Par RT - Le 18 octobre 2021
Le Premier ministre polonais a adressé une lettre à l'Union européenne pour l'avertir que l'Union risque de devenir un « organisme géré de manière centralisée, dirigé par des institutions privées de tout contrôle démocratique ».
Le Premier ministre Mateusz Morawiecki a écrit lundi aux dirigeants de l'UE, aux institutions et aux gouvernements des États membres, affirmant que « malheureusement, nous sommes aujourd'hui confrontés à un phénomène très dangereux dans lequel diverses institutions de l'Union européenne usurpent des pouvoirs qu'elles n'ont pas, en vertu des traités, et imposent leur volonté aux États membres ».
Nous devrions nous inquiéter de la transformation progressive de l'Union en une entité qui cesserait d'être une alliance d'États libres, égaux et souverains, pour devenir un organisme unique, géré de manière centralisée, dirigé par des institutions privées du contrôle démocratique des citoyens des pays européens.
Le Premier ministre polonais a également énuméré plusieurs défis majeurs auxquels l'UE est confrontée, notamment le Brexit, une crise financière « qui menace d'affaiblir, voire d'effondrer la zone euro », et la crise du gaz et de l'énergie qui « menace de pauvreté des millions de personnes ».
« Le destin de notre Union ces dernières années n'est pas une liste de succès. Si nous voulons éviter de nouvelles crises, nous devons changer nos habitudes », a averti M. Morawiecki.
Le Premier ministre a également assuré que la Pologne « reste un membre loyal » du bloc des 27 nations, et a demandé à Bruxelles d'entendre les arguments du pays et « d'être ouvert au dialogue » dans l'espoir de trouver « une solution qui renforcera notre Union européenne ».
La lettre de M. Morawiecki intervient après que le Tribunal constitutionnel polonais a jugé, au début du mois, que certaines clauses des traités de l'UE sont incompatibles avec les lois de Varsovie, concluant au principe de la primauté des lois du pays.
Cet arrêt historique a établi que la Pologne a le droit de vérifier la constitutionnalité de la législation européenne, ainsi que des décisions prises par la Cour de justice.
La semaine dernière, M. Morawiecki s'est emporté en disant que les institutions de l'UE empiètent sur les droits de ses nations membres, faisant remarquer que « la démocratie est mise à l'épreuve » et que « nous sommes à un carrefour » de l'histoire de l'Union.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que l'organe exécutif utiliserait tous ses pouvoirs pour s'assurer que la loi de l'Union conserve la primauté à la suite de la décision polonaise.
Le conflit sur la suprématie de la loi est un des points de discorde entre Bruxelles et Varsovie. Les deux parties s'étaient déjà affrontées au sujet de l'opposition de l'Union européenne aux zones LGBTQ autoproclamées de la Pologne, ainsi que sur la décision de la Cour de justice de condamner le pays à payer une amende journalière de 500 000 euros (585 550 dollars) pour ne pas avoir mis fin aux activités d'extraction de lignite après une action en justice lancée par la République tchèque voisine en raison de l'impact du site sur l'approvisionnement en eau des habitations locales.
RT
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone