11/03/2021 tlaxcala-int.org  6 min #186695

262 des 265 sénateurs d'Espagne demandent au gouvernement de faciliter une solution pour le Sahara occidental et affirment que cela devrait être une politique d'État

Europa Press

Appel du Sénat de Madrid à la reprise des négociations avec une feuille de route comportant des objectifs et des échéances concrets.

"Et maintenant qiue le roi qui nous a abandonnés n'est plus là, peut-être que l'Espagne veut enfin nous aider"

Madrid, 10 mars 2021 (Europa Press) - Tous les partis représentés au Sénat, à l'exception de Vox (extrême-droite, 3 sénateurs), ont soutenu une motion mercredi demandant au gouvernement de « faciliter activement » la recherche d'une solution politique au conflit du Sahara occidental et que cela soit une politique d'Etat en marge des « affrontements partisans ».

La motion, résultat d'un amendement de compromis convenu par tous les groupes à l'exception de Vox, « reconnaît que l'Espagne a un lien historique et émotionnel avec le conflit politique au Sahara occidental, et demande donc au gouvernement espagnol de soutenir et de faciliter activement au sein de l'ONU, de l'UE et d'autres organisations internationales une solution politique conforme au droit international et aux résolutions de l'ONU ».

En ce sens, les sénateurs ont souligné qu' « il devrait s'agir d'une politique d'État éloignée et dépourvue de controverses et d'affrontements partisans, qui ne favorisent en rien la solution politique requise ».

Le sénateur PNV (Parti nationaliste basque) Luis Jesus Uribe-Etxebarria, promoteur de la motion, a mis en valeur ce dernier point et a salué le « très large accord » obtenu sur le texte, auquel ont été intégrées les motions présentées par le PP (Parti populaire) et le PSOE (Parti socialiste ouvrier).

« Nous devrions nous féliciter car je pense que nous apportons un grain de sable pour tenter de trouver des solutions à cette malheureuse affaire », a-t-il souligné. Les autres groupes ont également célébré le consensus atteint.

Ainsi, le porte-parole du PP, Gonzalo Robles, a souligné qu'un accord a été trouvé sur un texte qui « relève du bon sens et d'une obligation morale », tandis que le porte-parole du PSOE, Rafael Lemus, a souligné que dans « un après-midi de tensions » et dans un « pays avec tant de polarisations » on a atteint « un point de neutralité ».

La responsabilité historique de l'Espagne

D'autre part, plusieurs porte-parole ont fait référence à la « responsabilité historique » du gouvernement vis-à-vis du Sahara, considéré par l'ONU comme un territoire non encore décolonisé, et ont défendu qu'il continue à être la « puissance administrante », ce que l'exécutif a démenti à plusieurs reprises.

Ainsi, le porte-parole de Ciudadanos (Citoyens), Emilio Argüeso, a déploré le « manque d'action » concernant le Sahara de la part du gouvernement actuel, tandis que la sénatrice d'Adelante Andalucía, María Pilar González, a souligné qu'ils ne veulent pas que « le gouvernement continue à regarder ailleurs ».À son tour, le sénateur de JxCat [Ensemble pour la Catalogne] Josep Lluis Cleries a demandé à l'exécutif de remplir son rôle de « garant du droit à l'autodétermination ».

Dans le texte à approuver, les sénateurs ont exprimé leur « préoccupation pour la situation au Sahara occidental, qui met en péril l'accord de cessez-le-feu de 1991 » et ont demandé au Maroc et au Front Polisario « de rester calmes et de s'abstenir de tout acte de violence, de provocation ou de recours à la force ».

Ils ont également exprimé leur « plein soutien aux efforts de la Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental (MINURSO) » afin qu'elle puisse mener à bien sa mission. Certains des porte-parole ont souligné l'échec de l'ONU et de la MINURSO à atteindre l'objectif d'organiser un référendum d'autodétermination. « Le peuple sahraoui n'est toujours pas en mesure d'exercer son droit », a souligné Gorka Elajabarrieta, député de Bildu [Réunir le Pays basque].

La motion approuvée souligne qu'il est « essentiel de trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux résolutions des Nations unies, dans le cadre des principes et des objectifs de la Charte des Nations unies, en faisant appel à la responsabilité de toutes les parties, pour la recherche d'une solution avec une approche multilatérale et constructive ».

Reprise des pourparlers et feuille de route

En ce sens, la motion appelle à la « reprise de pourparlers et de négociations permanentes, crédibles et constructives sous la direction des Nations unies et d'un nouvel envoyé personnel » du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, poste vacant depuis près de deux ans.

En outre, les sénateurs ont défendu la nécessité d'une « feuille de route efficace, avec des objectifs concrets et des échéances claires, dans la conviction que seuls le dialogue, la négociation et l'accord menés de bonne foi et de manière constructive, conformément au droit international et aux résolutions des Nations unies, sont le seul moyen de parvenir à la paix, à la coexistence, à la confiance, à la sécurité et au progrès économique et social dans la région ».

La résolution de ce conflit « est essentielle pour la coopération régionale entre les pays du Maghreb et la stabilité, la sécurité et la prospérité de la région, qui est vitale pour la Méditerranée, pour l'Espagne et, par conséquent, pour l'Europe dans son ensemble », ont-ils averti.

À cet égard, la Chambre haute exhorte le gouvernement à « travailler, tant depuis la politique européenne que dans ses relations bilatérales, à la promotion » du Voisinage Sud, « en pariant sur la création de nouvelles opportunités pour les citoyens des deux rives de la Méditerranée ».

Augmentation de l'aide aux Sahraouis

D'autre part, ils ont appelé à une augmentation « dans la mesure du possible de l'aide humanitaire nécessaire pour aider à couvrir les besoins de base en nourriture, eau, logement et services médicaux pour améliorer les conditions de vie et les droits humains du peuple sahraoui ».

Et enfin, ils ont saisi l'occasion pour exprimer leur « gratitude et reconnaissance à toutes les administrations et organisations sociales dans leur travail humanitaire et de solidarité avec le peuple sahraoui », les encourageant à « persister et accroître leur soutien autant que possible ».

Vox a été le seul groupe qui n'a pas donné son soutien à la motion, après que son amendement n'avait pas été accepté, qui, selon Uribe-Etxebarría, était en quelque sorte inclus dans le texte convenu. La parlementaire du parti de Santiago Abascal au Sénat, Yolanda Merelo, a souligné dans son discours que, contrairement aux mouvements indépendantistes en Espagne, les Sahraouis « ont bien le droit » à l'autodétermination [Votre Seigneurie est vraiment trop magnanime, NdT].

En outre, elle a défendu que l'Espagne est la « puissance administrante » et que par conséquent le gouvernement « doit aller de l'avant et assumer son rôle » en ce qui concerne le Sahara occidental, critiquant le fait que l'exécutif actuel « soit aux abonnés absents ».

Courtesy of  Tlaxcala
Source:  eldiario.es
Publication date of original article: 10/03/2021

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