© EMMANUEL DUNAND Source: AFP
Passation de pouvoir entre Jean-Michel Blanquer (à droite) et Pap Ndiaye le 20 mai 2022 à Paris (image d'illustration).
21 mai 2022, 19:31
Tout en disant qu'il faisait «confiance sur le plan personnel» au nouveau ministre de l'Education, le député MoDem Jean-Louis Bourlanges a émis des réserves sur cette nomination en évoquant sa propre aversion pour le «wokisme» et la «cancel culture».
«Je ne voudrais pas que les valeurs fondamentales de laïcité et la liberté de l'esprit ne soient pas défendus avec la même énergie» : c'est par ces mots que le député MoDem Jean-Louis Bourlanges a (légèrement) critiqué sur Franceinfo la nomination de Pap Ndiaye au ministère de l'Education nationale, où il remplacera Jean-Michel Blanquer.
S'il a tissé des lauriers à l'historien, «personnalité remarquable, extrêmement respecté, un très grand intellectuel, un très grand universitaire», il a tout de même estimé que la «nomination de monsieur Pap Ndiaye pose problème».
Nous passons quand même d'une culture politique exigeante en manière de laïcité à une culture politique très différente
«Nous passons quand même d'une culture politique exigeante en manière de laïcité à une culture politique très différente. Moi je suis de ceux qui sont très sensibles aux dangers du wokisme, aux dangers de la cancel culture», a estimé Jean-Louis Bourlanges, faisant la comparaison avec le ministre de l'Education sortant Jean-Michel Blanquer.
Le choix de Pap Ndiaye pour ministère clé de l'Education nationale a provoqué un tir de barrage de l'opposition de droite et du Rassemblement nationa. Celui qui était directeur du Musée de l'immigration à Paris n'a en effet jamais fait mystère de son intérêt pour les sciences sociales américaines intégrant la notion de races, à l'opposée de l'approche universaliste de la République française. Dans un entretien au Monde en 2017, il jugeait que la notion de «racisme d'Etat» n'était «pas pertinente pour caractériser la situation française», tout en considérant qu'«il existe bien un racisme structurel en France, par lequel des institutions comme la police peuvent avoir des pratiques racistes».
«Mon passage aux Etats-Unis m'a permis de penser la question raciale. Ce fut une forme de révélation et ce, d'autant plus qu'en France, il y a trente ans, ce sujet était très marginal dans le monde universitaire», avait entre autres déclaré l'intellectuel à Vanity Fair (cité par les Echos). Pap Ndiaye est par ailleurs l'auteur de l'ouvrage La condition noire, essai sur une minorité française» (2008) et a co-fondé l'association antiraciste CRAN (Conseil représentatif des institutions noires).