© Ludovic MARIN Source: AFP
Emmanuel Macron lors du sommet de l'Union européenne (UE) à Bruxelles le 24 mars 2022 (illustration)
30 mars 2022, 18:37
De nombreux politiques ont une nouvelle fois critiqué le gouvernement concernant l'affaire McKinsey après la parution d'un article du Canard enchaîné sur une supposée «complaisance» du ministère de l'Economie envers le cabinet de conseil.
Autrefois inconnu du grand public, le nom de McKinsey est maintenant sur toutes les lèvres. Les révélations sur le rôle joué par le cabinet de conseil américain dans la politique de vaccination contre le Covid-19 avait déjà fait couler beaucoup d'encre en janvier 2021. Mais c'est bien le récent rapport de la commission d'enquête du Sénat rendu public le 17 mars dénonçant l'emprise des cabinets de conseil sur l'appareil d'Etat ainsi que leurs montages fiscaux, qui a mis le feu aux poudres.
Un article du Canard Enchainé paru dans son édition du 30 mars a ravivé la polémique. Le journal satirique a enquêté sur la supposée faiblesse des contrôles opérés par Bercy portant sur les pratiques d'optimisation fiscale mises en place par plusieurs filiales françaises des cabinets de conseil privés. Le Canard Enchaîné se demande ainsi si «l'inertie» du Fisc s'expliquerait par une supposée «complaisance» du ministère de l'Economie et des finances publiques à l'égard des cabinets de conseil.
La force de ces révélations est telle que certaines personnalités politiques et médiatiques y voient un «McKinseyGate», voire un «MacronGate» dont il faudrait tenir responsable le président de la République.
Le chaos du marché partout, les gens n'en peuvent plus
C'est notamment le cas de Jean-Luc Mélenchon, qui après ces révélations appelle à un changement de paradigme. «Un autre monde est possible. Nous sommes arrivés au bout d'un cycle après 40 ans de néolibéralisme avec des cabinets de conseil qui prennent des sommes folles à l'Etat, des dividendes sur le grand âge. Le chaos du marché partout, les gens n'en peuvent plus» a-t-il affirmé sur France Inter le 30 mars.
Autre candidat à la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan qui dénonce le fait qu'Emmanuel Macron ne soit «pas moralement choqué de refuser 800 millions d'euros d'aides aux personnes porteuses d'un handicap pour revaloriser l'AAH (Allocation Adulte Handicapé) et la déconjugaliser, mais n'a aucun problème à débourser cette somme pour des cabinets conseils privés !».
Florian Philippot n'est pas en reste. L'ex-candidat à la présidentielle a réagi avec virulence à l'article du Canard Enchaîné.
«Nouvelle révélation terrible du Canard Enchaîné sur le #McKinseyMacronGate ! Bercy aurait sciemment fermé les yeux sur des montages fiscaux qui auraient dû immédiatement l'alerter ! À lire, c'est édifiant. Macron doit vite s'expliquer !», a-t-il tweeté.
Eric Zemmour fait le parallèle avec l'affaire Fillon qui avait défrayé la chronique lors de la campagne présidentielle de 2017. «Qu'attend le Parquet national financier pour réagir, lui qui a été si rapide pour les costumes de François Fillon», se demande-t-il.
Même son de cloche chez le Sénateur LR de la Côte d'Or, Alain Houpert. «Comme j'ai demandé en 2017 le retrait de François Fillon, la volonté d'exemplarité affichée par le PR doit l'inciter à se montrer digne et à se retirer. La France ne peut-être une République bananière. Elle mérite mieux que cela !», a-t-il lancé
Le 17 mars, la commission d'enquête du Sénat a publié un rapport explosif dans lequel elle dénonce l'influence disproportionnée des cabinets de conseil sur le gouvernement. Dans son rapport, la commission décrit un «phénomène tentaculaire», au coût croissant pour les finances publiques. Pis encore, elle accuse de surcroît les entités françaises de McKinsey d'optimisation fiscale, de telle sorte qu'elles n'auraient versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.
Le 27 mars sur France 3, le président de la République, a jugé que la polémique autour des contrats passés avec le cabinet américain McKinsey n'avait pas lieu d'être et se défend d'avoir enfreint les règles d'attribution des marchés publics. «S'il y a preuve de manipulation, que ça aille au pénal !», a-t-il lancé avant d'assurer qu'il n'y avait pas de «combines» avec McKinsey.