11/04/2022 mondialisation.ca  6 min #205961

Présidentielle 2022: le choix des Français

«Le président Macron a fait une grosse erreur»

Par  Philippe Rosenthal

Emmanuel Macron a fait quatre points de pourcentage de mieux au premier tour que lorsqu'il a remporté sa première élection, il y a cinq ans. Cependant, le deuxième duel qui s'ensuit avec Marine Le Pen menace de se transformer en une course au coude à coude dans deux semaines.

Les derniers sondages, le soir des élections du premier tour, voient Emmanuel Macron à 51% et Le Pen à 49%. Die Welt considère que «le président Macron a fait une grosse erreur». Les forces traditionnelles en UE s'inquiètent de la possibilité d'une victoire de la leader du RN. Marine Le Pen s'affirme, donc, comme la candidate contre l'establishment de Bruxelles.

Marine Le Pen effraie l'establishment européen. La France est sous l'emprise du mécanisme de l'UE et des actions politiques venant d'autres pays, comme cela est le cas en provenance de Berlin et, surtout, de Bruxelles. Avec Ursula von der Leyen comme présidente de la Commission européenne, les lobbies internationaux de l'Occident via les réseaux européens sont en action pour faire gagner Emmanuel Macron contre Marine Le Pen. La candidate du RN est une amie de la Hongrie de Viktor Orbán qui vient d'être réélu et qui a validé le paiement en roubles des produits énergétiques de Russie tout en dénonçant l'actuel président ukrainien dans son action de guerre en Ukraine. Et, elle reste malgré le conflit en Ukraine une proche de la Russie.

«Une populiste de droite deviendra-t-elle la nouvelle présidente de la France?»,  s'inquiète Focus. Marine Le Pen a encore des chances d'être élue après le premier tour. Le second tour des élections avec Emmanuel Macron est prévu dans deux semaines. Focus affirme qu' «une chose est déjà claire: si [Marine] Le Pen gagne encore, beaucoup de choses vont changer». Le magazine allemand admet: «Le fait qu'elle puisse devenir présidente [de la France] donne depuis longtemps mal au ventre aux politiciens de Berlin et de Bruxelles».

Pour Die Welt, Marine Le Pen  possède «un atout dans sa manche» avec sa «position» sur la «politique étrangère» quand, selon elle, la France doit prendre ses propres décisions dans le monde et être une «force de paix» quand, dans son discours après les résultats du premier tour, Emmanuel Macron a souligné à plusieurs reprises l'importance de l'Europe pour la France à l'heure où l'Europe connaît un nouveau conflit. En outre, jusqu'à présent, il n'y a pas eu de véritable campagne de la part d'Emmanuel Macron. Ce dernier a même  refusé de débattre avec d'autres candidats avant le premier tour.

Pour l'expert en communication et auteur, Raphael Llorca, cité par Die Welt, Emmanuel Macron pensait qu'en tant qu'homme d'Etat en temps de crise, il ne pouvait convaincre que par ses actions politiques, mais il sous-estimait Marine Le Pen. «Il faut qu'il aille là où ça fait mal maintenant. A la campagne, dans les fiefs de [Marine] Le Pen. Affronter les gens qui pensent que [Marine] Le Pen est bien plus accessible que lui».

Que 14% des voix. Emmanuel Macron doit gagner les voix des électeurs des autres candidats vaincus. Les grands perdants Valérie Pécresse (Les Républicains), Yannick Jadot (Les Verts), Anne Hidalgo (Socialistes) et Fabien Roussel (Parti communiste) se sont immédiatement et clairement opposés à Marine Le Pen dimanche et ont appelé à l'élection d'Emmanuel Macron. Ensemble, cependant, le quatuor n'a obtenu que 14% des voix. Beaucoup plus pertinent et décisif est le bloc du populiste de gauche Jean-Luc Mélenchon, qui a, non seulement, obtenu son meilleur résultat électoral, mais s'est également retrouvé juste derrière Marine Le Pen. Bien qu'il ait répété à plusieurs reprises dans son discours que lui et ses partisans ne voteraient jamais et ne devraient jamais voter pour Marine Le Pen, il n'a pas lancé d'appel spécifique pour que Emmanuel Macron soit élu. Emmanuel Macron, en rappelant son souhait de porter l'âge de la retraite à 65 ans, comme l'un des points centraux de son programme, pourrait décourager les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, lui, qui prônait lui-même l'abaissement de l'âge de la retraite à 60 ans. Selon Die Welt, Jean-Luc Mélenchon est plus proche de Marine Le Pen que d'Emmanuel Macron sur les questions socio-politiques et sur ce point essentiel pour la vie des Français, «le président Macron a fait une grosse erreur».

Fin de l'axe Paris-Berlin et de Bruxelles. Focus indique que Marine Le Pen est «considérée comme une eurosceptique» et que «l'axe Paris-Berlin, moteur de l'UE, n'existerait probablement plus avec elle», et «il serait plus probable qu'une France sous [Marine] Le Pen se tourne vers des pays comme la Hongrie ou la Pologne». De fait, les actions de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, agacent l'électorat français en agissant comme la chef absolue de l'UE en ordonnant des mesures sur l'ensemble du bloc comme la généralisation du vaccin ou en entraînant unilatéralement la France et les autres pays de l'UE sous la bannière ukrainienne alors qu'elle n' a pas été élue par les peuples européens. Les Français ne voient pas pourquoi ils devraient subir les conséquences d'un conflit qui ne les regardent pas et voir le prix des produits de base ou l'essence drastiquement augmenter.

Focus rappelle que «pendant longtemps, on a dit que [Marine]Le Pen était proche du président russe Vladimir Poutine - financièrement et idéologiquement: «Elle a rendu visite au patron du Kremlin en 2017 et a reçu un prêt de 9,4 millions d'euros, qu'elle a investi dans sa campagne électorale. A ce jour, elle n'a pas remboursé l'argent, elle est donc toujours redevable à [Vladimir] Poutine. En 2017, elle a déclaré que l'annexion de la Crimée n'était «pas illégale». Dans son programme, Marine Le Pen  voulait initialement quitter l'Otan sans délai, estimant qu'il s'agissait d'une «organisation belliciste» qui vise «l'encerclement dangereux de la Russie» et elle a affirmé qu'elle quittera la structure dès lors que le conflit [en Ukraine] sera fini. Elle a critiqué à plusieurs reprises les sanctions économiques que l'UE a imposées à la Russie, souligne Focus tout en indiquant qu'elle s'est «également prononcée en faveur du détachement de la France des structures de commandement conjointes de l'Otan» et que «cela signifierait vraisemblablement le retrait des troupes [françaises] actuellement stationnées en Roumanie ou dans les Etats baltes.

Il est ainsi, évident qu'Emmanuel Macron obtient le soutien de l'Otan, de Bruxelles et de Washington contre Marine Le Pen. Les électeurs français ont les cartes entre les mains pour faire sortir la France de la détermination occidentale via l'UE et l'Otan qui les entraînent dans des conséquences d'un conflit qui ne les regardent pas.

Philippe Rosenthal

La source originale de cet article est  Observateur continental

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