© Andres Martinez Casares Source: Reuters
A l'heure où le président Nicolas Maduro et la nouvelle Assemblée constituante font face une crise profonde et meurtrière, la classe politique française s'écharpe sur la question du Venezuela.
Despote pour les uns, président légitime résistant contre une opposition violente et aidée par l'ingérence américaine pour les autres, le président Nicolas Maduro ne laisse pas indifférent la classe politique française. De nombreuses personnalités de premier plan on en effet pris fait et cause soit pour les autorités vénézuéliennes, soit pour son opposition. D'autres ont également rebondi sur cette actualité pour s'en prendre à leurs adversaires politiques.
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Des socialistes et élus de droite vent debout contre la «dictature bolivarienne»
Alors que le gouvernement français comme nombre d'élus de la majorité restent relativement réservés sur la question, l'ancien Premier ministre et député pro-Macron Manuel Valls est l'un des politiques ayant exprimé le plus nettement son opposition au président bolivarien. N'hésitant pas à qualifier Nicolas Maduro de «dictateur», il a appelé sur Twitter le 30 juillet à une «réaction très ferme» de la communauté internationale contre celui-ci.
L'ancien chef du gouvernement socialiste a récidivé quelques jours plus tard, en déclarant attendre une «parole forte de la France sur le Venezuela». Ce point de vue semble être partagé par un autre ancien ministre de François Hollande, Pierre Moscovici qui appelle lui aussi à une condamnation officielle de la «dérive [..]. inacceptable» du pouvoir vénézuélien.
Côté socialiste toujours, le conseiller municipal de Colombes et membre du bureau national du Parti socialiste Alexis Bachelay a pointé du doigt la «farce bolivarienne» et la «dictature sanglante» du Venezuela.
A droite, la réserve du gouvernement est condamnée, notamment par le sénateur Les Républicains (LR) Roger Karoutchi, qui reprend lui aussi le terme de «dictateur», le même qui fut utilisé pour qualifier le président du Venezuela par le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin en justification de plusieurs sanctions à l'égard du pays le 31 juillet, alourdies à nouveau le 9 août.
La députée (ex-filloniste) Valérie Boyer elle, a relayé des tweets dans lesquels le gouvernement du Venezuela est décrit comme une «sanglante dictature» et le président Maduro d'«ordure».
© Capture d'écran Twitter, 𝕏 @valerieboyer13
«L'ingérence américaine» conspuée par la France insoumise et Asselineau
Le député LR Claude Coasguen est beaucoup plus circonspect sur la situation, voyant la main des Etats-Unis et de la CIA derrière les troubles et violences qui secouent le pays depuis des mois et qui ont entraîné la mort d'au moins 120 personnes. «Ça rappelle un peu le début des incidents au Chili, en espérant que ça ne termine pas pareil», a déclaré l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy, en référence au coup d'Etat de 1973 sur fond de mouvement social mené par une junte militaire soutenue par la CIA contre le président socialiste Salvador Allende. Face au succès des putschistes, le président chilien s'était suicidé, tandis que le général Augusto Pinochet, un allié des Etats-Unis, prenait le pouvoir.
#Venezuela Pour le député LR Claude Goasguen "On ne peut pas imaginer que la CIA n'est pas derrière tout ça" pic.twitter.com/XGYpnwJ4pEfranceinfo (franceinfo) 𝕏 7 août 2017
Les propos de l'ancien ministre ont été par la suite dénoncés, notamment, par Conspiracy Watch, un site internet se présentant comme un organisme de veille sur les propos publics conspirationnistes.
En réaction à cette passe d'arme, le leader du parti souverainiste Union populaire républicaine (UPR), François Asselineau, a abondé dans le sens de Claude Coasguen. Dans un communiqué, il a qualifié de «secret de Polichinelle» l'ingérence de la CIA dans les mouvements sociaux qui secouent le Venezuela. L'ancien candidat à la présidentielle a par ailleurs dénoncé le créateur du site Conspiracy Watch comme un «Français très proche [idéologiquement] des néo-conservateurs américains».
La thèse de l'ingérence américaine est partagée par plusieurs députés de la France insoumise (FI), principal soutien politique au président Maduro en France. Le député Adrien Quatennens a notamment dénoncé au micro de RTL «une opposition très nette qui va de la droite à l'extrême-droite notamment soutenue par les Etats-Unis d'Amérique». Le 7 août, c'est au tour de Clémentine Autain de défendre le gouvernement d'inspiration bolivarienne : «Je suis opposée à cette opposition de droite extrême biberonnée par l'impérialisme américain», a-t-elle ainsi déclaré au micro de RMC le 8 août, rappelant au passage que le président Maduro était le chef d'Etat légitime du Venezuela.
Le Venezuela a sorti beaucoup de gens de la pauvreté et cela nous inspirait
Adrien Quatennens a par ailleurs expliqué que la France insoumise s'inspirait de la vision du président Maduro et de celle de son prédécesseur Hugo Chavez à la tête du pays : «Il y a une politique redistributive très forte, le Venezuela a sorti beaucoup de gens de la pauvreté et cela nous inspirait», a déclaré l'élu en référence à un tweet de 2013 de Jean-Luc Mélenchon félicitant Nicolas Maduro pour sa victoire à l'élection présidentielle. Un tweet que les opposants politiques à FI se sont empressés d'exhumer, à présent que le nombre de décès lors des manifestations antigouvernementales rend la défense de la présidence du Venezuela plus inconfortable. C'est notamment le cas de la députée de la majorité, Aurore Bergé.
Le FN attaque la France insoumise et les macronistes via la crise vénézuélienne
L'angle d'attaque vénézuélien contre la France insoumise est privilégié au Front national (FN), dont Jean-Luc Mélenchon s'est longtemps targué d'être l'adversaire le plus acharné. Le cadre du FN Jordan Bardella, par exemple, a dénoncé la différence de traitement par le mouvement de gauche entre les manifestations au Venezuela et en France, qui a vu nombre de policiers blessés pendant les manifestations contre la loi travail en 2016.
De son côté, l'ancien responsable identitaire passé au FN Philippe Vardon préfère exploiter la crise vénézuélienne pour s'en prendre au camp macroniste, dont un des proches conseillers, Ismaël Emelien, avait reconnu avoir participé à la campagne pour l'élection de Nicolas Maduro en 2013.
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