06/04/2016  35 min #110933

Rupture avec le paradigme de la valeur (introduction)

Rupture avec le paradigme de la valeur

(des modifs peuvent encore être apportées à ce document)

On parle de changer le système quand on se sent embarqués dans un quotidien dont l'évolution nous échappe, impuissants à faire que la justice soit rendue, et que les perspectives d'avenir s'assombrissent.

Le système du commerce fondé sur l'argent liquide et la propriété privée n'ont servi qu'à déposséder les humains de leurs ressources et à les asservir jusqu'à l'humiliation et la démence, au nom de "profits" qui ne servent qu'à nourrir l'égo de criminels irrationnels avides de pouvoir.

Toute l'architecture actuelle est basée sur le commerce de marchandises. Il ne suffit pas de jouer sur l'interdiction ou la légalisation de transactions pour s'extirper d'un cadre systémique à l'intérieur duquel l'arnaque, la duperie, "le mal" sont des sources de profit. Où tout s'achète le moins cher possible et se revend le plus cher possible. A l'intérieur duquel l'individualisme pousse au crime et à l'irresponsabilité, et où finalement le droit entre en rivalité avec les moyens d'exercer ces droits.

L'argent est une sorte de condition placée entre l'humain et ses droits. On a le droit de manger, habiter, s'instruire, mais pas toujours les moyens. On est soit-disant "libres" mais forcés de travailler pour survivre au jour-le-jour. Par contre les industriels ont le droit, parce qu'ils en ont les moyens, de raser des forêts, de polluer, au détriment de ceux qui en vivent, et au détriment de toute une chaîne de conséquences écologiques, sans que cela ne puisse être comptabilisé, pas plus que la santé des travailleurs.

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La complexité du principe de valeur

La question de "la valeur" (des choses, objets, marchandises) est d'une infinie complexité. C'est un terme sémantique dont la définition est très vaste, mais sur le plan technique elle est très limitée.
Ce qu'on veut dire à travers l'emploi du terme de "valeur", est une description de la réalité. Couramment, on y intègre les notions de "l'offre et la demande", fondé sur le "la valeur de la rareté", et des notions psycho-affectives. Pourtant on a un besoin existentiel de connaître, non pas "la valeur", mais la réalité qui encadre une transaction. C'est essentiel car dans un système social, la vie humaine peut dépendre de cette perception de la réalité. C'est donc vital.
C'est pourquoi il est nécessaire d'opérer une amélioration systémique substantielle.

Pour connaître réellement la valeur de chaque chose il faudrait un algorithme qui tienne compte en temps réel de l'ensemble des composants d'une chaine de production allant des matières premières à l'éducation des travailleurs, en passant par l'amortissement des immeubles. A cela, il faudrait rajouter une estimation de l'ensemble des conséquences en aval de la production, et la déduire de la valeur initiale.

(Un jour, avec les "bloc en chaînes" - topologie de logiciels appelés à la chaîne - on aura les outils pour apporter des estimations plus fines de la valeur. Cela nous servira ultérieurement, au sein du nouveau paradigme que nous présentons.)

Autant admettre tout de suite que c'est impossible de connaître "la valeur" de chaque chose. Pourtant il faut mettre un nom sur les considérations qui sont des sources de conflit. Ces considérations restent impossible à estimer, et donc restent sans effet sur les échanges, et sur le système.

C'est impossible de faire ce travail sans rompre avec le paradigme initial selon lequel on mesure la valeur de toutes choses sur une seule et unique échelle de mesure, l'argent, allant de zéro à l'infini.
Car nécessairement, il faut jongler avec différentes échelles de mesures de la valeur des biens, services, savoirs, et génie humain qui sont à l'œuvre.
(Dans l'avenir on pourra envisager une telle prouesse sur la base des blocs en chaîne [arborescence de blocs logiciels], afin d'obtenir une estimation numérique des différentes valeurs d'un même objet. Et aujourd'hui déjà on sait faire des prix algorithmiques, qui changent en permanence selon les conditions, par exemple dans la vente de billets de train.)

Pour prendre quelques exemples, la valeur d'un bien commun n'est connue qu'une fois que celui-ci est détruit, en songeant à tous les services qu'il a rendu. La valeur d'un bien immatériel (logiciel, information, musique...) ne peut pas être l'objet d'une transaction en argent liquide sans interdire stupidement sa diffusion aux plus démunis. La valeur des ressources naturelles doit tenir compte des espèces animales exterminées, et des potentielles découvertes futures qu'on ne pourra jamais faire, de l'usage qui va en être fait, ou parfois des séismes provoqués par leur extraction. Et enfin la valeur du génie humain, la plus gratuite et la plus précieuse, est l'objet d'un vol permanent à l'occasion d'un chantage à l'emploi. Fruit de la pression des idées, elle n'a aucune valeur et pourtant tout repose sur elle. Les humains sont mis en concurrence les uns contre les autre au lieu de travailler ensemble.
Et enfin, que dire de la valeur sentimentale de nos possessions, qui fut à l'origine du principe de propriété privée ? Elle est incoercible et parfaitement impossible à estimer... sauf par l'exercice de la compassion.

On ne peut donc pas tout confier à un calculateur pour obtenir ces équivalences qui autorisent les transactions.
On a créé un système absurde (enfin il l'est devenu en étant porté à l'échelle globale) et pour faire que ça marche il faut d'interminables lois, législations, et luttes pour finalement gagner que le droit de jouer arbitrairement sur la valeur des biens.

La plus évidente solution, pour un concepteur de systèmes, est d'augmenter légèrement le niveau de complexité afin de résoudre d'un coup une immense quantité de tracasseries aberrantes.

