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Les ouvriers Fiat-Chrysler à Détroit exigent d'être protégés du Covid-19

Les ouvriers Fiat-Chrysler à Détroit exigent d'être protégés du COVID-19

Par Jessica Goldstein
29 juin 2020

Les travailleurs ont poursuivi vendredi l'arrêt de production à l'usine d'assemblage Fiat Chrysler (FCA) Jefferson North (JNAP) à Detroit. Les travailleurs de l'équipe B sont entrés à 16h30 et ont refusé de travailler alors que l'entreprise et le syndicat des Travailleurs unis de l'automobile (UAW) bafouent les protocoles de santé et de sécurité, y compris la distanciation sociale et le nettoyage, afin de maximiser les profits.

La production est restée au point mort en raison de l'action des travailleurs contre FCA et l'UAW et du manque de main-d'œuvre dû au refus des travailleurs de se présenter au travail pour des raisons de santé légitimes.

L'arrêt de la production à l'usine, qui emploie 5.000 personnes, a commencé jeudi à midi lorsque les travailleurs du quart B ont cessé le travail après avoir su qu'au moins trois collègues avaient été testés positifs au COVID-19.

Les travailleurs du quart B ont poursuivi l'arrêt de travail de 16h30 jeudi à vers 2h vendredi matin, lorsque la direction et les responsables de l'UAW ont tenté d'imposer une reprise du travail. Mais les travailleurs de le quart C ont continué la lutte après leur arrivée à l'usine vers 3h30 vendredi. Les travailleurs ont posté des vidéos pour appeler au soutien, dont l'une a été visionnée plus de 1.600 fois sur Twitter.

Légende: Les travailleurs de l'usine de montage Jefferson North arrêtent la production Crédit: Twitter, GIMMEAPCNOW15

Les travailleurs agissent indépendamment et en opposition à l'UAW. Ils reprennent la lutte menée en mars par leurs collègues de travail dans l'Indiana, le Michigan, l'Ohio et l'Ontario, au Canada. Ceux-ci avaient refusé de travailler dans des conditions dangereuses. Ils ont forcé la fermeture de l'industrie automobile en Amérique du Nord pendant près de deux mois.

Le Bulletin d'information de l'automobile du «World Socialist Web Site» a été le premier à signaler l'arrêt de travail à la JNAP, les travailleurs l'ayant alerté pendant la grève. Son article a atteint des dizaines de milliers de travailleurs en quelques heures. Les grands médias ont passé la grève sous silence, et la presse locale ne l'a rapportée que vendredi après-midi. Ils répétaient les affirmations douteuses de la direction selon lesquelles aucun cas confirmé de COVID-19 n'existerait dans l'usine.

Cette lutte critique se déroule sur fond de militantisme et de résistance croissants des travailleurs face à l'assaut de la classe dirigeante contre la vie et les droits des travailleurs lors de la pandémie de COVID-19. Le retour au travail, imposé par Trump mais mis en œuvre au niveau des États et au niveau local par les responsables démocrates, se poursuit sans relâche, même si ses conséquences catastrophiques se traduisent par un nombre record d'infections quotidiennes et une explosion des hospitalisations à travers le pays.

La criminalité pure et simple des politiques de l'élite dirigeante alimente l'opposition consciente à l'exploitation capitaliste parmi de larges couches de travailleurs. C'est un processus mondial, car tous les gouvernements capitalistes poursuivent la même politique d'«immunité collective» et suscitent la colère et l'opposition des travailleurs du monde entier.

Comme l'a confié un ouvrier Fiat Chrysler à l'usine de Kokomo au Bulletin d'information: «Ils nous exposent tous à ce virus pour le tout-puissant dollar. On ne peut pas mettre un prix sur une vie. Nos vies valent plus qu'une transmission. De toute façon, personne n'achète de voiture en ce moment. C'est triste qu'ils fassent passer les transmissions avant les vies.»

La classe dirigeante a relancé la production dans le monde entier en l'absence de tests de masse et de protocoles de traçage des contacts dans la majorité des pays. Elle met en jeu des vies pour les profits réalisés dans les usines, entrepôts, boutiques, les hôpitaux, abattoirs, fermes, bureaux et autres lieux de travail.

Les travailleurs ripostent de plus en plus. 50 travailleurs agricoles du producteur de pistaches Primex Farms, près de Wasco, en Californie, est en grève depuis jeudi pour exiger le port du masque, la gratuité des gants et la transparence sur les cas confirmés. Ils ont lancé la grève après avoir appris par la télévision locale que 31 ouvriers de l'entreprise avaient contracté le COVID-19. L'entreprise ne les avait pas informés. Primex Farms possède 2.500 hectares de vergers de pistaches en Californie et d'autres installations de fruits secs et de noix.

1.000 infirmières et employés de la section 121RN du syndicat SEIU à l'hôpital Riverside Community en Californie ont fait grève contre HCA Healthcare. Ils s'opposent à des réductions de salaire, à la pénurie chronique de personnel, et au manque d'équipements de protection individuelle (EPI) de qualité pour protéger le personnel du COVID-19.

Le 19 juin, 32.000 travailleurs du secteur des pièces automobiles à Matamoros, au Mexique, ont mené une grève sauvage contre Tridonex Cardone après avoir appris que deux collègues étaient morts, vraisemblablement du virus. Les travailleurs ont demandé plus d'informations et que les installations soient fermées jusqu'à ce que les conditions de sécurité soient réunies.

Les travailleurs entrent en conflit irréconciliable avec le système capitaliste et les syndicats, qui participent à la campagne de retour au travail avec mépris de la sécurité des ouvriers. Les syndicats tentent d'isoler les travailleurs du monde entier les uns des autres, alors qu'ils luttent contre les mêmes entreprises et le même système capitaliste et pour la sauvegarde de l'emploi et de la santé contre un virus qui ne respecte pas les frontières nationales.

Le «World Socialist Web Site» appelle les travailleurs de l'automobile aux États-Unis et dans le monde à soutenir les travailleurs du JNAP et à étendre la lutte à l'ensemble de l'industrie.

Cette lutte initiée par les travailleurs doit s'organiser indépendamment des appareils syndicaux. Le WSWS appelle à la création de comités de sécurité de base, organisés et contrôlés démocratiquement, pour protéger la santé et la sécurité économique des travailleurs. Ces revendications devraient inclure la fermeture de toute industrie non essentielle jusqu'à la fin de la pandémie; l'indemnisation complète des pertes de revenus; des prestations de soins de santé complètes; le droit à un lieu de travail sûr; à un EPI de la plus haute qualité; et à des soins médicaux gratuits pour les travailleurs malades.

Les comités pourront surveiller les conditions dans les usines et exiger une réduction de la vitesse des lignes, la climatisation et un repos adéquat. Ils communiqueront et se coordonneront avec les travailleurs et les usines du pays et du monde entier et, si nécessaire, arrêteront la production pour protéger la sécurité et la santé des travailleurs.

Les travailleurs américains doivent s'unir avec leurs frères et sœurs du monde entier pour exiger les mesures nécessaires pour stopper la pandémie et sauver des vies. Ces mesures, les gouvernements capitalistes ne les mettront pas en œuvre, car ils servent les intérêts des élites financières et patronales et sont en guerre contre la science et la collaboration internationale nécessaire pour faire stopper la pandémie.

La lutte pour les droits des travailleurs est une lutte politique contre le système capitaliste.

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