© Eric VIDAL / EUROPEAN PARLIAMENT / AFP
La parlementaire grecque Eva Kaili au cœur du scandale (image d'illustration).
Le Parlement européen a démis ce 13 décembre la parlementaire grecque Eva Kaili de sa fonction de vice-présidente de l'institution, après sa mise en cause dans un scandale de corruption présumée impliquant le Qatar. De son côté, Doha a démenti être lié à cette affaire.
This decision is effective immediately.
We will continue to fully cooperate with relevant national law enforcement and judicial authorities.
Cette sanction pour «faute grave» a été approuvée à la quasi-unanimité des députés présents à Strasbourg en séance plénière, soit 625 votes favorables sur 628 exprimés, un contre et deux abstentions. Au cœur du scandale qui ébranle les institutions européennes, Eva Kaili occupait l'une des 14 vice-présidences du Parlement.
Du Parlement européen à la prison
L'élue socialiste grecque incarcérée le 13 décembre en Belgique, est soupçonnée d'avoir été payée par Doha pour défendre les intérêts de l'émirat qui accueille actuellement le Mondial de football. Trois autres personnes ont été écrouées dans cette enquête menée par un juge d'instruction belge.
L'avocat d'Eva Kaili a assuré qu'elle n'avait accepté aucun «pot-de-vin du Qatar». «Sa position est qu'elle est innocente. Elle n'a rien à voir avec les pots-de-vin du Qatar», a affirmé Michalis Dimitrakopoulos à la télévision grecque. Mais des sacs de billets ont été découverts dans son appartement au sein de la capitale belge. Elle n'a pas bénéficié de son immunité parlementaire car l'infraction a été constatée en flagrant délit.
Le parquet fédéral belge a annoncé au total des centaines de milliers d'euros saisis, en trois lieux différents, auprès de trois suspects, au cours des 20 perquisitions déjà réalisées. La police a en outre inspecté le 13 décembre les locaux du Parlement à Bruxelles pour saisir des données de collaborateurs parlementaires.
Scandale de corruption européen: voici l'argent saisi chez Panzeri et Kaili: au total plus d'un million et demi d'euros en cash
Mélodrame à Bruxelles
Roberta Metsola, la présidente du Parlement européen a exprimé le 13 décembre sa «fureur, colère et tristesse», en annonçant une «enquête interne» pour examiner tous les faits ainsi qu'une révision en profondeur des procédures de l'institution.
«Le Parlement européen va lancer un processus de réforme interne afin de garantir que la transparence et la responsabilité soient renforcées», ont promis les présidents des différents groupes politiques, dans un communiqué commun.
Ils ont évoqué «le renforcement des règles du Parlement concernant l'accès à ses locaux et à ses réunions» et plus de transparence et de contrôle concernant «le financement des organisations et des personnes» bénéficiant d'un tel accès.
Plusieurs élus ont souhaité voir avancer la proposition de la Commission européenne d'«une autorité indépendante» sur les questions d'éthique dans les institutions de l'UE. La présidente des socialistes et démocrates (S&D, gauche) Iratxe Garcia Perez a annoncé que ce groupe politique, auquel appartenait Eva Kaili, avait décidé de se «porter partie civile» lors d'un futur procès.
Tras conocer la detención de Eva Kaili, hemos pedido su inmediata suspensión como miembro de @TheProgressives.
Los eurodiputados investigados deben dejar cualquier cargo de responsabilidad.
🗣️ @IratxeGarper
Elle a souhaité que le Qatar puisse rendre des comptes. «Nous avons proposé de demander aux autorités du Qatar une collaboration dans cette enquête. Et s'il s'avère que ce pays a essayé de saper la démocratie européenne, qu'il y ait des sanctions», a-t-elle précisé.
L'ordre du jour de la session du 13 décembre a été bouleversé et un débat doit être consacré à cette affaire, à 16h30 (15h30 GMT). A l'issue, un texte, qui devrait plaider pour plus de transparence dans les institutions européennes, sera soumis au vote le 15 décembre.
Ex-présentatrice de télévision âgée de 44 ans, Eva Kaili a déjà été exclue ces derniers jours du parti socialiste grec (Pasok-Kinal). Ses avoirs ont été gelés par l'Autorité grecque de lutte contre le blanchiment d'argent. Son maintien ou non en détention, comme celui des trois autres personnes écrouées, sera examiné le 14 décembre par la justice belge.