Parmi ces tracasseries, une énorme part de l'activité humaine, celle qui est libre, n'a pas vocation à être financée ; Il faudrait que l'éducation soit lucrative, et à défaut elle devient un formatage plutôt qu'un moyen de s'éveiller. Tous les métiers doivent se dupliquer en un pendant commercial en plus de l'activité proprement dite, qui elle-même en souffre en terme de qualité. Le moins que l'on puisse dire est que cela n'est pas très "économique".

Une mécanique plus judicieuse permettrait de produire une meilleur économie, sur le plan du rendement de l'énergie humaine, de qualité et quantité, et enfin et surtout sur le plan de l'utilité à grande échelle.

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Les solutions viables et non viables

On pourrait juste nationaliser l'ensemble des industries et les banques.
On pourrait reverser tous les bénéfices des entreprises aux états, garants de leur bonne santé et du bien public (semi-nationalisation).
On pourrait créer un logiciel qui apporte des correctifs aux prix en temps réel en fonction d'une infinité de paramètres, en essayant de rendre les prix proportionnels aux revenus.
On pourrait juste donner de l'argent à tout le monde tout le temps pour qu'il achète tout ce qu'il veut et calmer sa grogne, puisque le système est sensé marcher comme ça.

Mais les industries en seront toujours à chercher comment amasser le plus d'argent possible. Il reste que nous seront toujours poussés à l'achat par des méthodes de plus en plus vicieuses. Il reste toujours que le commerce n'est rien d'autre qu'un chantage, opérant de sorte qu'après la transaction, on puisse dire que les comptes sont réglés. Et il restera toujours la folie des puissants que ce système engendre, sans oublier son individualisme.

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Faire que la monnaie soit des Droits

Ce qui autorise les transactions doit appartenir à une action politique de bas niveau (les affaires courantes).
Des comités devraient avoir la charge d'avaliser les activités industrielles jugées nécessaires (vitales ou secondaires) et leur attribuer, politiquement, les moyens d'exercer, c'est à dire des Droits.
Une fois cet aval obtenu, une industrie obtient une légitimité et des moyens lui sont alloués. Ces moyens sont nominatifs, et suffisants pour exercer son métier dans de bonnes conditions. Et sa légitimité l'inclue d'office dans un circuit de gratuité, dont elle profite et fait profiter les autres. L'entreprise n'a rien a "payer" si son activité est désirée et attendue. Et d'autre part ses achats lui paraissent "gratuits", c'est à dire ayant le droit dy accéder, à ceci près que ces dons proviennent d'autres industries qui, par la même, renforcent la légitimité de leur activité.

C'est un système où les acteurs se renforcent les uns les autres en transmettant leurs biens à ceux qui en ont besoin. L'état, par la justesse de ses choix, ne fait que donner le feu vert à ces droits d'accès. L'état délivre des Droits.

En termes simples, la monnaie est remplacé par le droit, et ces droits sont l'objet de délibérations scientifiques et démocratiques. (Les besoins s'énumèrent en terme d'information et les jugements sont humains).

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L'esprit de la liberté

Ni sommet, ni tréfonds. On a beaucoup à apprendre de la Liberté. Elle a des pratiques et relève d'un état d'esprit.
Des groupes doivent travailler ensemble et appartenir à des groupes plus globaux. Entre eux, il doit y avoir une parois d'ingérence, spécifiant que chacun a l'amplitude de choisir les méthodes, et les moyens qui lui semble les plus adéquats, en tant que professionnel. C'est en étant libres qu'on acquiert la connaissance, qui à son tour contribue à l'harmonie.
Il n'y a jamais rien eu de plus déshumanisant que le travail "à la chaîne". Dans tout travail il y a une labeur, mais elle est insupportable si elle n'est pas accompagnée d'une envie, d'une passion, d'un accomplissement.

S'il doit y avoir un régissement global et semi-global, ce ne serait qu'avec un sentiment paternel d'aide et d'assistance, afin de stimuler la créativité et le bien-être. Cela ne peut servir qu'à résoudre les injustices et les inégalités.
Ce terme d'inégalités, n'est-il pas intimement lié au fait qu'on se figure toujours qu'une égalité est comme ce qui autorise une transaction, une équivalence, et que pour la mesurer, il faut faire des estimations ? Mais quel talent ont les hommes pour estimer, sous-peser, jauger la réalité ? Pourquoi se comparer aux autres permettrait-il de justifier une injustice ? Les injustices, ne sont-elles pas flagrantes ? Elles sont tellement énormes qu'on est très loin d'en arriver au stade minutieux où on n'aura plus qu'à sagement faire les comptes au millimètre près et parler d'équité.

Si on veut que tout le monde soit logé à la même enseigne, il faut au préalable établir, dessiner et élucider cette "enseigne". L'architecture sociale obtenue en fin de compte doit s'armer de principes affirmés et limpides, tels que la liberté, et tout l'esprit de la liberté : la paix de l'esprit, la sagesse, l'amplitude des choix.

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4 échelles de mesure, 4 types de droits.

L'argent est utilisé confusément pour 4 échelles de grandeurs bien distinctes, que sont :
- les meubles (matériels cessibles)
- les immeubles (matériels partagés)
- les immatériels (gratuits en eux-mêmes mais dépendent du support matériel)
- l'humain (immatériel collectif)

Pour 3 de ces dimensions, le principe du commerce est inepte (ou inadapté). Historiquement il a fallut s'accommoder de principes et de règles pour faire que ça marche, mais avec l'apparition du champ immatériel (avec les logiciels, les données) on est arrivés aux limites du système prévu à l'origine pour l'échange d'objets cessibles, utilisant un argent liquide (qui se transmet).

