21/05/2022 les-crises.fr  4 min #208577

Du jamais vu : Les dépenses militaires mondiales dépassent les 2 000 milliards de dollars

Les États-Unis dépassent de loin tous les autres contributeurs alors que des menaces pressantes comme le changement climatique et les conflits nucléaires, qui nécessitent des stratégies diplomatiques, reçoivent peu de fonds.

Source :  Responsible Statecraft, William Hartung
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Image: studiostoks via shutterstock.com

Selon une nouvelle analyse de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, les dépenses militaires mondiales ont dépassé 2 100 milliards de dollars en 2021. C'est la première fois qu'elles dépassent la barre des 2 000 milliards de dollars. Plus de 38 % de ce total - 801 milliards de dollars - ont été comptabilisés par les États-Unis. Les chiffres pour 2022 seront encore plus élevés en raison de l'augmentation substantielle des dépenses aux États-Unis et en Europe en réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, et en raison de l'idée erronée selon laquelle la Chine représente une « menace croissante » qui nécessite une forte augmentation des dépenses du Pentagone.

Il est difficile de ne pas souligner à quel point les États-Unis et leurs alliés dominent les niveaux des dépenses militaires mondiales. En 2021, les États-Unis dépensaient à eux seuls plus de deux fois et demie plus pour leur armée que la Chine, et plus de 12 fois plus que la Russie. Quatre alliés américains de l'OTAN seulement - le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et l'Italie - dépensent ensemble plus de trois fois ce que la Russie dépense pour son armée. Et si l'on ajoute les dépenses de l'Australie, du Japon, de la Corée du Sud et de Taïwan au total américain, les États-Unis et leurs alliés régionaux les plus proches dépensent ensemble bien plus de trois fois ce que la Chine finance.

Mais bien sûr, jeter de l'argent au Pentagone ne met pas nécessairement les gens plus en sécurité. Une grande partie des fonds alloués au ministère de la Défense est gaspillée dans une stratégie malavisée et dans des programmes d'armement dysfonctionnels ou inutiles, comme l'avion de combat F-35 et le nouveau missile balistique intercontinental, désormais officiellement appelé Sentinel. Et malgré les promesses de « donner la priorité à la diplomatie » dans la politique étrangère des États-Unis, lorsqu'il s'agit d'allocations budgétaires, l'approche de l'administration Biden est clairement de « donner la priorité au Pentagone. »

Et les menaces invoquées pour justifier les niveaux quasi records de dépenses pour le ministère de la Défense sont les mêmes que celles que l'administration Trump a citées dans sa Stratégie de défense nationale : la Chine, la Russie, l'Iran, la Corée du Nord et ce que l'on appelait autrefois la « guerre mondiale contre le terrorisme ». Mis à part les efforts de l'administration pour relancer l'accord sur le nucléaire iranien, les menaces susmentionnées sont trop souvent abordées par des moyens militaires et des préparatifs militaires plutôt que par une stratégie diplomatique globale. Pendant ce temps, le changement climatique, la plus grande menace existentielle pour la planète, à côté du risque d'un conflit nucléaire, a été relégué au second plan dans le financement et l'élaboration des politiques, tandis que les dépenses militaires échappent à tout contrôle.

Par ailleurs, l'invasion de l'Ukraine par la Russie appelle clairement une réponse, mais on ne voit pas pourquoi elle peut ou doit faire grimper le budget du Pentagone pour les années à venir, en particulier compte tenu des engagements pris par l'Allemagne et d'autres alliés européens des États-Unis de faire davantage pour leur propre défense.

Donc, à notre avis, l'Amérique est le numéro 1 des dépenses militaires mondiales, mais nous avons besoin d'une révision complète de nos approches en matière de stratégie et d'acquisition d'armes. Verser plus d'argent dans le même système défaillant est une garantie d'échec.

Source :  Responsible Statecraft, William Hartung, 25-04-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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