29/02/2020 sciencesetavenir.fr  4 min #169705

Un troisième mort en Chine dû à l'apparition d'un nouveau virus, l'épidémie gagne la Corée du Sud

Le virus circulait « inaperçu depuis des semaines » en Italie

"Le virus a circulé inaperçu pendant plusieurs semaines, avant les premiers cas avérés de la maladie", a expliqué vendredi 28 février 2020 le professeur Massimo Galli, dont l'équipe a isolé la souche italienne du virus en seulement quatre jours.

Une ambulance à un "check-point" établi à l'entrée de la petite ville de Zorlesco, située dans la zone de confinement au sud de Milan, le 26 février 2020

AFP - MIGUEL MEDINA

Des chercheurs d'un hôpital spécialisé de Milan (nord) sont parvenus à isoler la version  italienne du nouveau  coronavirus, qui "circulait inaperçu depuis des semaines" dans la péninsule, selon ces spécialistes qui tentent de remonter à la source de l'épidémie.

"Le virus a circulé inaperçu pendant des semaines, avant les premiers cas avérés de la maladie" jeudi dernier, a expliqué vendredi à l'AFP le professeur Massimo Galli, dont l'équipe a isolé la variante italienne du virus en seulement quatre jours.

"Cela faisait longtemps que le virus était présent, peut-être déjà depuis la mi-janvier", a-t-il affirmé par téléphone, précisant que la version italienne "est certainement le résultat d'une mutation, d'autant que ce virus se modifie de personne à personne".

"Ce n'est pas une découverte incroyable", a poursuivi le professeur Galli, directeur de l'hôpital Sacco de Milan, spécialisé dans les maladies infectieuses. Mais isoler la variante italienne aidera à mieux comprendre "la dynamique de l'épidémie", "pourquoi il y a tant de cas en Italie, ses différences avec le coronavirus de  Chine, à élaborer des traitements et potentiellement un vaccin".

Il a "fait l'hypothèse que le virus soit arrivé avant même que l'Italie ferme les vols directs avec la Chine" le 30 janvier, disant concentrer ses recherches sur les premiers patients "qui n'avaient jamais été en Chine ni en contact avec des personnes allées en Chine, ce qui ne veut pas dire que le virus ne soit pas arrivé" de ce pays.

Avec 650 personnes testées positives, dont toutefois seulement 303 sont considérées comme vraiment malades, l'Italie est le pays d'Europe le plus touché.

L'équipe de chercheurs de l'hôpital Sacco, pilotée par la professeure d'immunologie Claudia Balotta, a travaillé sur des échantillons prélevés sur trois patients de la "zone rouge" autour de Codogno, en Lombardie (région de Milan dans le nord), hospitalisés entre vendredi et samedi.

Codogno (15.000 habitants) est la localité où a démarré l'épidémie italienne à partir d'un malade, appelé patient 1. Le patient zéro n'a pas encore été trouvé mais le patient 1 est considéré comme à la source des deux foyers existant en Italie, le deuxième se trouvant en Vénétie (nord-est), près de Padoue.

Ce patient 1, un cadre de 38 ans de l'entreprise anglo-néerlandaise Unilever hospitalisé depuis le 19 février, d'abord à Codogno puis à Pavie, a involontairement contaminé son épouse enceinte, un ami puis des habitués d'un bar de Codogno, ses médecins, du personnel sanitaire et des patients de l'hôpital local, et leur entourage.

- "Polémiques inutiles" - La Lombardie concentre 403 cas de contaminations sur les 650 personnes testées positivement en Italie, où le coronavirus a fait depuis vendredi 17 morts, tous des personnes âgées et déjà atteintes de pathologies graves.

La professeure Balotta a expliqué que l'étude de la variante italienne "permettra d'établir son parcours en Italie, les rapports entre le +cluster+ (foyer) lombard et celui de Vénétie et toutes les contagions successives".

Le professeur Galli a balayé les "polémiques inutiles" sur le fait que l'Italie aurait effectué trop de tests (plus de 12.000 depuis vendredi), ce qui expliquerait la hausse exponentielle du nombre de cas dont une majorité de personnes pas du tout malades.

"La hausse du nombre de cas que nous voyons jour après jour ne correspond pas à de nouvelles infections mais à des contaminations anciennes liées à des contacts" entretenus avec les premiers patients gravement malades, a-t-il souligné.

En zone rouge, "ils cherchent tous les contacts de patients connus et leur font les tests, c'est pour cela qu'ils trouvent tous ces cas", a-t-il souligné, confirmant que la majorité des contaminations italiennes sont "reliées à la zone de Codogno".

L'objectif des milliers de tests est de remonter aux premières versions du virus quand il est apparu en Italie et de trouver d'où exactement il est parti, insiste-t-il.

Selon la professeure Ballotta, "il faudra des semaines pour déterminer la date exacte de l'arrivée de cette souche en Italie, sans doute quand l'épidémie sera terminée".

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