C'est cette confusion des genres qui est le Frankenstein moderne. N'est-il pas absurde d'estimer la valeur des biens communs en nombre de cacahouètes, n'est-il pas dégradant que la vie humaine (en temps, en énergie, et même ses organes ou son asservissement) puissent être achetés comme de vulgaires objets de consommation ? N'est-il pas sidérant que la vie humaine, ainsi que son habitat, soient l'objet de transactions commerciales ? N'est-ce pas la marque de l'inconsistance philosophique de celui qui ignore encore que sont passage sur terre n'est que très bref ?

Dans le modèle que nous présentons l'Etat délivre des Droits. C'est à la fois la banque et l'organisateur du Système. Ce que nous nommons l'Etat peut très bien être une structure à l'échelle locale ou à l'échelle mondiale. En pratique ça se résume à un serveur de données, et à des opérateurs qui avalisent des activités qu'elles veulent affilier.

Il y a 4 types de droits :
- les droits inconditionnels
- les droits professionnels
- les droits structurels partagés
- les droits exceptionnels

1. Les droits inconditionnels : Tous les mois chaque individu obtient "le droit" d'accéder à des biens et services qui lui sont indispensables, et dont l'accès est inconditionnel, sauf à en abuser. Ces droits sont supérieurs aux besoins et n'ont pas à être entièrement utilisés. Chaque mois ils sont réinitialisés en fonction des nouveaux résultats globaux. Cela veut dire que moins on en dépense, plus ils augmentent de façon globale le mois suivant. Ces droits s'expriment avec une monnaie similaire à celle que nous connaissons, liquide, cessible, c'est la Red Money (pardon pour l'anglais, on peut dire la monnaie courante). Elle ne permet d'acquérir que des biens transférables et matériels. Ces biens sont génériques et limités, et la valeur de ces bien est également décidée de façon arbitraire par l'état, qui possède ainsi deux leviers pour assurer l'équité de la répartition (la quantité versée et le prix des biens).

2. Les droits professionnels, la "Blue money", sont les moyens accordés aux activités industrielles et collectives pour exercer leur activité, en terme de ressources humaines. Chaque professionnel possède un coefficient qui estime sa compétence, et son salaire est versé par rapport à ce coefficient. L'entreprise n'a pas à se soucier de cela, les droits qu'elle possèdent s'expriment en nombre et en types de métiers requis pour l'exercice de son activité. Le salaire est versé en monnaie courante à l'employé, directement par l'état.
Au final la Blue money exprime la quantité maximale de personnes qu'on accepte d'allouer à une activité.
De cette manière, la pression qui repose sur les travailleurs n'est pas un chantage au licenciement, mais la légitimation de l'activité à laquelle ils acceptent de contribuer.

Une industrie n'a aucun droit de posséder un immeuble, une aire ou un volume d'espace naturel, seulement de s'en servir de façon respectueuse. C'est par usufruit qu'elle peut profiter des biens collectifs, qui seront restitués et transmis à d'autres après la fin de leur activité.

3. Les droits structurels partagés (ou communs) permettent de financer le genre de biens dont la valeur est le plus souvent l'objet d'un amortissement. Elle concerne les machines-outil, les infrastructures, les biens et services publics, les espaces publics, les transports, les voies de transport, et les immeubles. Bref, tout ce dont la valeur ne peut être imputée à une seule personne (physique ou morale), et dont l'usage à long terme justifie progressivement l'investissement.
Cette monnaie d'infrastructure permet d'activer des industries en leur versant de la monnaie de travail (Bleue) et de la monnaie courante (rouge).

Il faut saisir à ce stade que la collectivité qui fait usage de cette monnaie d'infrastructure la reçoit de l'état, dans les mêmes conditions qu'une industrie la reçoit d'un comité, après examen d'un organisme vaste en compétences et en nombre. Chaque citoyen est libre de contribuer à un organisme sectoriel, cela constituera pour lui une activité professionnelle.
Les réalisations commises par les collectivités restent la propriété de tous, en tant que biens publics, et ne sont pas de nature à être vendues, cédées, ou abandonnées.

Ces collectivités, qui reçoivent ces droits structurels, sont en relation à la fois avec les organes de l'état, et avec les industries, car elles sont également en charge de répondre aux besoins en termes de machine. Ce sont donc elles qui font ces acquisitions, afin de mettre ces outils à disposition des autres industries. Leur rôle de gestionnaire les conduit à réutiliser au maximum des outils existants et inusités.

4. Enfin les droits exceptionnels sont aussi variés que rares, ça concerne tout un panel de transactions dont la plupart des gens n'ont pas besoin, mais sont occasionnellement nécessaires pour certains, que ce soit d'ordre civil (médical, social), professionnel (équivalent des assurances), organisationnel (catastrophe naturelle, crise humanitaire), ou encore purement émotionnel (suite à un vote la plus grande star de la pop-musique a droit à un yatch !).

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Tout ceci vise à recentrer l'activité humaine en priorité sur ses besoins les plus importants, puis une fois qu'ils sont satisfaits de façon homogène, sur des besoins de plus en plus étendus. La question de fond, en pensant à régir de cette façon les différentes monnaies, est que, d'une part elles ne peuvent pas être volées ou détournées, utilisées à mauvais-escient, et d'autre part, surtout, il ne s'agit que de permettre d'avaliser les transactions, sur lesquelles toute la société civile possède un droit de regard.

