25/06/2019 tlaxcala-int.org  7 min #158253

Allemagne : on repeint la façade en vert ou La grosse arnaque

 Ulrich Gellermann

Les Verts allemands peuvent enregistrer des résultats électoraux vertigineux : Rien qu'aux élections européennes, l'ancien parti alternatif a obtenu 20,5 %, soit environ deux fois plus qu'aux élections européennes d'il y a cinq ans, et a relégué le SPD au troisième rang en faveur de ceux qui croient encore que des élections pourraient changer quelque chose. Même depuis la CDU-CSU, 1 240 000 de ses anciens électeurs ont migré vers le prétendu parti écologiste. Parmi les moins de 30 ans, les électeurs de l'avenir, les Verts ont atteint 33 %. Tous les autres partis, à côté, ont l'air vieux.

Les médias, flairant les majorités comme d'habitude, sont venus renifler l'air sur la question K (comme Kanzler, chacelier) : Le "Stern" a mis Robert Habeck, le président fédéral du Parti Vert, en couverture avec le titre "Unser nächster Kanzler ?" (Notre prochain chancelier ?), et la femme du duo vert de tête a eu droit à cet éditorial du "Welt" : "La prochaine chancelière s'appelle Annalena Baerbock". Les Verts n'étaient-ils pas autrefois les enfants mal-aimés du flux médiatique ? Oui, bien sûr, bien sûr. Quand ils se mobilisaient de manière conséquente pour le désarmement de la république et encore plus systématiquement contre l'énergie nucléaire. Le Parti Vert est né dans l'opposition extra-parlementaire, dans les grandes manifestations contre la double décision de l'OTAN et dans les nombreuses batailles contre les centrales et les sites d'enfouissement nucléaires, de Brokdorf au Schleswig-Holstein à Wyhl dans le pays de Bade.

"Baerbock ou Habeck : qui setrait le plus nidique comme candidat chencelier des Verts ?
Si des élections législatives fédérales avaient lieu dimanche prochain, pour qui voteriez-vous ?"

Au plus tard depuis que l'ancien Vert en chef Joschka Fischer, camouflé derrière un mensonge sur les droits de l'homme, a été l'un des principaux décideurs du bombardement de la Yougoslavie, le vernis pacifiste du Parti vert devrait en fait avoir craqué. Mais le parti supposément alternatif a rapidement appris les règles du business parlementaire as usual : lors d'opérations de guerre comme celle en Afghanistan, un demi-non ou une abstention silencieuse suffisait souvent à sauver les apparences. Ils étaient quelque part contre, mais aussi un peu pour, ils ne voulaient certes pas fâcher les électeurs et la base du parti, mais pas non plus les puissants USA et leurs chargés de mission dans les médias allemands. Ça a marché : Les Verts sont toujours considérés comme un parti pacifiste, d'une façon ou d'une autre.

Mais surtout, le marketing vert marche sur la question environnementale. Et justement aujourd'hui, alors que la menace du changement climatique pousse de nombreux jeunes dans la rue, l'étiquette verte vaut tout simplement son pesant d'or électoral. Le mouvement des "Vendredis pour le Futur" nous rappelle presque avec véhémence les origines extra-parlementaires des Verts, et si les partis habituels, qui incluent désormais le Parti de Gauche, sont entachés d'une réputation d'acrobates de session et de jongleurs d'agendas, les Verts sont encore considérés comme peu usés. Et même comme jeunes. Ce qui, au vu du joggeur décrépit Joschka Fisher, semble plutôt drôle. Il n'y a pas que le boursouflé Fischer et le premier ministre vert saturé et conducteur de Daimler Winfried Kretschmann qui font mentir l'étiquette alternative qui colle aux Verts comme un vieux chewing-gum.

Une sorte de croyance aveugle dans la conscience environnementale des mandataires verts façonne le comportement de vote des électeurs écologistes. La trahison par les Verts de leurs origines pacifistes est peut-être désormais notoire mais le fait que leurs racines écologiques sont pourries depuis longtemps semble moins bien perçu. Comme si leur résistance à la construction d'un troisième terminal à l'aéroport de Francfort, autrefois organisée en Hesse, n'avait pas été sacrifiée depuis longtemps sur l'autel de la coalition lucrative avec la CDU. Ce sont les Verts, en tant que membres du gouvernement du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, qui n'ont pas levé le petit doigt contre la déforestation de la forêt de Hambach : on roule si bien dans les voitures de fonction. Et on a bien copulé dans le lit douillet de coalition avec le SPD.

