par Mike Beuve.
Le pass sanitaire va régir de plus en plus le quotidien des Français. Ceux qui ne veulent absolument pas se faire vacciner optent pour l'achat du précieux sésame. Kévin a franchi le cap. Laura s'apprête à le faire. Au micro de Sputnik, ils expliquent leur choix pour le moins illégal.
Plutôt payer que de se faire vacciner ! Depuis l'annonce de l'instauration du pass sanitaire en France, certains réfractaires à l'idée de subir une injection redoublent d'ingéniosité pour en obtenir le leur. C'est le cas de Laura*, 22 ans. La jeune fille confie à Sputnik être en quête d'un certificat vaccinal en vue de commencer en septembre prochain ses études de coach sportif.
« Comme le pass sanitaire est obligatoire dans les salles de sport et que je ne veux ni me faire vacciner, ni faire des tests PCR toutes les quarante-huit heures, lesquels seront payants à la rentrée, c'est le seul moyen », argue Laura.
Pour ce faire, elle est prête à dépenser « jusqu'à 400 euros ». L'étudiante explique que de nombreuses solutions lui ont été proposées par son entourage. Un ami pompier lui aurait ainsi expliqué que certains de ses collègues, ayant reçu la formation pour vacciner, pouvaient simuler une injection. En clair, piquer dans le vide. « Il m'a aussi conseillé d'aller directement dans un centre de vaccination et d'y aller au culot et de demander à l'infirmière de mettre la dose à côté. Mais il faut tomber sur le bon infirmier », détaille Laura.
Les offres se multiplient sur les réseaux sociaux
De telles pratiques ont d'ailleurs provoqué l'ire d'Olivier Véran. Le ministre de la Santé a qualifié cette attitude de « totalement irresponsable ». Selon lui, « le pire, dans ces actes, c'est qu'ils jettent des doses de vaccin ». « Les arrestations qui ont eu lieu montrent bien qu'on lutte contre cela », a-t-il menacé.
Effectivement, de nombreuses affaires ont mis ces activités illégales sous le feu des projecteurs. À l'image de l'enquête menée par Le Parisien dans deux centres de vaccination en Île-de-France. Contre une somme d'argent, des employés délivraient des passeports sanitaires sans faire d'injection. En juin dernier, une infirmière de l'hôpital Sainte-Anne avait été suspendue pour le même motif.
Néanmoins, d'autres méthodes existent. C'est ce que confirme Laura. Elle avoue penser également à recourir aux services d'un intermédiaire. Sur les réseaux sociaux, en effet, les annonces pour acheter le laissez-passer se multiplient.
Parfois avec la complicité d'un contractuel de la Caisse primaire d'Assurance maladie, des internautes promettent de créer de « faux-vrais » pass sanitaires. En clair, des QR codes parfaitement valides mais délivrés de manière indue. C'est à ce procédé qu'a recouru Kévin*, un Francilien de 28 ans travaillant dans le milieu hospitalier. S'il n'a pas réussi à obtenir de l'aide par le biais de ses connaissances, notamment des médecins, il raconte à Sputnik s'être rabattu sur un intermédiaire. Contre 300 euros et l'envoi de ses nom, prénom, date de naissance et numéro de Sécurité sociale, deux jours après, il recevait le fameux certificat.
Un phénomène de grande ampleur ?
La tendance est difficilement quantifiable. Cependant, en juin dernier, le ministère de la Santé assurait que les fraudes étaient « d'une ampleur très limitée ». Les moteurs de recherche montrent un pic d'intérêt juste après l'annonce de l'instauration du pass par Emmanuel Macron. Avant l'allocution du président de la République, on dénombrait entre 500 et 600 recherches par mois du terme « fausse attestation » sur Google, indiquait Le Figaro. Le lendemain, on dépassait les 4 000 d'après l'outil de référencement SEMrush.
Selon les dires de Laura, une vingtaine de personnes autour d'elle aurait entrepris la même démarche : « J'ai demandé à presque tous mes amis, soit ils l'ont fait au préalable, mais maintenant la personne par laquelle ils sont passés ne le fait plus, soit ils cherchent quelqu'un ».
Un geste politique
Alors que l'utilisation d'un document frauduleux expose à une amende de 135 euros, puis 3 750 euros et six mois d'emprisonnement en cas de récidive dans les trente jours, pourquoi courir un tel risque ? Kévin rétorque d'emblée que « ce sont de fausses menaces ».
« Il faut qu'ils le prouvent : quelles preuves ont-ils que je ne me suis pas fait vacciner ? De plus, même en me testant, j'ai des anticorps puisque j'ai eu le Covid », souligne le jeune homme.
De surcroît, nos deux témoins indiquent que leur attitude est liée à un manque de confiance à l'égard des vaccins anti-Covid. « Si je me fais vacciner et que je développe une maladie ou que j'aie des effets secondaires irréversibles, je préfère payer une amende de 135 euros », avance la future coach sportive. Kévin assure qu'il n'est pas anti-vax. Le jeune homme glisse qu'il est vacciné notamment contre le tétanos, et dans le cadre de voyages, il s'est immunisé contre l'hépatite B et la fièvre jaune. « Mais ces vaccins ont fait leur preuve », souligne-t-il.
Au-delà des craintes liées au développement « trop rapide » du vaccin, il confesse que des raisons beaucoup plus profondes et politiques motiveraient son geste. En effet, si l'agent des services hospitaliers a dû céder à l'utilisation du pass sanitaire, car c'était la condition sine qua non pour son départ en vacances, il estime que ce dispositif « provoque une fracture »: « C'est une discrimination ». « Pour moi, c'était impossible d'aller me faire vacciner à cause de la manière dont le gouvernement a agi. C'est de la coercition, une contrainte exercée. L'ordre est impérieux, ça me dérange », résume-t-il.
« Le chantage est terrible, c'est grave ce qu'il [Emmanuel Macron, ndlr] a fait. Il a été frontal et ça m'a braqué. Cela devient une question de dignité. En fait, si on lui laisse passer ça, qu'est-ce qu'il va faire après ? » s'interroge Kévin.
source : fr.sputniknews.com