Ceci est très important car, si on résume ce système à une échelle micro-sociale, ça revient au fait de dire que tout est gratuit pour tout le monde, mais à condition que personne n'en abuse. Si on a 2 agriculteurs, 3 poulaillers, et dix citoyens, chacun œuvre à fabriquer ce dont les dix citoyens ont besoin, de façon organisée, et en priorisant leur activité en fonction du plus urgent. C'est ce qu'on appelle une organisation rationnelle des richesses.

Dans un tel système il n'y a aucun problème à fermer une usine pour en ouvrir une autre, la vie des gens ne tient pas qu'à une usine, mais à un système. Pour cette raison, si une usine ferme, c'est que c'est forcément une bonne chose à l'échelle globale. Ce faisant, d'autres peuvent naître.

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Les valeurs

Nous parlons d'établir non pas un système d'échanges inter-individuels, mais un système contributif fonctionnel.
Avec les monnaies nominatives, on a doit d'acheter à manger (ce qu'on veut) mais seulement à manger. Une entreprise peut embaucher, mais pas avec son argent de roulement. On a des droits d'accès à des outils et biens communs, qui peuvent dépendre de nombreux facteurs. Les monnaies sont assignées à des classes d'activités qui ne sont pas comparables entre elles.

Les transactions ne sont pas avalisées par l'équité entre sa valeur en argent d'un côté, et sa valeur estimée de l'autre, jusqu'à l'obtention d'un signe "égal" entre les deux. Ce qui importe le plus aux yeux d'une gestion à grande échelle, aux yeux d'une planification, c'est que les transactions nécessaires puissent avoir lieu, rapidement et simplement. Ce que nous faisons, le travail de l'état, c'est de déterminer les transactions qui sont nécessaires, et ce faisant, de les permettre.

Ce mot "permettre" paraît faible, mais l'argent aussi "permet" tant qu'on a confiance en sa valeur, c'est à dire confiance en ceux qui veulent bien le prendre. Ici "permettre" a une acception plus large, on ne recherche pas l'égalité numérique, puisque la permission est déjà acquise de façon légale. On est libres de donner des objets sans permission, mais cet aval atteste d'un besoin attendu par l'ensemble du système. C'est donc un sacré défi pour une organisation humaine, travaillant à l'affectation de ces droits.

Une façon de visualiser le concept de droit d'accès, remplaçant celui de valeur, est de se dire qu'au lieu de confier à une égalité mathématique le déclenchement de l'autorisation d'une transaction, on la confie à un algorithme, une forme plus complexe d'intelligence, qui prend en compte de nombreux paramètres, élémentaires, légaux, sociaux, et organisationnels. C'est simplement comme si on remplaçait le signe "égal" par une fonction de validation.

C'est dans cette mesure que nous qualifions ce système comme étant d'un plus haut degrés de complexité, et donc de puissance. Le nombre de problèmes résolus par ce simple degrés de complexité est phénoménal. D'un seul coup les transactions ne se font plus en catimini, mais de façon organisationnelle. Si cela coupe l'herbe sous le pied de toute la criminalité d'un coup, c'est parce qu'en même temps cela permet d'éradiquer tout famine, pauvreté, et injustices sociales. Clairement si le système fait bien son boulot alors les plus malchanceux n'ont plus à entrer dans la criminalité pour survivre.

Ce qui fluidifie et simplifie les échanges, est le fait qu'ils soient nominativement autorisés. Peu importe leur "coût" à l'échelle des centimes, on ne les comptabilise pas en tant que valeur mais en tant qu'objets. On désire que ces objets soient de la meilleure qualité possible, et si rien n'empêche d'avoir du choix, rien n'oblige, en revanche, à avoir des objets redondants. Ce qui contribue le plus à la qualité est que les travailleurs se concentrent sur le perfectionnement d'un modèle, commun, respectant des normes.

La valeur des biens importe peu, par contre leur usage, le fait qu'ils soient désirés ou non, conditionne les moyens accordés à leur production. En procédant ainsi, l'état n'est rien d'autre que le garant du bon usage de ses ressources, de la légitimité des transferts de marchandises.
En procédant de la sorte, le discours industriel change : il passe de "si tu payes plus tu as mieux" à "à prix équivalent, ce que tu choisis justifie les industries qui y ont contribué".

A ce stade le lecteur devrait déjà être en train de se demander, pour que ça marche, comment s'établissent les "prix".
On essaie de mettre à un même niveau de droits des produits équivalent, par exemple on a droit à 5 litres de lait par semaine, ou 4 litres de lait bio, ou 6 de lait local. On peut acheter 1 litre de chaque, et l'ordi s'occupera de faire les calculs. Un jour la carte de paiement répondra "droits dépassés", mais la transaction aura quand même lieu. Et d'office, d'autres droits seront amputés.

Ce qui compte est que les objets (matériel et cessibles) ont une valeur qui est nominative. Elle n'est l'objet d'aucune inflation, c'est une valeur qui est décidée en interne. Cette valeur interne est parlante du ratio entre l'offre et la demande habituelle et attendue. Cette valeur n'est pas le prix de l'objet, mais un ID qui récapitule sa nature.

Ensuite les droits s'expriment par une fréquence quantité/temps, qui est adaptative selon les régions et les conditions.

C'est pour cela qu'on peut librement dépasser ces droits, sachant que cela aura seulement un effet légèrement négatif sur la réaffectation des droits au prochain mois de réinitialisation.
En fin de compte l'ensemble de la communauté assume l'affectation équitable des ressources.

