29/05/2017 ruptures-presse.fr  3 min #129418

Poutine à Paris : la visite qui rend l'espoir

Le méchant ogre, le gentil petit poucet, et Pierre le Grand

« L'ogre Poutine va-t-il manger le novice Macron » ? Telle est l'angoissante question qu'Europe 1 s'est posée. C'est en tout cas le titre de la chronique qu'a consacrée ce matin notre consœur Myriam Encaoua à la visite du président russe. Celui-ci rencontre en effet aujourd'hui (29 mai) son homologue français dans le royal cadre du château de Versailles.

Rassurons d'emblée les inquiets, quitte à gâcher le suspense : la réponse est non, l'ogre ne dévorera pas tout cru le petit poucet élyséen. Au contraire, décrypte Myriam : c'est bien plutôt l'ex-brillant banquier qui redouble d'habileté pour circonvenir son hôte.

Grâce au choix du lieu, tout d'abord : « par ses fastes et ses ors, l'antre du Roi-soleil a tout pour nourrir l'orgueil du maître du Kremlin » et le « nationalisme » bien connu de l'homme « qui a pris le contrôle de la Russie » (curieusement, l'article ne mentionne pas Emmanuel Macron comme « l'homme qui a pris le contrôle de la France »).

Qui plus est, l'exposition qui se déroule à Versailles en hommage à Pierre le Grand tombe à pic : le tsar est bien connu pour avoir voulu, il y a tout juste trois siècles, « jeter des ponts » avec l'Europe, rappelle d'un air entendu la journaliste.

Le maître de l'Elysée sait en outre être « magnanime » en oubliant les « affronts » répétés dont s'est rendu coupable Vladimir Poutine. A qui se demanderait quels sont ces terribles affronts que multiplie comme à plaisir le malotru du Kremlin, la redoutable kremlinologue cite la réception de Marine Le Pen à Moscou, et les « fake news » qu'il « laissa » diffuser par « ses » médias sur le candidat d'En Marche ! (lesquelles ? Il est vrai qu'après tout, qui dit « médias russes » dit forcément « fake news »...).

A l'inverse, il ne viendrait pas à l'idée de Vladimir Poutine de supporter quelque affront que ce soit. Jamais, d'ailleurs, aucun dirigeant ni média occidental n'oserait s'y risquer. Jamais, par exemple, le précédent locataire de l'Elysée n'aurait osé marteler que  le président russe « mériterait d'être jugé par un tribunal international » (à propos de son soutien à la Syrie).

« Poutine n'est pas un interlocuteur normal, il faut s'en féliciter »

On reste ébaubi que le noble seigneur de l'Elysée accepte ainsi de pardonner. Mais, ce dernier, cependant, ne va pas jusqu'à se compromettre : il ne recevra donc pas l'ogre au palais présidentiel. Ouf, la morale est sauve, soupire d'aise la journaliste, ravie qu'Emmanuel Macron ait su mettre le holà, car « Poutine n'est pas un interlocuteur normal, il faut s'en féliciter » (de cette mise à distance).

Myriam Encaoua est bien modeste. Pour un tel bijou d'honnêteté intellectuelle, d'originalité, et de clairvoyance géopolitique, c'est elle qu'il faut féliciter.

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