21/01/2022 reseauinternational.net  9 min #200944

Ukraine : la ligne rouge franchie ?

Les États-Unis prévoient de combattre la Russie jusqu'au dernier Ukrainien

par Victoria Nikiforova.

Pendant que les élites occidentales « sauvent » l'Ukraine de l'agression russe en faisant un tapage médiatique impensable dans tous les médias mainstream, l'armée américaine continue imperturbablement son travail.

L'ancien commandant en chef des forces alliées de l'OTAN, le général Philip Breedlove, déplore le manque d'avions de transport et de ravitaillement stratégiques américains modernes en Europe. Ils pourraient donner à l'OTAN un avantage aérien. Avantage sur qui ? Eh bien, pas sur l'Ukraine, bien sûr. Le général Breedlove a planifié une guerre avec la Russie.

Il s'est d'ailleurs déjà distingué une fois sur ce plan. Lorsqu'il était commandant de la force aérienne de l'OTAN en 2014, le général a réussi à rater le débarquement des « gens polis » en Crimée. Il avait été terriblement secoué à l'époque : l'utilisation par la Russie de troupes sans insignes, avait-il noté, « était le blitzkrieg le plus étonnant que nous ayons jamais vu ». Il semble considérer la situation d'aujourd'hui comme une chance de renverser la situation.

Des analystes travaillant pour le Pentagone au Hudson Institute suggèrent de déployer en urgence des missiles américains à moyenne portée le long des frontières russes et d'envoyer des troupes de l'OTAN pour occuper le corridor de Suvalki. Mais le corridor de Suvalki est un territoire de 65 kilomètres entre la Biélorussie et la région de Kaliningrad. Il y a la Lituanie d'un côté, et la Pologne de l'autre. Il suffit de regarder une carte. Qu'est-ce que l'Ukraine a à voir là-dedans ?

En fait, personne ne fait plus semblant depuis longtemps. En fait, l'Ukraine n'a rien à voir avec ça. Les Américains ont envie d'une guerre avec la Russie. Le terme « containment » n'est qu'un euphémisme poli. Et l'Ukraine - ainsi que les Pays baltes - seront utilisés par les États-Unis si nécessaire. Le territoire servira comme théâtre de guerre, la population comme chair à canon, avec les dirigeants de ces pays en tant que gauleiters locaux.

Les plans militaires américains montrent clairement à quel point leurs soi-disant alliés sont sans importance pour les États-Unis. Dans tous ces stratagèmes, l'Ukraine n'est mentionnée qu'en passant, comme on dit, « dans les premières lignes de notre lettre ». Quelques mots rituels sur l'agression russe, une transition en douceur vers la nécessité de son « endiguement », et ensuite - un vaste éventail de plans. Corridor de Suvalki, transporteurs, « die erste Kolonne marschiert, die zweite Kolonne marschiert ». C'est la même histoire avec les États baltes.

Au cours des trente dernières années, le nationalisme sur les territoires des États baltes a été alimenté à un tel point que les résidents locaux ne peuvent pas voir une chose simple. Ils peuvent s'enorgueillir de leur spécificité nationale. Mais quelle que soit l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes, pour les Américains, ils resteront toujours des « Russes ». Ou « Soviétiques », peu importe. En bref, une partie de ce grand et invincible peuple qui, pendant des siècles, a contrôlé le Heartland, le cœur de l'Eurasie et du monde.

Vaincre ce peuple lorsqu'il est uni n'a jamais été possible. Mais pour le déchirer et l'inciter à des querelles intestines, cela peut être tenté. Des institutions entières d'experts travaillent depuis des décennies à la création d'une « nationalité souveraine » pour les peuples vivant aux frontières de la Russie. Les ornements des vyshyvankas (chemises brodées), les nuances du gopak (danse) martial, les Sumériens et les pyramides, les cinquante nuances de l'uva - tout cela est longuement développé par des personnes intelligentes et patiemment planté sur le sol local.