A cette mécanique il faut ajouter une élasticité. Elle est très importante pour avaliser certaines activités, par exemple celles du transport de marchandise afin d'égaliser des régions. En effet à l'intérieur de certaines bornes, le système n'agit que par répartition, mais il y a des bornes qui sont infranchissables, en terme alimentaires par exemple, celles du codex qui détermine le nombre minimum de calories que chacun doit assimiler chaque jour, ainsi que leurs diverses natures (vitamines, protéines, eau...). Quand on s'approche de ces bornes, cela déclenche une activité de transport de marchandise, quitte à ce qu'elles soient moins disponibles à grande échelle.

Cette mécanique de substitution du principe de "valeur" par un principe de légalité a l'avantage de faire primer l'exécution de la transaction sur ce qui l'autorise finalement.

Déjà, rien que ceci rend impossible toute activité illégale, soit 50% du marché mondial, rend inutiles le vol, la possession de biens pouvant servir à d'autres, tout le système bancaire, les assurances, et la finance. Au final, toute cette main-d'œuvre dégagée est désormais disponible pour des projets de bien commun, faisant diminuer le temps de travail minimum requit pour chacun.
Quels que soient les écueils qu'on pourra rencontrer, ça vaut déjà largement le coup.

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Les revenus

L'activité professionnelle est rémunérée en terme d'accès aux biens.
Sur un compte social, les crédits basiques sont réinitialisés chaque mois, et servent à la simple subsistance.
C'est un système qui fonctionne prioritairement, en ponctionnant éventuellement des droits qui ont pourtant été accordés à des travailleurs. C'est un système minimum capable de permettre la survie dans des conditions difficiles, telles que des catastrophes naturelles.

Mais on est pas obligés de les utiliser, si on dispose de revenus professionnels.
Les revenus sont établis de façon encore plus simplifiée que celle des biens, puisqu'ils dépendent d'un coefficient professionnel, qui permet d'établir, d'après des compétences acquises, des études, et d'après l'expérience, le ratio qui sera appliqué au revenu de base.
Ainsi le revenu social peut être complété de 1, 2, 5, 10 fois sa valeur. (Il n'y a pas d'utilité à aller plus loin.)

Ce revenu dont on parle, sont toujours des droits. Ce sont autant des droits élémentaires que d'autres droits d'accès, à des terrains, habitations, et toutes sortes de belles choses luxueuses que nous les humains aimons bien fabriquer !
En somme on peut dire qu'on est payés en nature, en bidons de lait, en énergie, en nombre de mètres carrés par mois, ou en jolis véhicules décoratifs et ronronnants.

L'état délivre des droits d'accès à des ressources humaines à des entreprises, exprimés en nombre de personnes voire en types de compétences. Mais ensuite, les individus étant libres d'adhérer à l'une ou l'autre activité, ne sont pas freinés ou happés par le salaire qui correspond à leur travail. L'entreprise ne comptabilisa pas, ni n'a besoin de connaître vraiment, le coefficient professionnel de l'employé, et donc son revenu. C'est de lui-même que l'employé décide de travailler pour telle ou telle entreprise, et le temps qu'il le désire. Toutefois cette décision est validée par l'accord de l'entreprise, qui doit opposer des raisons équivalentes à celles qui justifieraient un licenciement, c'est ç dire des raisons pratiques et vérifiables. (trop petit pour être chauffeur de bus !).

Tous les mois, sont publiés les besoins professionnels en fonction des priorités. Et en fonction des domaines professionnels, et des emplois déjà occupés, un certain nombre de personnes se voient incitées à rejoindre l'une ou l'autre équipe, de préférence la plus proche de son domicile.
Sans aucun problème il est possible d'estimer que le nombre d'heures de travail obligatoire par personne soit proportionnel au ratio entre le besoins élémentaires et le reste de la production, à environ 1 heure par jour et par personne. (au préalable on a libéré 50% des travailleurs du système du commerce (4h), et le fondamental représente grand maximum 25% de la production mondiale.)

Pour être embauché, il faut regarder (en ligne) les postes disponibles (ceux qui apparaissent sont ceux pour lesquels on est jugés compétents), et il suffit d'accepter cette tâche pour y être attendu et remplir.
On a notre coefficient professionnel, qui en soit est tout un système qu'on expliquera plus tard, qui est différent selon les types emplois, mais avec certains facteurs qui valent pour tous. Et à ce coefficient s'applique le cours du revenu de base, qui s'y ajoute.
Finalement, le salaire n'est pas tant une motivation que celle de trouver l'endroit dans lequel on se sent le mieux.

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Le rôle de l'état

Et si la monnaie sociale est réinitialisée chaque mois, quel que soit le montant qu'il y a sur le compte, le deuxième compte est incrémentiel. Les droits accordés peuvent s'accumuler, cependant des droits trop anciens, obsolètes, ou requis par nécessité peuvent être confisqués.
Non pas qu'il s'agisse (redouté) d'un bail-in, il faut plutôt le voir comme le fait que toute la possession de l'état, toute sa richesse, est entre les mains de tous ses habitants. De cette manière, c'est à eux-même que revient la nécessité de contribuer, parfois quand c'est nécessaire, au bien commun, en affactant ces ressources là où elles sont indispensables.

Si l'état possède son propre compte de crédits, c'est pour son propre fonctionnement. en lui-même il ne possède pas de richesse, d'or dans des caves ou de terrains, ou de bâtiments, sa fonction consiste seulement à allouer ces biens aux projets dont l'impact aura été jugé favorablement.
L'état, ou la coopérative à l'échelle régionale, ou encore l'administration mondiale, n'ont pour seule prérogative que d'allouer des ressources, détenues par les uns, aux autres. Elle n'a aucun moyen d'empêcher que ces allocations soient spontanément allouées entre les gens eux-mêmes. Elle en mesurera l'influence et l'intérêt, et devra les compenser s'ils sont négatifs.

