Eduquer ou réprimer, il faut choisir, il a choisi... et la presse suisse se moque de lui... Nous il nous écoeure et la police qui se laisse acheter n'a rien de républicaine (note de danielle Bleitrach)
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15 décembre 2019
Macron ne veut surtout pas s'attirer la colère des forces de l'ordre en pleine crise sociale. Et il est prêt à tout pour les garder à ses côtés. En effet, le 4 décembre dernier, alors que toute la France se préparait à une paralysie totale du pays en raison de la colère des syndicats concernant la réforme des retraites, le gouvernement avait adressé une lettre aux forces de l'ordre pour les tranquilliser.
Dans la lettre rédigée par Christophe Castaner, actuel ministre de l'Intérieur, on pouvait lire : « pour les policiers, des spécificités seront conservées pour les fonctionnaires qui exercent des missions régaliennes de sécurité et d'ordre public pendant une période minimale. Pour ces fonctionnaires, les droits à un départ anticipé resteront ouverts comme aujourd'hui, sans changement. Le champ des emplois concernés, comme la durée de la période minimale d'activités dans ces fonctions, font actuellement l'objet de concertation avec vous. »
Et le ministre de poursuivre : « par ailleurs, les gains représentés par les bonifications de durée qui existent dans vos régimes actuels seront préservés dans le futur système universel, ce qui permettra de maintenir des niveaux de retraites comparables aux pensions actuelles. Ces garanties seront inscrites dans le futur projet de loi portant création du système universel ».
Ces garanties n'avaient pourtant pas calmé la colère des forces de l'ordre qui, ces derniers jours, ont été nombreux à défier le gouvernement. En effet, le 2 décembre, une centaine de CRS avait déposé casques et matraques devant une caserne de Val-de-Marne exigeant du gouvernement qu'il maintienne le régime spécifique des policiers dans le cadre de la future réforme des retraites.
Face à la presse, les syndicats de police avaient adressé un message très fort à Macron. « Le but de cette action est de lancer un dernier ultimatum au gouvernement, côté CRS. Nous sommes des gens responsables. Le maintien de l'ordre sera fait par nos collègues le 5 décembre prochain, mais peut-être ne répondront-ils pas de la même manière », menaçait Fabien Vanhelmelryck, secrétaire général du syndicat de police Syndicat Alliance.
Quelques jours plus tard, en pleine grève générale, les forces de l'ordre, ayant senti que le gouvernement était de plus en plus fragilisé et surtout isolé, ont voulu marquer le coup, menaçant à nouveau le gouvernement. En effet, le 11 décembre dernier, deux syndicats de police Syndicat Alliance et UNSA SGP se sont mobilisés au siège du Conseil Economique, Social et Environnemental (où Edouard Philippe devait intervenir) pour la sauvegarde du statut des policiers.
Là également, le message adressé à l'Exécutif était très fort. « Nous avons su démontrer notre capacité à sauver le pays, nous saurons démontrer notre capacité à défendre notre statut », avaient-ils prévenu avant d'appeler, dans un message posté sur Twitter, à un black-out total.
Pour faire peur à un gouvernement totalement désaxé, le 12 décembre, en pleine nuit, des policiers manifestent à Lyon aux environs de 1h30 du matin sur le pont de la Guillotière. Et ce n'est pas fini. Ce même jour, environ 1 500 CRS se mettent en arrêts maladie dans toute la France. Le gouvernement, loin d'être dupe, comprend très vite que la dernière digue est en train de tomber.
La stratégie a porté ses fruits car l'Exécutif, encore une fois, ne veut surtout pas provoquer l'ire des hommes de tenue et décide de satisfaire immédiatement les revendications des forces de l'ordre dont la mission a été cruciale en pleine crise des Gilets Jaunes. En effet, ce samedi 14 décembre, dans un courrier consulté par l'AFP, le gouvernement leur a assuré qu'ils conserveront leur régime dérogatoire en raison surtout du fait qu'ils sont exposés aux dangers.
Il convient de rappeler qu'en fin octobre dernier, afin d'apaiser des forces de l'ordre très remontées contre le gouvernement, Macron avait débloqué 50 millions d'euros pour indemniser 3,5 millions d'heures supplémentaires. Un effort sans précédent du gouvernement. Il convient aussi de rappeler qu'en décembre 2018, alors que le pays venait d'être secoué par l'immense colère des Gilets Jaunes, Macron, totalement dépassé par les événements, avait déjeuné avec des policiers et des CRS, certainement pour obtenir leur soutien dans ces moments critiques.
Quoi qu'il en soit, la tentative du gouvernement de satisfaire sans condition toutes les revendications émanant des forces de l'ordre afin d'éviter, à tout prix, que la situation ne dégénère est sans doute la preuve que l'Exécutif craint de perdre le contrôle de la situation et sait que seul le soutien des forces de l'ordre (Police, CRS) peut lui éviter la chute.
Depuis le début de la crise des Gilets Jaunes en novembre dernier, le gouvernement a toujours prêté l'oreille à toute grogne provenant de la police. Chaque revendication des forces de l'ordre est un danger pour un Exécutif qui ne compte que très peu de soutiens populaires. Macron est un fin stratège. En pleine crise sociale en France, il a surtout compris une chose : si les forces de l'ordre le lâchent, son règne est fini.