Cet article a été rédigé le 13 mars 2013.
Un fils d'immigrés Italiens du Piémont, Jorge Mario BERGOGLIO, 76 ans, Jésuite, est élu pape prenant le nom de FRANCISCO 1er. Il était Archevêque de Buenos Aires, Argentine. C'est un ultra conservateur, se disant « péroniste » convaincu, mais pourtant ancien collaborateur, « passif » ou « actif » (ce qui revient au même) de la dictature militaire d'Argentine. Lorsqu'il était Supérieur Provincial de l'Ordre des Jésuites à Buenos Aires, il avait laissé deux de ses confrères prêtres guérilleros entre les mains de la dictature militaire. Les deux prêtres qui oeuvraient dans les favelas de Buenos Aires et particulièrement aimés des pauvres, ont été torturés par les militaires.
BERGOGLIO, devenu Haut responsable de la Commission Pontificale pour la Famille, a critiqué et condamné sévèrement l'avortement pratiqué sur une femme handicapée qui avait été violée en Argentine.
Il se faisait passer pour un « ami des pauvres », parce que la majorité des pays d'Amérique Latine est devenue sensible au « pobretariado ». La théologie de la libération qui a inventé ce terme de « pobretariado » (le pauvrétariat), a été très influente sur toute l'Amérique Latine, bien qu'elle fût solennellement condamnée par Ratzinger en 1984, puis en 1986 par le décret du Pape Jean-Paul II. A la suite de cette condamnation romaine, les pauvres se sont détournés en masses de l'Église et la catholicité a vu sa communauté se désengager.
Le comportement du cardinal BERGOGLIO, qui se veut ami des pauvres, vivant simplement et sobrement, est un comportement qui était destiné à récupérer la sympathie du peuple qui a été perdue à la cause de l'Église catholique.
Vouloir s'appeler Francisco 1er est très significatif, compte tenu de ses véritables opinions, d'une fumisterie à la jésuite, destinée à faire croire au continent Sud Américain qu'il est devenu un « abbé Pierre » au Vatican, résolument du côté des pauvres et qu'il va œuvrer à leur cause, sans dire qu'il cessera du coup d'être « péroniste » ou qu'il réformera logiquement la doctrine sociale de l'Eglise qui ne permet pas d'être tout dévoué aux pauvres. Un abbé Pierre ou une sœur Emmanuelle n'hésitaient pas à critiquer sévèrement le dogme et à remettre en cause la doctrine sectaire et hégémoniste de l'Eglise ! Nous verrons donc très rapidement si le nouveau pape va remettre en cause le Magistère de l'Eglise et tenir un langage nouveau
Il est important peut être de rappeler que c'est la doctrine sociale de l'Eglise, inspirant toute la trame idéologique du national-catholicisme, qui a été le guide permanent de la dictature militaire d'Argentine. C'est aussi la raison pour laquelle l'épiscopat Argentin était ouvertement complice de la dictature militaire, puisqu'il était le « cerveau » pensant de la dictature. Le livre du Français, Jean OUSSET, publié en 1959, « Pour qu'il règne », était un manifeste contre-révolutionnaire. Ce manifeste apportait aux militaires français, des arguments de l'idéologie « national-catholique », pour la torture en Algérie. C'est la raison pour laquelle, ce même livre, traduit en espagnol, a servi à la dictature militaire d'Argentine, pour sa pratique de la torture qu'elle a organisée de manière spectaculaire! Aujourd'hui, en France, le livre de OUSSET est la constitution de base inspirant les actions du mouvement CIVITAS.
BERGOGLIO, responsable religieux de l'Ordre des Jésuites, était un opposant à la théologie de la libération qui a été condamnée par Ratzinger et Jean Paul II, en 1984. Sa sympathie naturelle était donc du côté des militaires qui s'inspiraient de la doctrine sociale de l'Eglise et non pas du côté des théologiens de la libération condamnés par les autorités du Vatican, accusés d'être des sympathisants du communisme, travaillant à la cause du « pauvrétariat ».
Il est certain et prouvé, sans ambiguïté, que BERGOGLIO, responsable religieux des Jésuites sous la dictature, pensait sincèrement que deux de ses confrères Jésuites étaient « engagés dans la guérilla » et que la guérilla signifiait, très concrètement, pour lui, une prise de position communiste, comme les déclarations de BERGOGLIO devant le Tribunal Pénal Argentin le prouvent, au moment où il a été convoqué pour rendre des comptes sur son implication dans les actes de violences commis par la dictature.
Le cauchemar de l'Eglise, comme celui des Etats-Unis, comme celui de toutes les dictatures militaires d'Amérique Latine, et d'Europe, était le communisme. La théologie de la libération a été condamnée à cause de ses références au marxisme. BERGOGLIO, en bon responsable ecclésiastique, ne pouvait que partager ce cauchemar. Persuadé que deux de ses confrères étaient engagés dans la guérilla, il ne pouvait que souhaiter ou implicitement ou explicitement leur élimination, sous peine de « trahir » l'Eglise! C'est pourquoi, même s'il ne les a pas dénoncés ouvertement, il a forcément fermé les yeux, autorisant implicitement le travail que la dictature allait fraternellement lui proposer d'accomplir à sa place, puisque l'Inquisition n'était plus là pour torturer et réduire au silence ces religieux récalcitrants et hérétiques
Il est absolument certain que le pape ne peut pas toucher à cette position dogmatique de l'Église, se permettre une telle liberté !
