30/03/2021 5 articles francais.rt.com  4 min #187578

Mali : une enquête de l'Onu conclut qu'une frappe française a tué 19 civils en janvier

Au terme de l'enquête menée par la Division des droits de l'homme de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), appuyée par la police scientifique des Nations unies, sur  les évènements survenus le 3 janvier près de Bounti (centre), la Minusma «est en mesure de confirmer la tenue d'une célébration de mariage qui a rassemblé sur le lieu de la frappe une centaine de civils parmi lesquels se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma», assure le résumé d'un rapport consulté par l'AFP.

La Katiba Serma est affiliée au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM en arabe), alliance djihadiste elle-même affiliée à Al-Qaïda.

Au moins 22 personnes ont été tuées, dont trois des membres présumés de la Katiba Serma - 19 sur le coup, 3 au cours de leur évacuation, affirme le document.

Le groupe touché «était très majoritairement composé de civils qui sont des personnes protégées contre les attaques au regard du droit international humanitaire», poursuit la Minusma, qui recommande aux autorités maliennes et françaises de diligenter «une enquête indépendante, crédible et transparente». Elle préconise d'examiner les processus préalables aux frappes, voire de les modifier. Elle recommande aussi aux Français et aux Maliens de chercher à établir les responsabilités et d'octroyer le cas échéant une réparation aux victimes et à leurs proches.

Pas de «preuves» pour Paris

Dans un communiqué transmis à l'AFP, le ministère français des Armées a réfuté dans la foulée toute bavure au Mali et émis «de nombreuses réserves» sur l'enquête des Nations unies.

Le ministère «maintient avec constance et réaffirme avec force» que «le 3 janvier, les forces armées françaises ont effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel» près de Bounti (centre), souligne-t-il. Il «émet de nombreuses réserves quant à la méthodologie retenue» et «ne peut considérer que ce rapport apporte une quelconque preuve contredisant les faits tels que décrits par les forces armées françaises».

Cette enquête «oppose des témoignages locaux non vérifiables et des hypothèses non étayées à une méthode de renseignement robuste des armées françaises, encadrée par les exigences du droit international humanitaire», rétorque encore le ministère français des Armées, qui juge dans ce contexte «impossible de distinguer les sources crédibles des faux témoignages d'éventuels sympathisants terroristes ou d'individus sous influence [y compris la menace] des groupes djihadistes».

«Dans ces conditions, le ministère des Armées estime que les allégations portées sur l'action de la force et sur son intégrité sont non fondées et maintient fermement sa version des faits», conclut-il.

Le 7 janvier, l'état-major français avait donné sa version des faits : «Plus d'une heure avant la frappe, un drone Reaper a détecté une moto avec deux individus au nord de la RN16 [axe routier reliant Bamako à Gao]. Le véhicule a rejoint un groupe d'une quarantaine d'hommes adultes dans une zone isolée. L'ensemble des éléments renseignement et temps réel ont permis d'identifier formellement ce groupe comme appartenant à un GAT [groupe armé terroriste]», pouvait-on lire dans un communiqué.

Quant à la possibilité de livrer des images qui dissiperaient les doutes, le colonel colonel Frédéric Barbry, porte-parole de l'état-major des armées avait déclaré le 2 février sur  France 24 qu'il était «hors de question de fournir des images qui permettraient à nos... ennemis actuels de dévoiler nos modes d'action et de leur donner un avantage significatif».

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