Le déclin des populations mondiales de requins et de raies océaniques est continu et préoccupant : c'est le principal message véhiculé par une étude parue ce mercredi 27 janvier dans la revue Nature. Une équipe d'experts du monde entier, unis au sein du projet Tendances mondiales des requins (Global Shark Trends Project), a évalué 31 espèces et découvert une diminution de 71 % de l'abondance mondiale depuis 1970.
Cette nouvelle étude, intitulée « Cinquante ans de déclin mondial des requins et raies océaniques », montre que ce déclin est principalement lié à la surpêche. Depuis 1970, la pression de la pêche a doublé et les captures de raies et de requins ont triplé. Trois quarts (75 %) des espèces de raies et de requins océaniques sont désormais considérées comme menacées d'extinction selon les critères de la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
« Nous démontrons que - même si leur aire de répartition est plus éloignée des terres que pour la plupart des autres espèces - les requins et raies océaniques sont exposés à un risque d'extinction exceptionnellement élevé, bien plus que n'importe quel oiseau, mammifère ou batracien, explique Nicholas Dulvy, professeur à l'université Simon Fraser, à l'est de Vancouver. La surpêche des requins et des raies océaniques compromet la santé de l'ensemble des écosystèmes océaniques, ainsi que la sécurité alimentaire de certains des pays les plus pauvres de la planète. »
Certaines espèces de requins autrefois abondantes dans leurs vastes aires de répartition ont connu un déclin si fort qu'elles sont désormais classées dans les deux catégories de menace maximale de la liste rouge de l'UICN. Par exemple, le requin-taupe bleu, qui a une grande valeur commerciale, a récemment été classé « en danger », tandis que l'emblématique requin océanique est désormais considéré « en danger critique d'extinction ».
Les chercheurs expliquent que les requins et raies sont exceptionnellement vulnérables à la surpêche parce qu'ils ont tendance à grandir lentement et à donner naissance à un nombre limité de petits. Ils sont recherchés pour leur chair, leurs nageoires, l'huile de leur foie, leurs plaques branchiales et les activités récréatives (pêche et plongée).
« Dans l'ensemble, notre analyse est peu réjouissante, mais certaines réussites en matière de conservation des requins apportent une lueur d'espoir, déclare Sonja Fordham, présidente de Shark Advocates International, un projet de The Ocean Foundation. Nous décrivons la reconstitution de plusieurs espèces de l'Atlantique Nord-Ouest, dont les grands requins blancs et les requins-marteaux, que des limites de pêche basées sur la science ont rendue possible. Des mesures de protection relativement simples peuvent aider à sauver les raies et les requins, mais il n'y a pas une minute à perdre. Nous devons de toute urgence prendre des mesures de conservation dans le monde pour éviter tout un ensemble de répercussions négatives et assurer un avenir meilleur pour ces animaux irremplaçables et extraordinaires. »
- Source : Reporterre avec la revue Nature
- Photo : Image par Andrea Bohl de Pixabay