Mais ce ne sont que des perles et de la pacotille pour indigènes. L'achat de ces perles a un coût élevé. C'est bon pour les colonies américaines comme Taïwan. Ils paient leur tribut en semi-conducteurs et en micropuces en les vendant aux entreprises américaines à des prix « spéciaux ». Mais aujourd'hui, l'Ukraine est tellement appauvrie qu'elle n'a rien à offrir aux maîtres étrangers. Elle doit payer son tribut avec la vie de ses citoyens.

Sauver l'Ukraine de l'agression russe, tel que l'ont fait ses partenaires occidentaux, est tout simplement incroyable. On aurait pu croire que le chemin de la paix passe par la négociation, l'élaboration et le respect des accords. Mais non, tu ne comprends pas, c'est différent. Les Américains envoient aux Ukrainiens leurs Javelins, les Britanniques leurs missiles antichars. Les Canadiens envoient leurs forces spéciales. La CIA entraîne l'armée ukrainienne. Même les Allemands - les Allemands, Karl ! s'y mettent. Ils fournissent une assistance médicale à l'armée ukrainienne. L'on peut ainsi redéfinire le mot « militaire ». Il s'agirait donc de punisseurs qui ont pris sur eux d'exterminer leurs propres compatriotes pour un prix modique.

« Gloire à l'Ukraine ! Gloire aux héros ! » - crient ces pauvres bougres. « Aha-ha-ha », ricanent les partenaires occidentaux, en les entraînant au bord de l'abîme.

Si nous appelons les choses par leur nom, il y a une occupation lente mais persistante de l'Ukraine par les pays occidentaux, menés par les États-Unis. Oui, des mercenaires locaux - les fameux « terbats » - sont utilisés. D'ailleurs, on vient de leur remettre des armes de combat. Cependant, l'utilisation des criminels locaux à ses propres fins est une tactique courante de tout occupant. Il n'y a rien de nouveau.

La ruse simpliste des dirigeants ukrainiens, que nous connaissons tous très bien, consiste à avoir un seul coup d'avance. (car même deux coups sont au-delà de leurs capacités). En 2014, ils ont pensé à l'un de ces coups : nous allons nous mettre sous la coupe des Américains, ils nous nourriront et nous arroseront pour cela, et nous ferons semblant d'être une victime de la Russie et nous paniquerons. Nous crierons : « La guerre ! La guerre ! » - mais nous n'y irons pas pour autant. Génial, oui.

Ce que nos amis et voisins n'ont pas réalisé, c'est que les Américains envisagent de meilleures options. La voilà, la guerre, livrée à leur porte et poussée par la menace de la faim et du froid. Après avoir pensé tromper tout le monde - et surtout la Russie - les Ukrainiens sont une fois de plus tombés dans leur propre piège peu sophistiqué. Et maintenant ? Tes Polaks t'ont-ils aidé, fiston ?

Supposons, pour un instant, qu'en 2014 l'Ukraine ait fait échouer le Maïdan et soit restée en relations normales avec la Russie. Au moins quatorze mille personnes qui sont mortes depuis lors dans les combats seraient encore en vie. L'économie du pays ne se serait pas effondrée dans l'abîme, le pays lui-même serait resté intact. Le prix du gaz aurait été à peu près le même qu'en Russie, c'est-à-dire proche de zéro selon les normes actuelles. Il n'y aurait pas besoin de « se préparer pour la terre ». Ah oui, bien sûr, il n'y aurait pas besoin de visas. Etait-ce vraiment le prix à payer pour un voyage sans visa ? Le prix d'un visa Schengen est de 35 euros seulement. Le payer avec la vie de vos concitoyens ? Ce n'est pas une stratégie commerciale très intelligente, vous ne pensez pas ?