Il est important à ce stade de dire que si un état mondial est une abomination dans le cadre du commerce systémique, dans celui des leviers logiciels c'est une nécessité qui n'est pas très excitante.
Notez qu'en faisant des état des organismes d'allocation des ressources auxquels on peut faire confiance (des oligo-organismes on peut dire, car ils peuvent être plusieurs, chacun allouant des ressources insuffisantes), avec une approche "paternelle" comme on l'a dit, bienveillante et sans influence sur les choix individuels, on a opéré une mutation absolument majeure : les états ne sont pas en concurrence, ils travaillent ensemble.

Dès lors, les ressources ne sont la propriété de personne mais de tout le monde. Le travail des états, en croisant leurs données, sera d'établir les allocations les plus urgentes de ces ressources, et ensuite, les plus profitables, que cela soit en terme du nombre de personnes concernées ou des évolutions techniques prometteuses par exemple.

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Le but lucratif d'échelle.

Le but de chaque industrie, prise indépendamment, est du ressort de sa catégorie professionnelle. L'alimentaire a un but de qualité, l'alimentation étant le principal vecteur de la santé, c'est en mesure de la santé qu'on estime la valeur de l'alimentation. A l'échelle de la planification, on désire des citoyens en bonne santé. Ce gain est vaguement mesurable statistiquement. C'est pourtant ce gain qui est recherché. L'entreprise en elle-même, poursuit un but qui la dépasse. C'est un confrontant le résultat de son activité qu'elle justifie son existence.

Aujourd'hui, dans le système du chantage commercial, on passe énormément de temps à convaincre, mentir, embrouiller l'esprit des clients, pour les forcer à acheter des produits nocifs pour eux et les autres. Au mieux on essaie de se rendre indispensable pour justifier une plus grande ponction dans le prix final. Le principal responsable est le but lucratif. Vous l'aurez remarqué, si d'un côté le rendement du travail a augmenté, la quantité de travail à faire augmente toujours. Les chaînes de production s'allongent considérablement et de plus en plus d'acteurs viennent s'intercaler entre le produit et son acheteur, lui faisant subir parfois un parcours du combattant. Ces acteurs apportent de nouvelles compétences et profitent de leur position pour ponctionner de l'argent au passage, ce qui augmente la valeur des produits, ce qui ne déplaît pas aux comptables du PIB (dont 1/3 disparaît dans les paradis fiscaux, sait-on).

La réflexion qui a été faite au début était toute simple, enfantine : si on supprime le but lucratif tout au long des chaînes de fabrication, il s'avère que les biens courants, tels que les vêtements, l'alimentation, seraient vendus dix, cent, mille fois moins chers selon les cas. On connaît tous le prix des chaussures Nike (environ 40 centimes aux dernières nouvelles - à vérifier) et leur prix de vente (environ cent euros). "Nike, la marque de ceux qui n'ont rien compris au système".
Et que penser si, en plus, on supprime les actionnaires, les salaires des patrons, et les impôts ? Il est parfaitement évident que tout ce qu'on achète ne coûterait presque rien, qu'il n'y aurait plus de pauvreté, plus de famine dans le monde.

Jusqu'ici on parle de "prix coûtant", c'est dire en incluant les salaires et l'ensemble des coûts normaux. Souvent l'équilibre comptable est difficile à maintenir, alors parler d'absence de but lucratif peut paraître absurde, dans une société où tout le monde fait faillite.

Sauf qu'on l'a vu, l'ensemble des coûts de l'entreprise sont supportés par l'état. De fait, les activités professionnelles, surtout les industries, mais aussi ceux qui le désirent, sont semi-nationalisés. L'état leur accorde tous les moyens dont ils ont besoin, et régule ces moyens en fonction des résultats, ponctuels (concernant l'activité elle-même) et globaux (en mesure d'autres facteurs, tels que l'impact écologique par exemple, ou l'évolution technologique).

L'avantage certain est que l'entreprise est débarrassée d'une somme considérable de soucis d'ordre comptables. Elle fait avec ce qu'elle a, sachant que ce qu'elle a, lui est accordé de façon politique, légale, légitime, et résultant de débats.

Il en va de même pour les salaires.
La monnaie de travail permet de payer des salaires, qui arrivent sous forme de monnaie courante sur le compte de l'employé. Celle-ci s'ajoute aux droits élémentaires, ce qui lui permet d'accéder à des biens un cran au-dessus du strict indispensable pour survivre.

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La place de l'humain

Au chapitre de la place de l'humain, dont la vie n'a pas de valeur aux yeux du système, on constate que c'est également sur lui que repose ce système. Comme sa santé se dégrade, le système se dégrade.

La réalité est qu'on ne peut pas compter sur le fait que les transactions inter-individus à l'échelle locale soient garants des meilleurs choix à l'échelle sociale, espérant que se produise de façon magique un équilibre, une harmonie, une répartition équitable des richesses.
C'est plutôt en partant de cet objectif qu'il faut bâtir le Système.

Et en même temps on ne peut pas régir les activités humaines en fonction des besoins sans frôler la menace d'une dérive dictatoriale. Ce n'est que par un constant retour sur expérience qu'on peut faire fonctionner ensemble, d'une part, le fait de répondre à des besoins, et d'autre part, la plus élémentaire des libertés individuelle.