Il en a rajouté un maximum en faisant prier la foule par trois fois avant sa bénédiction Urbi et Orbi. Il voulait manifestement envoyer le message que le nouveau pape était un pieux, un spirituel, un religieux « doux et humble de cœur », un homme que l'on ne pouvait, surtout pas, associer à la dictature militaire d'Argentine.
Comme d'habitude, les commentaires des journalistes ont été spectaculairement ignorants, naïfs et demeurés! Ce pape ne peut, en aucun cas, être le « pape du changement ».
Les ondes sont envahies de commentaires élogieux, d'exaltations de tout genre, de joie, de « réflexions » émues, on est dans une euphorie infantile, pronostiquant un nouvel avenir pour une Église à l'image de saint François d'Assise, enfin proche de l'Évangile C'est comme si la France entière se mettait en émoi, bouleversée d'allégresse parce qu'elle aurait plébiscité Jacques MESRINE comme Président de la République pour avoir publié « L'instinct de mort » à la suite de ses crimes célèbres!
Je vois très clairement en BERGOGLIO, un authentique spécialiste de l'imbroglio, de l'hypocrisie et de l'enfumage! Il est impossible qu'à 76 ans, cet homme renonce à son ultra conservatisme, renie ses positions sectaires sur la morale sexuelle. Il est impossible qu'il puisse désormais réhabiliter la théologie de la libération qui est la seule, dans le contexte ecclésial, à soutenir ceux qui luttent contre les perversions du capitalisme. Il est vain d'attendre de la part de cet homme, une confession publique regrettant sa collaboration qu'elle soit passive ou active avec la dictature militaire d'Argentine.
Le fascisme est une émanation de la religion monothéiste patriarcale coalitionnelle « révélée ». Ce nouveau pape ne peut être que le fidèle répétiteur de Ratzinger et Benoît XVI Ce pape, encore plus que le précédent, est un pape bien traditionnellement catholique, apostolique et romain intrinsèquement fasciste, comme Pie XII, sympathisant qui a accueilli les bras ouverts, des milliers d'Officiers nazis en Argentine.
Ces derniers jours, le nouveau pape a pris la parole en dénonçant l'esclavage au travail, à la suite des mille morts du Bangladesh C'était très bien et très émouvant! Enfin un pape qui s'occupe des travailleurs.
Mais, d'où vient la dictature de l'argent, du profit, de l'exploitation des personnes travaillant au service de l'argent, l'argent n'étant absolument pas au service du bonheur des humains ? L'esclavage a été généré par l'institution des religions patriarcales basée elle-même sur l'invention de la culpabilité de la créativité humaine et le devoir des hommes de se soumettre désormais à une autorité supérieure représentée par la classe des chefs religieux et des chefs tout court, créant du même coup la société des castes et des classes ! Le travail est passé de la créativité au « travail pénal », de la liberté au devoir de soumission. Cette situation intolérable de la condition d'aliénation des travailleurs a été engendrée par le phénomène coalitionnel de toutes les religions qui ont décrété que l'Homme était tombé, pécheur, coupable et que désormais il gagnerait son pain « à la sueur de son front ». L'esclavage a été possible, parce que le travail est devenu « pénal » : là est l'œuvre essentielle du phénomène de la religion, en soi. Pour travailler efficacement à l'abolition de l'esclavage tel qu'il existe aujourd'hui, il faut d'abord combattre le phénomène psychopathologique des religions coalitionnelles patriarcales.
Ainsi, le pape, dans la splendeur de cette spectaculaire hypocrisie, se fait passer pour un chantre et défenseur des « droits de l'Homme », alors que son système, celui qu'il défend obligatoirement et qu'il représente absolument, fait partie de ce qui explique ce scandale de l'esclavage. C'est toute la démonstration de mon livre en deux tomes « La Libération de l'Homme ».
Inutile de dire que ces mots ont provoqué une violente réaction d'intolérance de la part des fanatiques sectaires catholiques, persuadés qu'ils sont, d'être les détenteurs de la « vérité » et de la « plénitude des moyens de salut », car l'Homme est un être tombé, pécheur et coupable et encore plus lorsqu'il ose critiquer ce système!
Tous les systèmes appellent les hommes qui leur sont nécessaires plus que ces derniers créent les systèmes à la pérennité desquels ils se sont associés par leur engagement. Si Bergoglio est là, comme Ratzinger a été là, c'est parce que ces hommes ont donné la garantie nécessaire pour la pérennité du système idéologique ecclésial ayant très clairement alimenté la pensée fondatrice et organisatrice de la dictature militaire en Argentine.
Ce qui me consterne toujours, c'est l'ignorance dont font preuve les personnes qui se permettent pourtant de prendre la parole dans les médias sur ces sujets qui demandent une connaissance expérimentale de l'Église! Encore une fois, nous assistons à cette naïveté d'un occident qui continue d'ignorer la nature réelle d'une religion monothéiste. On assiste à ce spectacle navrant d'un Occident niais et borné sur une tradition qui le rend incapable de sortir de son arriération mentale collective
Un pape ne peut être qu'un individu tout dévoué au système ecclésial qui est un système sectaire. Le pape ne peut être qu'un pratiquant du sectarisme catholique : il ne peut en aucun cas s'autoriser des libertés, contrairement à certains catholiques connus qui sont restés cohérents avec eux-mêmes et qui, par conséquent, n'ont eu que faire de la morale et du dogme de l'Église. Il est vain de vouloir trouver dans ce sectarisme catholique, une ouverture quelconque qui pourrait faire prendre le loup blanc, pour la bonne grand'mère du petit chaperon rouge!
Jean-Yves Jézéquel
Le 13 mars 2013
La source originale de cet article est Mondialisation.ca
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