03/04/2023 francesoir.fr  4 min #226529

Trottinettes à Paris : fin de partie !

Gilles Gianni, France-Soir

Une votation citoyenne met fin à la présence des trottinettes en location dans les rues de Paris.

THOMAS SAMSON / AFP

MOBILITÉ - Malgré une timide campagne de lobbying des opérateurs parisiens de trottinettes, les bolides à deux roues (et parfois à deux passagers) à la location (en "libre-service") sont bannis des rues de Paris : le résultat de la votation citoyenne d'hier est sans appel avec près de 90% des quelque 100 000 participants ayant voté contre leur maintien. Les concessions ne seront pas renouvelées le 31 août prochain. Qui va s'en plaindre ? 

Les efforts désespérés du patron de Dott, Maxime Romain, l'un des opérateurs de trottinettes en accès libre avec Lime et Tier, n'auront pas suffi... Ce week-end, l'homme a pourtant donné de lui-même, battant le pavé et tractant afin de convaincre les Parisiens d'aller voter pour faire le choix de maintenir les trottinettes en location sur la voie publique.

Sur le net, des influenceurs ont été payés, notamment sur le réseau social Tik-Tok pour persuader la jeunesse (l'électorat le plus susceptible de voter pour le maintien des trottinettes, mais aussi celui qui traditionnellement se déplace le moins aux scrutins) d'aller inverser une tendance qui se dessinait d'elle-même.

Une occasion en or pour les séniors

En effet, qui ne se priverait pas de pouvoir en finir avec ces près de 15 000 engins disgracieux, qui jonchent nonchalamment les trottoirs depuis des années, lorsqu'ils ne finissent pas directement  dans la Seine ? Qui se donnerait à coup sûr l'occasion d'être préservé de ces bidules peu tendres envers les piétons, qui menacent toujours les passants de leurs passages à grande vitesse ?

Les personnes séniors, évidemment (elles qui, en revanche, savent parfaitement se rendre aux urnes quand il le faut), qui sont les premières à craindre d'être renversées : cela est, hélas, déjà arrivé à de trop nombreuses reprises et rejoint  la cohorte d'accidents générés à Paris (408 accidents en 2022 dont 3 mortels et 459 blessés) ou dans d'autres villes, par les trottinettes, avec pour les utilisateurs à la clef  des fractures de toutes sortes et  des dommages dentaires à la hausse en corrélation avec leur implantation.

Ce dimanche 2 avril, la mairie de Paris a ainsi organisé une votation "Pour ou contre les trottinettes en libre-service ?" à propos de ce qui est considéré comme un problème sanitaire majeur, selon  l'Académie nationale de médecine. Un mini-référendum de mise à la retraite anticipée des trottinettes que les Parisiens n'ont pas laissé passer.

Les résultats sont tombés vers 22 heures hier soir et si la participation était faiblarde avec moins de 8% de votants à s'être déplacés au sein des bureaux installés dans les mairies d'arrondissement, ce sont près de 90% d'entre eux (sur plus de 100 000 participants) qui se sont positionnés "contre".

Rejet unanime : la fin des concessions

Un rejet unanime dont on ne demande pas, par pudeur, la moyenne d'âge des participants, ces derniers ayant été en tout cas redoutablement efficaces, en l'absence du vote électronique par ailleurs, plus favorable à la jeunesse.

Les contrats des opérateurs ne seront ainsi par renouvelés au 31 août 2023. La maire de Paris, Anne Hidalgo a fait campagne "contre", sans redouter la question de l'emploi, évidemment mise en exergue par les opérateurs pendant la campagne : 800 personnes travaillent dans le secteur.

Ces opérateurs craignent que la décision ne fasse tache d'huile en France : elle pourrait inspirer d'autres métropoles. Leur business, appuyé à l'international voit un marché juteux tomber : les trottinettes à Paris peuvent être utilisées chacune jusqu'à 3 fois par jour, le meilleur ratio européen en la matière.

Quant aux utilisateurs au quotidien, ils se plaignent de l'abandon des trottinettes. Ces derniers pourront dès la rentrée prochaine prendre le vélo, pour lequel des règles de circulation s'appliquent, ou les transports en commun : de saines activités qui ont, de plus, un meilleur  bilan carbone pour ceux qui s'y intéressent.

Ils pourront aussi... marcher. Trop lent ? Les cyber-gédéons et turbo-bécassines qui foncent à fond les ballons sur la voie publique au mépris de la circulation vont découvrir qu'en fait, pour arriver à la même heure au bon endroit, et en sauvegardant sa santé et celle des autres, il suffit de... partir un peu plus tôt ! Et en plus, c'est gratuit. Voilà qui ne fera de mal à personne, en ces temps d'inflation à deux chiffres.

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