Le fondement de tout ceci est psychologique, il faut que les gens arrêtent de vouloir penser pour les autres, de les forcer, de manquer d'écoute, de se croire plus forts que les autres. L'horripilante vérité est que l'immonde dérive dictatoriale politique mondiale est le reflet de problèmes psychologiques graves à l'échelle individuelle. Eux-mêmes sont imputables à une société individualiste, où le gain personnel prime sur le gain collectif. Et en même temps les temps on vite changé grâce à internet où on se rend compte qu'on fait partie d'un tout, que la plus petite partie a la plus grande valeur, et qu'en tissant des liens entre nous on devient capables de grandes choses. Ce n'est que comme ça que se forge une civilisation. Dès lors les règles du jeu doivent changer en conséquence. On se sent à l'étroit dans un système qui prône et récompense l'égoïsme.
On n'a plus besoin de "récompenses". Le système délivre des richesses de plus en plus merveilleuses au fur et à mesure qu'on y contribue en y mettant son coeur, son énergie, son génie.

De facto, il devient inéluctable que l'ensemble des productions appartiennent systématiquement à leurs consommateurs, de façon à ce qu'ensemble, ils décident ce qu'ils consomment, et soient respectueux des législations.

Une civilisation ne se fonde pas que sur son fonctionnement, c'est aussi l'envie que peuvent avoir ses citoyens d'y contribuer. Cette envie, se fonde sur les résultats obtenus par le passé, et la promesse que son avenir permet d'esquisser. Ces moyens d'action s'appellent "le pouvoir", et ces moyens ne sont rien d'autre que la légitimité. Enfin, cette légitimité n'est pas que le fruit d'une démocratie, c'est également celle des bienfaits objectivement produits par l'activité humaine, pour les humains, et pour leurs enfants. Ces bienfaits sont mesurables.

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La composante humaine

Le moteur du système, avant c'était l'égalité constatée psychologiquement, mais maintenant c'est un droit attribué légalement. Cela n'aurait pas été possible sans informatique (sans pour autant être très complexe à une échelle locale). Avant tout, c'est l'humain qui est la base de tout.
D'une part les algorithmes travaillent constamment pour affecter et mesurer l'usage des droits, des disponibilités, et des ressources, et dans ce cas ce sont des humains qui alimentent cet algorithme en données, et en procédures,
et d'autre part les délibération interviennent à tous les niveaux décisionnels de la société.

C'est à dire qu'on ne commence pas un débat sans avoir des données à analyser, à croiser, et des problèmes à solutionner. Simplement quand nos outils pour trouver des solution sont informatiques, on obtient une certaine quiétude quand on sait d'office que les buts recherchés sont possibles à atteindre, de façon logicielle.

Les débats interviennent pour décider collectivement d'une activité industrielle, et y allouer les ressources dont elle a besoin. Ils interviennent pour faire les choix stratégiques qui permettront une meilleure répartition des richesses mais aussi des charges professionnelles. Ils interviennent dans les organismes pour la création de biens collectifs et l'amélioration des biens fondamentaux.

Dire que les clients sont les patrons de l'industrie qui fabrique leur dessert à la vanille était un résumé trivial. En somme, oui, les clients peuvent utiliser leurs droit pour ces produits, ce qui "fait monnaie", parce que cela a de la valeur pour l'entreprise, qui peut demander plus de moyens. Donc la décision se fait au moment de la consommation.
Mais aussi elle peut se faire en amont, pour des raisons externes, environnementales. De sorte que si quelqu'un vote non pour l'expansion d'une industrie mais qu'il les consomme, son intervention est comme nulle.

Ce qui compte est que le citoyen ait son mot à dire dans des questions qui le concernent, dans la mesure où elles concernent ses autres droits. Si une activité se déploie, elle confisque peut-être de l'énergie à d'autres activités, emploie des hommes utiles ailleurs. C'est en mesure de tout cela, et parce que c'est vite compliqué, que dans un système social entièrement logiciel, les décisions humaines sont primordiales.

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Les contraintes du système

Nous concevons un système auto-suffisant, ce qui permet à la civilisation d'évoluer, de se forger de nouveaux objectifs et de les atteindre.
Un système doit être une boîte à outil, comme des Légo (comme un langage de programmation), qui permet de faire tout ce qu'on a envie, c'est à dire l'exercice de la Liberté. C'est sur cette envie que repose l'évolution de la société. (Si aujourd'hui elle n'évolue plus, c'est qu'on n'a plus envie d'y contribuer).

La liberté est le résultat du Système. Si, peau de chagrin, elle rétrécie, c'est que le système n'est plus viable.
Cette viabilité est conjointe au respect des Droits de l'homme.

C'est le moment de chercher les autres contraintes d'une architecture systémique :

- L'objet du système est de les maximiser les biens existants, en terme de quantité, de qualité, et de pérennité. Ces caractéristiques sont garanties par le système, et de cela dépend la confiance, et donc l'engagement du citoyen.

- La préservation de la nature, la consécration de 1/3 des terres émergées au règne végétal et animal, sont des résultats attendus de l'efficacité d'un système, qui sait utiliser au mieux les ressources qui sont les siennes. Le système a un devoir de rendement, d'efficacité.

- Les ressources naturelles doivent être partagées entre tous, sur toute la planète : cela n'est réalisable qu'avec la certitude que ces ressources sont maximisées pour être les plus utiles possible, au plus grand nombre.

- La production de biens doit être la plus efficace possible (robotisation, usines polyvalentes) et surabondante, de façon à engendrer finalement la gratuité des biens de première nécessité.

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Les droits partagés (ou communs)

On l'a vu (au début, il y a longtemps !) les biens communs sont les surfaces, ressources naturelles, immeubles, machine-outils, bref tout ce qui est partagé.

A cela s'ajoutent une dimension immatérielle de ce qui est partagé : l'éducation, la science, l'information, la culture.
Tels des collectivités (ça peut être des micro-collectivités) les organismes qui reçoivent une monnaie verte peuvent activer des industries (créant une monnaie bleue) et acquérir des biens (créant une monnaie rouge).

