25/03/2020 les-crises.fr  4 min #170996

Le coronavirus se cache à la vue de tous

Un soignant de Séoul attendant au « drive-in » d'un un centre de dépistage du coronavirus en début du mois. Ed Jones/Agence France-Presse - Getty Images

Source :  The New York Times, Benedict Carey, 16-03-2020

Pour chaque cas connu de coronavirus, cinq à dix autres cas ne sont pas détectés, selon une nouvelle étude.

Un soignant de Séoul attendant au « drive-in » d'un un centre de dépistage du coronavirus en début du mois. Ed Jones/Agence France-Presse - Getty Images

Les scientifiques qui suivent la propagation du  coronavirus ont rapporté lundi que, pour chaque cas confirmé, il y a très probablement cinq à dix autres personnes dans la communauté qui ont des infections non détectées. Ces cas souvent plus bénins sont, en moyenne, environ deux fois moins contagieux que les cas confirmés, mais sont responsables de près de 80 % des nouveaux cas,  selon le rapport, qui s'est basé sur des données provenant de Chine.

Les chercheurs ont modélisé la propagation naturelle du virus en Chine avant que le gouvernement n'instaure une interdiction de voyager et une politique agressive de tests. Pendant cette période, de décembre de l'année dernière à fin janvier, environ 6 cas sur 7 sont passés inaperçus. Cette situation est analogue à la situation actuelle aux États-Unis et dans d'autres pays occidentaux, où les tests ne sont pas disponibles en nombre, ont déclaré les chercheurs.

« Si nous avons 3 500 cas confirmés aux États-Unis, il pourrait y en avoir 35 000 dans la réalité », a déclaré Jeffrey Shaman, épidémiologiste à l'université de Columbia et auteur principal du nouveau rapport, qui a été publié par la revue Science.

Le rapport est l'un des premiers à aborder deux des questions les plus critiques concernant la pandémie : combien de personnes se promènent avec des infections non reconnues, et à quel point sont-elles contagieuses ? Alors que les responsables politiques américains ont commencé à prendre des mesures plus agressives pour ralentir la transmission, comme  l'annulation d'événements et la fermeture de restaurants, l'accès aux tests de dépistage du virus a été difficile, voire inexistant, dans une grande partie du pays.

Lors d'une conférence téléphonique avec les journalistes lundi, des scientifiques représentant plus d'une douzaine d'institutions qui suivent la maladie ont souligné l'importance de multiplier les tests.

« Il est crucial de mettre en place des tests à grande échelle », a déclaré le Dr Elizabeth Halloran, professeur de biostatistique à l'Université de Washington et chercheuse senior au Centre de recherche sur le cancer Fred Hutchinson. « Et il est important de mettre au point des tests peu coûteux afin que les gens puissent se faire tester quand ils en ont besoin ».

La nouvelle analyse s'est appuyée sur des infections documentées en Chine et sur des données de mobilité, ainsi que sur un modèle d'interaction sociale au sein de la population, pour estimer le nombre de cas non documentés, ainsi que les taux d'infection. Elle a révélé qu'après que le gouvernement chinois  a mis en quarantaine le foyer principal de l'épidémie le 23 janvier et commencé à effectuer des tests à grande échelle, la situation a changé radicalement. Avec le temps, les tests ont permis d'identifier environ 60 % des cas positifs, contre 14 % auparavant.

Le document a été rédigé par des auteurs de cinq institutions, dont l'Imperial College de Londres, l'Université Tsinghua de Pékin et l'Université de Hong Kong.

Les scientifiques ont déclaré que le nombre de cas non détectés pour chaque cas confirmé pouvait doubler d'un pays à l'autre. En Chine, les cas non identifiés qui ont proliféré avant le confinement, bien que moins contagieux en moyenne que les cas confirmés, n'ont pas nécessairement causé des cas plus légers chez les personnes nouvellement infectées, ont déclaré les chercheurs.

« Ce n'est pas parce que vous êtes contaminé par une personne présentant des symptômes légers que les vôtres le seront aussi », a déclaré le Dr Shaman. « Vous pourriez quand même vous retrouver aux soins intensifs ».

Benedict Carey est journaliste scientifique pour le Times depuis 2004. Il a également écrit trois livres, « How We Learn » sur la science cognitive de l'apprentissage ; « Poison Most Vial » et « Island of the Unknowns », des mystères scientifiques pour les collégiens.

Traduit par les lecteurs du site  les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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