21/04/2022 francesoir.fr  4min #206619

 Présidentielle 2022: le choix des Français

Au dernier meeting de Le Pen, le « Tout sauf Macron » comme cri de ralliement

Auteur(s): Par Anne RENAUT avec Adrien de CALAN - Arras (AFP)

"Macron, c'est l'horreur", "faisons barrage" et "Marine est mûre" pour le pouvoir: le dernier meeting de Marine Le Pen à Arras jeudi a pris des allures de "tout sauf Macron", alors que les sondages donnent un avantage au président sortant.

Dans un discours très offensif, la candidate d'extrême droite a appellé à "un front anti-Macron", un président qui "n'aime pas les Francais", a-t-elle tonné, en reprochant à son rival sa "condescendance et son arrogance sans limite" lors du débat télévisé de la veille.

"Un président ne devrait pas se tenir comme cela", a-t-elle ironisé.

Chauffés à blanc, certains partisans, drapeaux français en main, ont hurlé des "Macron dehors", "banquier", "voleur" et même un "Macron pendaison", lâché par un militant au fond du hangar d'Artois Expo, où plus de 3.000 personnes étaient réunies et où... Emmanuel Macron avait lui aussi tenu un meeting entre les deux tours il y a cinq ans.

Dans les travées, au milieu des chaises pliantes en velours rouge, beaucoup pestent contre le président sortant, "candidat des riches", et fustigent sa gestion du Covid.

"Macron a menti, alors que c'est une grippe comme une autre. Il nous a enfermés comme des lapins", lance Jean-Marie Depoilly, 66 ans, électeur de Le Pen de père en fille.

Et "il a pris de l'argent aux pauvres pour donner aux riches", attaque encore ce retraité, ancien employé d'un abattoir puis ouvrier dans une usine de verrerie.

- "Barrage" - Laetitia Melin, 33 ans, aide médico-psychologue, suspendue de son poste car pas vaccinée, soutient Marine Le Pen parce qu'elle est contre le pass sanitaire.

Mais si sa championne s'incline, elle a "déjà prévu de quitter la France, peut-être pour l'Espagne". Cette jeune femme de la Somme ne veut "plus avoir affaire à M. Macron". Mais elle "va peut-être attendre les législatives", nuance-t-elle.

Emmanuel Macron semble creuser l'écart dans les derniers sondages, qui le créditent de 55,5% à 57,5% des voix.

Au premier tour de la présidentielle, Arras a été un îlot macroniste dans un département du Pas-de-Calais très favorable à Marine Le Pen, sa terre d'élection en tant que députée.

Dans cette ville préfecture de 40.000 habitants, le président sortant est arrivé en tête avec 29,48% des voix, devant la candidate du Rassemblement national (24,03%) et l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon (22,86%). Dans le département, c'est 38,68% pour Le Pen, 24,61% pour Macron.

Dimanche pour "gagner", il faut "la mobilisation des abstentionnistes" et "faire barrage à Macron", martèle le député RN du département Bruno Bilde, qui cite l'électorat "clé" de Jean-Luc Mélenchon.

Doudoune sans manche et piercing discret, Patricia Mallet, femme de ménage de 54 ans, peste contre les jeunes qui ne votent pas. "C'est toujours les mêmes, ils jouent à la console toute la journée".

- "Fruit mûr" - Sebastiao Neto, 23 ans, fait des selfies avec son grand drapeau breton, qui détonne dans l'ambiance nordiste. "J'ai fait 700 kilomètres pour venir. Cette fois Marine est prête comme un fruit mûr" pour gouverner. "Ce n'était pas le cas en 2017", estime cet employé en boulangerie.

Son père est angolais, mais le discours de la candidate RN contre l'immigration convient au jeune homme: "Elle ne veut pas stopper l'immigration mais la structurer. Quand on arrive chez des gens, on doit être plus propre que chez soi, c'est normal".

Dans la matinée, Marine Le Pen a rencontré à Roye (Somme) des transporteurs routiers, se faisant conduire sur quelques mètres dans un camion jaune.

"Faut pas qu'elle abandonne", insiste Kevin Linard, un chauffeur de 31 ans. "Si on a encore cinq ans comme on a vécus là... Ça été une horreur. A la fin du mois, quand on a tout payé, on n'a plus rien".

Dominique Le Moan, jeune femme de 25 ans, a trouvé Marine Le Pen meilleure qu'il y a cinq ans lors du débat télévisé face à Emmanuel Macron mercredi soir. "Elle était calme, sereine, elle n'a pas fait la même erreur".

Il faudrait "qu'elle gagne", insiste-t-elle. Avant d'ajouter, fataliste: "mais on sait qu'elle ne passera pas".

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