La culture, l'information, l'éducation, la transmission du savoir... il n'est jamais justifiable de les conditionner aux revenus, ou enfin bref, à la chance des uns et des autres. Faire ça c'est comme porter des jugements sur les gens pour savoir s'ils méritent d'être guéris. Cela contrevient aux serment d'Hypocrate.
Ce serment est à étendre, il spécifie qu'on est indifférent à l'appartenance, la nature ou l'activité de celui qui a besoin de soins. Le système social en dit autant, en offrant des droits inconditionnels.

Si un système où on ne comptabilise pas "la valeur" en argent des objets vous paraît irrationnel, que dire du fait que la santé dépende des revenus ? Et pourquoi pas de la couleur de la peau ? Souvent les deux sont liés d'ailleurs. C'est inhumain. Une société humaine consacre tous les moyens disponibles à la réussite d'une opération, qu'elle soit médicale, ou du domaine de l'instruction, de la culture. Les coûts tels qu'on pourrait les nommer, la société civile ne peut que être heureuse d'avoir à les supporter.

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Les droits exceptionnels

Les droits exceptionnels peuvent concerner une grande quantité de cas de figure qui ne sont pas courants, accidentels, inattendus.
Ils sont notre assurance en cas de problème. Si ils ne sont pas courants, et délivrés qu'au cas par cas, ils sont pourtant prioritaires.
Ils permettent de déployer tous les moyens indispensables à donner à chacun les moyens spécifiques dont il a besoin pour se retrouver sur un pied d'égalité avec les autres.

L'enjeu de ces droits est conséquent, car c'est ce qu'on attend un système, ou enfin d'une civilisation, qu'elle soit capable de réagir dans des conditions inattendues, et de s'adapter, de la façon la moins douloureuse possible pour tout le monde.
Il faut entendre par là que nous avons pour acquit que la souffrance des uns n'est jamais sans influence sur le bonheur des autres. Les humains sont compassionnels et intimement reliés entre eux, aussi, dans des cas exceptionnels, des droits additionnels peuvent être affectés aux personnes et aux groupes qui le nécessitent.

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La cagnotte

On estime qu'avec les outils mis en place qu'on pourrait aussi instaurer une cagnotte qui augmenterait tout au long de la vie. Dans un cadre social, certaines personnes obtiennent une plus grande célébrité, font des découvertes scientifiques, ou obtiennent des mérites pour lesquels il semble qu'il faille marquer le coup.

Pensez donc que ces mérites affectifs se traduisent (dans le système de l'argent) par le fait de confisquer des moyens de survie à un grand nombre de personnes. C'est au-delà de l'absurde, en devenant riches, les célébrités nuisent à tout le monde.

On voudrait que cette cagnotte aie un impact sur la valeur du travail, ou également la quantité de droits perçus chaque mois. Dans toutes les civilisations, un système de distinction permet de formaliser l'estime pour un être humain. Cela peut être des plumes sur la tête, ou des médailles, mais à notre ère de l'informatique cela pourrait aussi bien être un score qui conférerait une plus grande liberté à ces personnes qui reçoivent les honneurs.

Ces droits exceptionnels non prioritaires ont un rôle social relativement ludique, en reconnaissant de façon formelle la valeur de ceux qui se sont distingués de façon héroïque, scientifique ou historique.
Ces droits pourraient être verrouillés, contrairement aux droits professionnels qui peuvent être ponctionnés en cas de besoin

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La mise en place

Si chacun est libre d'adhérer à un système social, celui qui remporte l'adhésion n'en a que plus de valeur. Ainsi, il n'est pas question d'entrer en rivalité avec l'existant, simplement de lui offrir une régie, une tour de contrôle, une vision panoramique de son état et une capacité à projeter son avenir à long terme.

Les seules personnes lésées par un tel système sont ceux qui aujourd'hui possèdent de façon mégalomane des richesses incalculables, et cette souffrance qu'ils vont ressentir ne sera que psychologique, puisqu'au final, le privilège qui est le leur de ne plus avoir peur du lendemain, sera celui de tout le monde.

Un tel système social peut se mettre en place localement, facilement, en utilisant un logiciel pas très compliqué, et vite prouver son efficacité, de sorte qu'elle donne envie d'être répliquée ailleurs. Cela peut marcher aussi bien localement que globalement, avec à chaque gain dans l'échelle de mesure, des gains en terme de niveau de vie moyen pour l'ensemble.

On l'a vu rapidement, ces institutions peuvent aussi très bien être complémentaires, côtes à côtes, et du coup chacune n'aura qu'une moindre richesse à faire partage, en complément de l'autre institution. Rien n'oblige donc à rester figé, pieds et poings liés, avec une institution plutôt qu'une autre. Les gens pourront même refuser d'adhérer à l'une ou l'autre, ou aux deux, ou encore à celles qui sont au-dessus à l'échelle plus globale.

Ce qui est sublime à l'ère de l'informatique est qu'on n'a plus peur d'avoir des idées car cette complexité est facile à maîtriser. Et c'est avec cela que doit résonner un bon système social, être un champ qui permet aux humains de se consacrer aux activités dont ils peuvent avoir envie, pour s'améliorer individuellement et collectivement, et acquérir de nouvelles compétences, de nouveaux moyens, et entrevoir de nouveaux défis.

Le système a été prévu pour fonctionner à la micro-échelle d'un village. Ce n'est que comme cela qu'il peut être inauguré. En se complexifiant il conserve sa structure et s'enrichit des apports des autres coopératives. Il n'y a pas d'export-import entre eux, mais une mise en commun des bases de données.

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