l'enquête que par un média qui a jusqu'alors soutenu sans réserve les agissements du président ukrainien. Aujourd'hui, Zelensky a perdu toute crédibilité et ne peut plus prétendre ignorer les activités de ses plus proches alliés politiques, de plus en plus associé à une corruption endémique en Ukraine.
Et dans un pays aussi corrompu que l'Ukraine, quiconque croit sérieusement que Zelensky ne tentera pas de truquer le vote en sa faveur témoigne, selon moi, d'une grande naïveté.
Malgré les défis logistiques, un vote sous loi martiale pourrait lui être favorable. Mais comment voteraient les soldats mécontents sur le front ? Et les opposants politiques en Ukraine sanctionnés par Zelensky, comme Petro Porochenko ? Et les opposants en exil, comme Oleksii Arestovych, s'il décidait de se présenter ? Les médias ukrainiens, désormais sous le contrôle de l'État, couvriraient-ils les élections de manière équitable et impartiale ? Les observateurs internationaux pourraient-ils assurer leur mission dans un contexte de cessez-le-feu instable, même si la Russie y consentait ?
Organiser des élections sous la loi martiale garantirait également la poursuite de la guerre et l'afflux de milliards d'euros en provenance des pays européens.
Depuis qu'il a rejeté le projet d'accord de paix d'Istanbul en avril 2022, Volodymyr Zelensky n'a jamais donné l'impression de vouloir mettre fin à la guerre. Fort des promesses de Joe Biden, de Boris Johnson et d'autres de soutenir l'Ukraine aussi longtemps que nécessaire, accueilli en héros partout où il est allé, Zelensky a vu affluer dans son pays les milliards de dollars d'aide étrangère, tandis que ses plus proches collaborateurs se sont enrichis et se sont offert les Bugatti et autres bolides de luxe qui sillonnent Monaco, selon les récentes déclarations télévisées de Donald Trump Jr.
Depuis mi-2022, toutes les déclarations de Zelensky sont destinées à le présenter comme incarnant le bien, à dépeindre le président Poutine comme unique responsable, à s'assurer du soutien des dirigeants occidentaux à chaque étape et à maintenir les flux financiers.
Acteur né, il a une réplique pour chaque occasion.
- Personne ne souhaite la paix plus que moi. - Poutine, lui, refuse de parler de paix. - Poutine refuse de dialoguer avec l'Ukraine. - Seule des pressions sur la Russie contraindront Poutine à négocier. - L'Ukraine peut encore gagner !
Pourtant, depuis plus de deux ans, l'échec d'une contre-offensive estivale planifiée avec l'aide de l'armée britannique est venu confirmer que l'Ukraine ne gagnera pas.
Même si l'Ukraine percevait le même soutien étranger que les années précédentes, le pays ne pourrait au mieux que ralentir sa défaite.
Quand on observe les Russes, de l'autre côté de la ligne de front, leur objectif premier n'est pas de gagner sur le champ de bataille. Comme l'a récemment déclaré Karaganov, la véritable guerre du Kremlin se joue contre l'Europe, et cette analyse semble fondée.
Poutine n'a pas besoin de remporter de victoire territoriale éclair à Donetsk, car plus la guerre dure, plus le soutien politique s'effrite en Europe, les dirigeants européens préfèrent détruire leurs pays pour permettre à Zelensky de continuer à se battre jusqu'à la dernière goutte de sang ukrainien.
Nul doute qu'une élection sous la loi martiale offrirait à Zelensky toute latitude pour parcourir l'Europe et poser devant les caméras avec la coalition de volontaires qui souhaitent le maintenir au pouvoir, aux côtés de personnalités comme Starmer et Merz qui l'accueilleront à bras ouverts.
Ne vous laissez donc pas berner par les dernières déclarations de Kiev. L'offre de Zelensky d'organiser des élections anticipées n'est qu'une mise en scène de plus inspirée de Kvartal 95*, dont la seule finalité est de poursuivre le pillage de la manne financière offerte par ses parrains occidentaux.
Traduit par Spirit of Free Speech
* Kvartal 95 est une société publique de production de divertissements télévisés, opérant en Ukraine depuis 2003 et créée par Zelensky