"Ce pour quoi nous nous battons : L'EUROPE"

Mais la vraie pierre de touche est la recherche d'un lieu de stockage définitif de déchets nucléaires. Les anciens combattants contre les dangers des centrales nucléaires ne peuvent certes pas être blâmés pour les déchets de l'industrie nucléaire. Mais les Verts sont depuis longtemps aux commandes du pouvoir parlementaire dans un certain nombre de gouvernements régionaux. Depuis des années, des sites de stockage définitif sont nécessaires pour les legs hautement toxiques de l'industrie nucléaire. Et depuis des années, les régions de stockage possibles pointent du doigt d'autres régions. Bien que les géophysiciens allemands s'accordent à dire que le stockage définitif sûr des déchets radioactifs ne devrait avoir lieu que dans des roches salines ou argileuses. Et les roches argileuses du Jura souabe et de la Haute-Souabe seraient déjà à envisager. Mais le gouvernement du Bade-Wurtemberg, dirigé par les Verts, ne veut rien savoir à ce sujet.

Depuis janvier 2019, le Land de Hesse est dirigé par un gouvernement noir-vert. Les anciens ennemis Volker Bouffier (CDU) et Tarek Al-Wazir (Verts) se tiennent depuis lors étroitement enlacés à Francfort jusqu'à l'arrêt respiratoire et politique. Depuis le 18 mai 2006, environ 1 400 tonnes de déchets nucléaires ont été stockées à Biblis en Hesse. Stockage intermédiaire, et non pas stockage définitif. Mais le gouvernement de coalition reste silencieux : pas d'alternative, pas d'initiative. Depuis le 28 juin 2017, notre futé Robert Habeck est Vice-Premier Ministre et Ministre de l'énergie, de l'agriculture, de l'environnement, de la nature et de la numérisation dans un cabinet de la Coalition Jamaïque (Noire-jaune-verte) de l'État du Schleswig-Holstein. La décharge nucléaire de Brokdorf se trouve dans cet État fédéral. Mais ni la CDU, ni le FDP, ni les Verts ne nous disent quoi que ce soit de productif sur la recherche d'un lieu de stockage définitif.

Changements génétiques, cancer, maladies cardiovasculaires : toutes ces conséquences sont à l'affût dans les déchets nucléaires. Depuis le début de la fission nucléaire dans le premier réacteur nucléaire allemand FRM I en 1957, environ 12 500 000 kilogrammes de déchets mortellement radioactifs ont été produits jusqu' à la fin de 2007. Pas un seul kilo de combustible nucléaire n'a encore été éliminé. Certains déchets radioactifs se désintègrent en quelques années, par exemple le krypton-85 : 10,76 ans de demi-vie. D'autres substances radioactives, en revanche, ont des demi-vies extrêmement longues : par exemple, l'iode 129, qui a une demi-vie de 17 millions d'années. Un cocktail de nombreux déchets radioactifs différents serait envoyé dans un dépôt définitif. Un dépôt nucléaire doit donc assurer la sécurité de nombreuses demi-vies, sur des périodes qui dépassent notre imagination. Il est grand temps d'agir contre les conséquences dangereuses de l'industrie nucléaire. Mais comme dans le cas du maintien de la paix, les Verts trahissent leurs propres objectifs originaux en détournant le regard, en ne faisant rien et en collaborant.

Les Verts sont depuis longtemps entrés dans le parlementarisme et s'y sont établis, et ils ne veulent pas qu'on leur rappelle leurs origines extra-parlementaires. De même qu'il n'y a pas d'initiative des gouvernements dans lesquels ils sont représentés pour des lieux de stockage sûrs, il y a aussi peu d'impulsion pour des luttes en dehors des parlements. Le Parti Vert a trouvé son lieu de stationnement intermédiaire dans les parlements. Les Verts se sont révélés être une imposture, des écologistes de façade, une escroquerie électorale.

Courtesy of  Tlaxcala
Source:  rationalgalerie.de
Publication date of original article: 24/06/2019

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