16/02/2019 ruptures-presse.fr  5min #152250

 L'Italie aurait fait capoter une déclaration de l'Ue visant à reconnaître la légitimité de Guaido

Agressivité contre le gouvernement italien : Verhofstadt se surpasse

Feu à volonté sur le chef du gouvernement italien ! Le 12 février, celui-ci était « l'invité » des eurodéputés lors d'une séance plénière à Strasbourg. Et il a essuyé un feu nourri de critiques, particulièrement violentes. A la manœuvre en particulier, Guy Verhofstadt. L'ancien premier ministre belge, chef du groupe libéral au sein de l'europarlement, est connu pour être un intégriste de l'intégration fédérale de l'UE. Et n'est jamais le dernier en matière d' outrances et de provocations. Cette fois, il s'est surpassé, en accusant Giuseppe Conte de « stupide abus de pouvoir » dans son propre pays.

Deux griefs ont en particulier nourri la vindicte de M. Verhofstadt : le gouvernement italien aurait pris parti pour les Gilets jaunes en France, notamment à travers la visite d'un de ses deux vice-premiers ministres, Luigi Di Maio, dans l'Hexagone, et de sa rencontre avec quelques individus se réclamant dudit mouvement ; mais aussi l'attitude de Rome qui a bloqué une position commune des Vingt-huit à propos du Venezuela. L'Italie a été en effet l'un des rares pays à refuser que l'UE se mêle de la politique interne de Caracas.

L'UE n'a pu reconnaître officiellement le président vénézuélien autoproclamé Juan Guaido. Le veto italien a mis hors de lui l'échevelé eurodéputé.

L'Union européenne en tant que telle n'a donc pu reconnaître officiellement le président autoproclamé Juan Guaido en lieu et place du chef de l'Etat élu, Nicolas Maduro. Ce veto italien a mis hors de lui l'échevelé eurodéputé. Pour ce dernier, le mobile du crime est d'ailleurs tout trouvé et constitue évidemment une circonstance aggravante : le gouvernement italien a pris cette décision « absurde » sur la base d'« ordres du Kremlin ». Une obéissance qui, a dénoncé le Torquemada libéral, amène l'Italie à se comporter d'une manière « anti-européenne ».

Le chef des sociaux-démocrates à Strasbourg n'a pas voulu être en reste. L'Allemand Udo Bullmann n'a pas hésité à qualifier la décision italienne de ne plus ouvrir largement les ports aux migrants de « face hideuse de l'inhumanité ».

Face à ce déluge d'amabilités, M. Conte a répondu avec calme. Il a cependant suggéré à M. Verhofstadt de surveiller son langage, en particulier lorsque ce dernier l'a accusé d'être une « marionnette » de ses deux vice-premiers ministres.

Il a également plaidé pour que l'UE cesse de vouloir isoler la Russie. Quant aux Gilets jaunes français, il s'est gardé de les soutenir ouvertement, mais a cependant pointé le « le fossé grandissant entre les gouvernants et les gouvernés » qui se creuse au sein des pays de l'UE.

Entendre Guy Verhofstadt s'indigner que des hommes politiques italiens « s'ingèrent » dans les affaires françaises ne manque pas de sel

La philippique de l'ancien premier ministre belge n'est d'ailleurs pas exempte d'ironie, probablement involontaire. Car entendre Guy Verhofstadt s'indigner que des hommes politiques italiens « s'ingèrent » dans les affaires françaises ne manque pas de sel de la part d'un des militants les plus engagés en faveur d'un changement de régime imposé de l'extérieur au Venezuela. L'homme est du reste un multirécidiviste : en septembre dernier, il  évoquait la possibilité d'une intervention en Hongrie (un Etat membre de l'UE...) pour « stopper » le premier ministre « illibéral » Viktor Orban. Bref, M. Verhofstadt est vraiment le mieux placé pour donner des leçons de non-ingérence...

Mais au-delà de cet épisode lamentable, qui s'intéresse à ce qui se passe à l'intérieur de l'europarlement, mis à part le petit microcosme bruxellois ? Il faut dès lors se demander pourquoi les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres acceptent de défiler à tour de rôle devant ce cénacle, alors qu'ils ont été élus par leurs électeurs nationaux, et sont - en principe - responsables devant eux, et eux seuls ?

Le premier ministre polonais s'était plié à l'exercice en juillet 2018, et avait été étrillé, lui aussi. En revanche, Emmanuel Macron avait passé son oral en avril 2018, suivi par Angela Merkel en novembre de cette même année. Ces deux là avaient été chaudement ovationnés.

Bref, plus on est impopulaire dans son pays, plus on a de chances de se consoler par une ovation à Strasbourg. Et vice versa. On savait déjà que l'autoproclamé Parlement européen ne représente aucun peuple (puisqu'il n'existe pas un peuple européen). On découvre désormais qu'il a la fonction inverse : faire contrepoids aux peuples...

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