30/01/2022 reseauinternational.net  3 min #201339

Très lourdes sanctions contre la junte au Mali

En soutien au Mali et contre les sanctions de la cédéao - Des centaines de manifestants à Dakar

par Chaabane Bensaci.

Contre toute attente, la Cédéao a donc pris le temps de réfléchir et de s'informer des tenants et aboutissants de la crise traversée par le Burkina Faso où les militaires ont écarté le président Kaboré, accusé par la population d'incapacité face à la recrudescence des attaques terroristes. Ainsi, le sommet virtuel qui a précédé celui du 3 février prochain a-t-il abouti à une exclusion du Burkina des structures de l'organisation ouest-africaine, sans plus.

D'autres sanctions pourraient intervenir lorsque les deux missions mandatées auprès des nouvelles autorités du Burkina, celle des chefs d'état-major arrivés, hier, à Ouagadougou et celle ministérielle attendue demain, auront rendu leur rapport de situation.

Une chose semble incontournable: le scénario qui a caractérisé le Mali, soumis à une pluie de sanctions aussi féroces que motivées par des griefs masqués, ne devrait pas avoir lieu, cette fois. Prudents, les chefs d'état et de gouvernement de la Communauté économique d'Afrique de l'Ouest ont entendu les colères et les avertissements des populations de la région.

Vendredi, à Dakar, ce sont plusieurs centaines de manifestants qui ont pris part au «rassemblement de soutien au peuple malien», organisé à l'initiative des collectifs de la société civile pour dénoncer les sanctions infligées «de manière illégale et injuste» au peuple malien. Portant les couleurs nationales maliennes, ces manifestants ont scandé des slogans tels que «Ouvrez les frontières» ou «Mali libre».

Que ce soit au Sénégal, en Côte d'Ivoire ou au Ghana, les peuples ne partagent guère les positions des dirigeants et veulent faire entendre leur voix «par les autorités de l'Afrique et du monde entier de façon légale et légitime». Unanimement, ils considèrent que le peuple malien, comme les peuples guinéen et burkinabé, ont besoin d'un élan de solidarité africaine et mondiale» et non de sanctions «d'aucun pays et d'aucune organisation internationale».

Un message limpide qui ne saurait être ignoré par les dirigeants de la Cédéao et, plus encore, de l'Union Africaine tant sa pertinence va au-delà de la simple lucidité. En exigeant de Bamako que les élections aient lieu le 27 février, à n'importe quel prix et dans n'importe quelles conditions, c'est tout simplement verser dans le non-sens. Car le Mali est en proie depuis une décennie à un terrorisme ravageur qui martyrise une majeure partie de son territoire ainsi qu'à une crise multidimensionnelle, source de plus d'un million de déplacés, et on voit mal comment il pourrait, dans de telles conditions, relever le pari d'organiser des élections générales dans un délai aussi «bref».

À moins que le seul but de la manoeuvre ne consiste à pousser vers la sortie les nouvelles autorités au motif qu'elles constituent une menace, sinon une gêne, par rapport à un agenda prédéterminé.

source:  lexpressiondz.com

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