10/07/2019 europalestine.com  4 min #158961

L'enterrement de la Nakba : comment Israël dissimule les preuves de l'expulsion des Palestiniens en 1948

Israel pris la mains de sac sur les archives de la Nakba

Petit scandale en Israël, où un rapport de 29 pages révèle que le ministère de la défense israélien a caché pendant 17 ans, alors qu'ils auraient dû être déclassés et consultables, des documents prouvant que les Palestiniens n'ont pas "fui" de leur propre gré, mais ont été expulsés par la terreur et des actes sanguinaires en 1948. Haaretz publie toute une série d'articles à ce sujet, dont un éditorial intitulé "La Nakba continue". Merci à Chantal pour la traduction.

"La création d'Israël entraîna la destruction de la société palestinienne qui exista jusqu'en 1948. Des centaines de milliers de Palestiniens devinrent réfugiés, leurs villages furent détruits et leurs terres confisquées : Les Juifs s'y installèrent.

Ces événements que l'on nomme Nakba (Catastrophe) depuis cette époque-là, et qui alimentent le feu du conflit, sont un immense tabou dans la conscience israélienne. On n'enseigne pas ce sujet à l'école. Seuls quelques historiens les étudient et toute mention dans les médias provoque instantanément des efforts pour les taire, du genre : « les Arabes ont refusé le Plan de Partage, ce qui a causé leur propre destruction ». On fait semblant d'oublier la description des crimes de guerre commis par l'armée israélienne en 1948 (expulsion, pillage, meurtres, viols). Donner des détails nuirait à la légitimité du projet national.

Pourtant, cet État ne s'en tient pas à l'insensibilité propre à la société israélienne, envers les événements de 1948. Qui plus est, il s'efforce de masquer l'évidence de la Nakba.

Hagar Shezaf's investigative report (le rapport d'enquête d'Hagar Shezaf) d'Haaretz, ce dernier weekend, a dévoilé des mesures prises par le département de la sécurité du ministère de la défense, connu sous l'acronyme « Malmab », qui durent depuis une dizaine d'années, destinées à cacher les documents et les témoignages concernant les crimes perpétrés en 1948, placés dans les archives publiques et privées, même après la publication des informations.

(Cf les témoignages sur le massacre de Deir Yassin - censuré : « Ils ont empilé et brûlé les corps ». L'ultime confession du général relie le massacre de 1956 au projet secret d'Israël d'expulser les Arabes).

Malmab ne tient pas compte des historiens ni des directeurs d'archives qui veulent révéler les événements passés tels qu'ils se sont produits. Le but de les occulter est de gommer les preuves et d'accentuer le discours mensonger israélien, selon lequel « les Arabes se sont sauvés volontairement, encouragés par leurs chefs. »

Voilà le Malmab : Il a caché un document détaillé qui décrivait comment les Palestiniens ont abandonné leurs villes et villages - mouvement qui a duré jusqu'en juin 1948 - et révélait que la plupart des Palestiniens sont partis à cause des attaques des Juifs. Ceci s'est produit bien avant les grandes expulsions de Ramle, Lod, la Galilée centrale et du Néguev du Nord dans les mois qui ont suivi la guerre. Le fait que le document avait déjà été publié, n'a pas arrêté les faussaires de l'histoire, qui croient bêtement que l'absence de documents fera oublier la Nakba. Malmab agit selon le slogan fasciste de la droite israélienne : « La Nakba, c'est de la merde. »


Les réfugiés palestiniens quittent la bande de Gaza sur des bateaux de pêche en 1948. Archives de l'ONU

À 71 ans, Israël est assez puissant pour faire face à l'échec moral de son passé. La Nakba ne va pas s'éloigner. Elle persiste dans le paysage, dans les rangées de figuiers de Barbarie des villages abandonnés, dans les nombreuses maisons de Jaffa et d'Haïfa, munies de voûtes, dans la mémoire de la communauté palestinienne d'Israël, dans les territoires et de l'autre côté de la frontière.

Au lieu de tout censurer et cacher, on devrait étudier et enseigner l'histoire de la création d'Israël et du déracinement de la société palestinienne. On devrait signaler les sites des villages détruits pour les commémorer et faire face aux dilemmes moraux qui persistent en Israël depuis 1948. Reconnaître tout ceci ne va pas résoudre le conflit, mais établira un dialogue entre les Juifs et les Palestiniens d'Israël, fondé sur la vérité et non sur des mensonges, de la honte et de la dissimulation."

(Traduit par Chantal C. pour CAPJPO-EuroPalestine)

Source : Haaretz

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