Le chef de l'Etat a officialisé l'abandon du projet EuropaCity à Gonesse dans le Val-d'Oise. Ses partisans y voyaient une source d'emploi, ses détracteurs dénonçaient un saccage des terres agricoles et du commerce de proximité.
A l'occasion du troisième Conseil de défense écologique qui s'est déroulé ce 7 novembre, le gouvernement a annoncé l'abandon d'EuropaCity, un mégacomplexe de loisirs et de commerces qui devait être implanté d'ici à 2027 à Gonesse dans le Val-d'Oise (95) au nord de Paris. Ce projet faisait l'œuvre de vives contestations, depuis son origine en 2012, autant de défenseurs de l'environnement s'opposant à l'artificialisation de terres agricoles, que de commerçants riverains. Emmanuel Macron a toutefois affirmé qu'un «projet alternatif», aux contours flous, verrait le jour.
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Après l'abandon du projet d'aéroport du Grand Ouest à Notre-Dame-des-Landes en Loire-Atlantique et du projet minier Montagne d'or en Guyane début 2019, cette décision a été présentée par le gouvernement français comme répondant à une prise de conscience environnementale. «Nous avons eu du mal à arrimer la promesse écologique de l'acte II du quinquennat par des décisions concrètes ; cette fois, nous avons une masse critique qui nous permet d'afficher la couleur verte», explique l'Elysée au journal Le Monde ce 7 novembre.
Un projet pharaonique déjà amendé
L'Elysée, toujours citée par le quotidien, s'est expliquée quant à sa décision : «C'est un projet d'une autre époque, fondé sur une consommation de masse d'objets et de loisirs. Ce n'est vraiment pas vers ce modèle que s'oriente le gouvernement : nous souhaitons éviter autant que possible ce genre d'équipements, qui concentrent l'activité à l'écart des villes, dévitalisent les centres historiques et créent d'importants besoins de transports.»
Projet immobilier regroupant des loisirs, des équipements culturels, des commerces, des hôtels et restaurants ainsi qu'un parc urbain et une ferme urbaine, Europacity promettait d'attirer 30 millions de visiteurs par an. Ce projet pharaonique, porté par Alliages et Territoires (filiale de Ceetrus elle-même filiale d'immobilier commercial du groupe Auchan) et le conglomérat chinois Wanda, constituait un investissement de 3,1 milliards d'euros et promettait 10 000 nouveaux emplois.
C'est un projet d'une autre époque, fondé sur une consommation de masse d'objets et de loisirs
Les promoteurs avaient, début octobre, amendé le projet en présentant une nouvelle version «zéro carbone dès 2027», abandonnant l'idée d'une piste de ski intérieure, ajoutant 4 000 arbres supplémentaires et 80 hectares d'espaces naturels, en compensation de l'artificialisation de 80 hectares de cultures céréalières nécessaires à la structure. En réponse aux plaintes des commerçants voisins, inquiets de la concurrence, les groupes Auchan et Wanda avaient également promis de réduire drastiquement les surfaces commerciales.
De vives critiques tous azimuts
Le projet d'EuropaCity suscitait des positions contrastées.
Parmi les promoteurs qui travaillent et ont investi sur ce projet depuis plusieurs années, le président de Ceetrus, Vianney Mulliez, appelait le gouvernement à «faire preuve de courage politique» en maintenant le projet. «S'il devait renoncer, cela poserait une nouvelle fois la question de la parole de l'Etat, notamment vis-à-vis des grands investisseurs internationaux», prévenait-il dans un entretien aux Echos, le 24 octobre.
Ensuite, l'abandon d'EuropaCity pourrait également provoquer la colère des collectivités riveraines, qui attendaient de pied ferme le complexe et ses 10 000 emplois promis. Les élus locaux étaient en outre très largement favorables à ce projet. «Le gouvernement sacrifie notre territoire au nom d'une vision uniquement symbolique de l'écologie», a protesté le 7 novembre par communiqué le maire PS de Gonesse, Jean-Pierre Blazy.
«L'arrêt du projet signifierait un abandon des banlieues, alors que la fracture territoriale s'élargit», estimait déjà le même Jean-Pierre Blazy, le 4 octobre, au cours d'une conférence de presse des élus locaux pour défendre le projet.
Le gouvernement sacrifie notre territoire au nom d'une vision uniquement symbolique de l'écologie
Rappelant que c'est l'Etat qui avait guidé EuropaCity vers ce territoire suite aux émeutes de la ville voisine de Villiers-le-Bel en 2007, la présidente (LR) du département, Marie-Christine Cavecchi, avait alerté que, sans perspective de développement économique, «ces populations seraient à nouveau face à un mur, sans espoir».
Une satisfaction partagée
Mais EuropaCity avait également ses détracteurs. «C'est une grande satisfaction», a affirmé le 7 novembre à l'AFP, Bernard Loup, le président du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG), principal opposant au projet.
Une très bonne nouvelle. Ce projet était absurde à l'heure de la transition écologique.
Il faut maintenant s'assurer de la préservation de ces terres agricoles, devenues si rares à proximité de Paris
«Europacity c'est fini ! Une très bonne nouvelle. Ce projet était absurde à l'heure de la transition écologique», a réagi le directeur général de Greenpeace Jean-François Julliard, ajoutant : «Il faut maintenant s'assurer de la préservation de ces terres agricoles, devenues si rares à proximité de Paris.»
Anne Hidalgo s'est de son côté réjouie de «l'abandon de ce projet d'un autre temps».
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Selon l'Elysée, citée par l'AFP, Emmanuel Macron souhaite néanmoins faire émerger un «projet alternatif» qui devra être «plus mixte, plus moderne, sans créer un pôle démesuré de consommation, de loisirs et d'objets». Le chef de l'Etat a, pour cela, confié «la mission à Francis Rol-Tanguy, ancien directeur de l'Atelier parisien d'urbanisme, de travailler avec les élus à l'élaboration d'un nouveau projet».
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