30/06/2020 reseauinternational.net  3 min #176151

Quand l'ex-patronne du Pnf reconnaît implicitement l'existence du raid judiciaire anti-Fillon

Affaire Fillon : la justice a été soumise au joug de la politique

Et s'il était démontré un jour que M. Macron a été informé de ces manigances, voire y a trempé ?

par Jean-Philippe Delsol

Nous avions dénoncé une justice politique lorsque Mme Houlette, à la tête du Parquet national financier, avait ouvert une information judiciaire conduisant à la désignation d'un juge d'instruction à même de mettre M. Fillon en examen. Ce dernier avait dit imprudemment que seule une mise en examen pourrait le conduire à renoncer. Le pouvoir politique a donc tout fait pour qu'il le soit, dans des délais exceptionnellement courts et totalement inhabituels.

Jusqu'à ce qu'elle prenne sa retraite, Mme Houlette avait affirmé qu'elle avait pris ses décisions en toute indépendance, peut-être pour protéger le calcul de sa retraite dans les meilleures conditions. Mais elle a eu des remords et début juin, elle s'est livrée à un aveu : oui, elle avait subi début 2017, lors de cette affaire Fillon, d'incroyables pressions de la part de sa supérieure hiérarchique, la procureure générale de Paris, Catherine Champrenault, placée sous tutelle de la chancellerie. Ces pressions l'ont forcée à transférer le dossier au juge d'instruction pour que M Fillon soit mis en examen. De remords en remords, elle a ensuite déclaré qu'elle avait été mal comprise, mais ses mots étaient très clairs malgré son courage à éclipses. Elle avait même avoué avoir été « convoquée au parquet général », le 15 février 2017, « parce que le choix procédural que j'avais adopté ne convenait pas ».

Il n'est pas anormal en soi que le parquet reste sous l'autorité du ministre de la Justice pour assurer une politique, notamment pénale, unifiée en France.

Mais pour le moins, il conviendrait de prévoir dans la loi que cet aspect hiérarchique doit s'effacer dans les cas, au demeurant peu nombreux, d'affaires politiques dans lesquelles le gouvernement est nécessairement juge et partie.

Pour éloigner de lui le risque politique que cette affaire pourrait lui faire courir, M. Macron a saisi le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour lui demander si le parquet financier avait agi, ou non, en toute indépendance. Curieuse saisine en forme de dérobade et inappropriée. En effet le CSM a principalement pour vocation la nomination et la discipline des magistrats du siège. En lui confiant cette mission, le président de la République mélange les genres. Au surplus le CSM n'a pas les moyens d'enquête qui lui permettraient de donner un avis pertinent.

Ce geste de M. Macron n'est-il pas celui de la panique ? En effet, les résultats du premier tour de la présidentielle de 2017 ont été très serrés : M. Macron : 24,01%, Mme Le Pen : 21, 30%, M. Fillon : 20,01%. La mise en examen a pu coûter à M. Fillon les 1,3 % qui lui manquaient pour être au second tour, pour que tout soit possible. Et s'il était démontré un jour que M. Macron a été informé de ces manigances, voire y a trempé ?

D'autant qu'au même moment, ès qualités de président de l'IREF, j'ai dénoncé les possibles déclarations mensongères de M. Macron à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique - HATVP-, passibles de non éligibilité. Je suis intervenu auprès Procureur de la République de Paris, M. Molins, et auprès du président de la HATVP afin qu'ils se saisissent de ce dossier, et j'ai été éconduit. Y aurait-il eu aussi des interventions d'Etat pour empêcher ces saisines ? Il y aurait alors un très grave scandale d'Etat.

source:  fr.irefeurope.org

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