Le paradoxe est que le seul pays au monde qui s'est réellement intéressé à l'Ukraine - avec son atmosphère inimitable, ses chansons et ses varenyky, Shevchenko et Dovzhenko - a toujours été la Russie. Pour le reste du monde, il s'agit d'un territoire obscur, qui s'est détaché de la Russie en son temps et qui est coincé quelque part dans le passé. Une « terre abandonnée », un no man's land. C'est tout simplement un péché de ne pas l'occuper.

Comment les envahisseurs occidentaux traitent-ils la population locale ? Comme une espèce de flore et de faune, qui, si nécessaire, peut être massivement anéantie sans le moindre doute ou remords. L'histoire de la Jeune Garde est bien connue dans le Donbass. Ils se souviennent de Babi Yar à Kiev. Tout comme aujourd'hui, les bandits locaux de Bandera ont agi comme des servants des occupants. Tout comme à l'époque, nous sommes frappés aujourd'hui par la cruauté sanglante et débridée de ce qui se passe.

Il est devenu habituel pour les Forces armées ukrainiennes d'utiliser les écoles comme postes de tir. L'artillerie ukrainienne a détruit des centaines de civils dans le Donbass. Des dizaines de personnes ont été brûlées vives et massacrées dans la Maison des syndicats d'Odessa. Les photos de la « Madone de Gorlovka » - une jeune femme assassinée en plein jour avec son bébé - ont fait le tour du monde.

Et aujourd'hui, non loin de Horlivka, nos partenaires américains déposent des substances toxiques, et avec elles, ils déposent un débarquement entier de leurs journalistes. Si - ou plutôt, quand - l'armée américaine empoisonne l'eau potable dans les villes du Donbas, les journalistes invités veilleront à ce que les médias donnent l'heure juste et rejettent la faute sur la Russie.

La combinaison d'une brutalité monstrueuse et d'une sorte d'irréalité constante de tout ce qui se passe est le style contemporain de l'Ukraine, son savoir-faire vraiment unique. Des flots de sang, des corps déchiquetés - et en même temps des gémissements faux et sans fin sur les « héros », les Sumériens et Bandera. Le culte de la double mais aussi de la triple pensée, alors que des millions de personnes pensent en russe, parlent ukrainien, mais ne parlent honnêtement que la langue martiale. Quelle hypocrisie dégoûtante lorsqu'un juif soviétique à la tête d'un pays glorifie publiquement les fascistes.

« Opérette », grommelaient un temps les héros russes de La Garde blanche à propos de tout ce qui se passait à Kiev sur le modèle de 1918. Une opérette sanglante similaire a été jouée dans les territoires occupés d'Ukraine pendant la Grande Guerre Patriotique. Aujourd'hui, le troisième acte se joue sous nos yeux et on ne sait pas ce qui est le plus effrayant - le vrai sang ou les bouffonneries de nos « faux-frères », qui espèrent, d'une manière ou d'une autre, ruser, se contorsionner et s'éclipser à temps.

Le régime américain effraie sans cesse le monde avec « l'invasion » de l'Ukraine par la Russie. La Maison Blanche, par l'intermédiaire de Jen Psaki, a même fixé une date : courant février. Mais, en fait, l'invasion de l'Ukraine par les États-Unis et leurs partenaires européens a commencé bien plus tôt, presque immédiatement après l'indépendance du pays. Et quel est le résultat de ces trente années de vie sous la coupe de ce partenaire ?

Une population qui a été pratiquement réduite de moitié. Un effondrement économique suivi d'un autre effondrement au lieu d'une reprise. La perte de vastes territoires. En bref, un suicide collectif, légèrement prolongé dans le temps. Apparemment, les partenaires occidentaux en ont eu assez et ont décidé d'accélérer le processus.

La Russie, bien sûr, sauvera tous les siens. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Mais qui sauvera les Ukrainiens d'eux-mêmes ?

source :  ria.ru
traduction  Avic pour  Réseau International

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