27/04/2020 reporterre.net  4 min #173011

Tracking : les rivaux Apple et Google s'allient pour le suivi des données des personnes contaminées

Appel au boycott de l'application Stop Covid-19

Les signataires, parmi lesquels  Matthieu Amiech et les historiens  François Jarrige et Christophe Bonneuil, alertent sur l'avènement possible d'un « nouveau régime social, fondé sur une peur et une séparation accrues, encore plus inégalitaire et étouffant pour la liberté ».

Avec le confinement et l'informatisation de nos vies,  « la société sans contact » est devenue une réalité, écrivent les auteurs. La pandémie a radicalisé notre dépendance. « Les écrans deviennent un mode quasi-exclusif d'accès au monde ;  le commerce en ligne explose, et même l'organisation de réseaux d'approvisionnements locaux en légumes et produits frais passe souvent par des sites internet ; la consommation de jeux vidéo s'envole ; le nombre de consultations de "télémédecine" montent en flèche et la "continuité pédagogique" se fait aussi par ordinateur ».

Le refrain « métro, boulot, dodo » a été remplacé par la nouvelle routine « du lit à l'ordi ». Et si des réflexions émergent sur « le monde d'après », sur les limites de la mondialisation et la nécessité d'une relocalisation, les signataires de la tribune s'étonnent de ne rien entendre sur le numérique. L'informatisation de nos vies reste un impensé.

Des journalistes, des économistes, des hommes d'État nous serinent qu'il faudra à l'avenir ne pas rester si dépendants de l'industrie chinoise pour les médicaments, le textile, etc. ; mais leur souci d'indépendance nationale les amène rarement à se préoccuper du fait que le secteur du numérique tout entier repose sur les mines et les usines asiatiques, souvent de véritables bagnes industriels qu'il est très difficile d'imaginer « relocaliser ».

Pour les auteurs, « rien ne pourra changer en matière de précarisation sociale et d'écologie si nous continuons de tout faire par Internet ». La stratégie du choc est d'abord informatique. Non seulement, les technologies mises en place, comme Stop Covid-19 touchent à notre liberté, mais en plus, elles nous déresponsabilisent. Au contraire, « ce dont nous avons besoin, estiment les auteurs, c'est d'exercer notre responsabilité personnelle, pour pallier les défaillances et le cynisme des dirigeants. Nous avons besoin de construire par le bas, avec l'aide des soignants, des règles de prudence collective raisonnables et tenables sur la longue durée ».

La tribune propose, ensuite, sept pistes d'actions, en forme de programme, pour combattre la numérisation de nos vies :

1. Laisser au maximum son smartphone chez soi, quand on quitte son domicile. Boycotter les applications privées ou numérique de traçage. Et à terme, abandonner son téléphone intelligent.

2. S'opposer activement  au déploiement de la 5G et aux  installations de nouvelles antennes relais.

3. Soutenir les luttes dans les services publics pour maintenir les guichets physiques  dans les gares, à la Sécurité sociale, dans les administrations, défendre le service postal et le service de téléphone fixe.

4. Rejeter  l'école numérique.

5. Attirer l'attention sur les abus et les souffrances dans le cadre du télétravail.

6. Renouer avec la résilience et l'autonomie matérielle, localement, sur un territoire.

7. Défendre les moyens de nous rencontrer physiquement, inventer ou retrouver des lieux de discussions publiques. « La vie connectée ne peut durablement se substituer à la vie vécue, et les succédanés de débats par internet ne remplaceront jamais la présence en chair et en os, le dialogue de vive voix. »

Pour lire la tribune en entier,  cliquez-ici.

  • Source : Terrestres

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