10/04/2021 tlaxcala-int.org  4 min #188073

La plupart des 175 000 survivants de l'Holocauste en Israël (sur)vivent avec une allocation mensuelle de 85 €

 Tali Heruti-Sover טלי חרותי-סובר تالي هيروتي-سوبر

Yom HaShoah, la journée officielle de commémoration des martyrs et héros de l'Holocauste, a été célébrée en Israël du 7 au 8 avril. Comment (sur)vivent les survivants ? Ci-dessous quelques éléments de réponse étonnants.-Tlaxcala

Protestation de survivants contre la misère qui leur est imposée

Alors que certains survivants de l'Holocauste en Israël ont droit à 10 000 shekels [2 500 €] par mois, la majorité d'entre eux doivent se contenter d'une fraction de cette somme.

Israël s'enorgueillit de prendre soin de ses 174 500 survivants de l'Holocauste, mais la politique du gouvernement en matière d'allocations à leur intention a été critiquée comme étant inégale et inadéquate, la plupart des survivants vivant avec une petite allocation de 4 000 shekels (1 020 €) par an.

La politique pratiquée divise les survivants en plusieurs catégories, chacune correspondant à une somme d'argent différente, ce qui, selon le directeur général du ministère de l'Égalité sociale, a provoqué des disparités « intolérables ».

La première catégorie comprend environ 54 000 survivants qui ont immigré en Israël jusqu'en 1953 après avoir survécu aux ghettos et aux camps nazis ou avoir été contraints de vivre sous une fausse identité pendant l'Holocauste. Ils ont droit à une allocation mensuelle comprise entre 2 435 et 6 160 shekels (621 à 1 1 571 €), en fonction du niveau de handicap reconnu par le gouvernement. Quelque 16 000 d'entre eux ont droit à des allocations plus importantes, allant jusqu'à 11 200 shekels par mois (2 857 €).

La deuxième catégorie comprend environ 127 000 survivants, dont environ 61 000 ont immigré après 1953, principalement de l'ancienne Union soviétique, et environ 59 000 ont été persécutés en Tunisie, en Libye, en Irak, au Maroc et en Algérie pendant l'Holocauste. Ces quelque 127 000 survivants n'ont droit qu'à 333 shekels par mois (85 €).

Les survivants qui ont immigré après 1953 souffrent d'une pauvreté pire que celle de la première catégorie, puisque 70 % d'entre eux, soit environ 47 000 personnes, vivent sous le seuil de pauvreté. Une grande partie de ces survivants ne bénéficient pas non plus de régimes de retraite, car ils sont arrivés en Israël à un âge plus avancé.

En novembre dernier, un rapport du contrôleur d'État a mis en garde contre l'écart entre les allocations, « dont souffrent de nombreux survivants depuis de nombreuses années », note la directrice générale du ministère de l'Égalité sociale, Yael Mevorach.

Mme Mevorach indique qu'au cours de l'année écoulée, la ministre de l'Égalité sociale Merav Cohen, du parti Yesh Atid [Il y a un futur], s'est efforcée de combler ce fossé, dans le but de fournir 1 000 shekels [255 €] supplémentaires par mois aux survivants du deuxième groupe. Ses efforts n'ont pas abouti, ce qui, selon Mevorach, s'explique par le fait que cela nécessiterait l'ajout d'un demi-milliard de shekels [127 M€] au budget de l'autorité en charge des droits des survivants de l'Holocauste.

« Les écarts entre les allocations sont intolérables et doivent être comblés », déclare Mme Mevorach. La loi devrait être modifiée pour atteindre cet objectif, ajoute-t-elle.

La pandémie et l'isolement des survivants

Depuis 2017, l'autorité pour les droits des survivants de l'Holocauste, en coopération avec le Comité juif américain de distribution conjointe [JDC-Eshel], gère un programme spécial pour lutter contre le problème de l'isolement des survivants, dont l'âge moyen est de 84 ans et demi. Cette initiative est dotée de 3 millions de shekels [765 000 €] par an et compte environ 6 000 bénévoles qui rendent régulièrement visite aux survivants afin de les aider à sortir de leur isolement.

En raison de la pandémie de coronavirus, l'un des principaux problèmes rencontrés par les personnes âgées au cours de l'année écoulée était le besoin de contact humain.

Pour y remédier, des bénévoles sont restés en contact avec les survivants par téléphone et leur ont fourni d'autres formes d'assistance. Dans le but de faciliter une meilleure communication et de créer un lien personnel, l'autorité a assigné chaque volontaire à un survivant spécifique.

Une enquête récente menée par les responsables de ce programme a montré que pour 86 % des participants, « un lien social régulier hebdomadaire a réduit de façon spectaculaire le sentiment d'isolement », a déclaré Yossi Heiman, directeur général du JDC-Eshel. « Surtout en cette période où la pandémie recule et où une nouvelle routine se met en place, il est important de ne laisser personne de côté. »

Courtesy of  Tlaxcala
Source:  haaretz.com
Publication date of original article: 08/04/2021

 tlaxcala-int.org

 Commenter

Référencé par :

2 articles