25/05/2023 infomigrants.net  2 min #228970

Samson, Érythréen : « Quand on est exilé, on est physiquement à l'extérieur de notre pays mais on y demeure toujours »

Un Érythréen célébrant l'indépendance du pays, le 24 mai 1993 (Image d'illustration). Crédit : Getty Images

RFI : Quel rapport avez-vous avec votre pays d'origine, l'Érythrée ?

Samson Yemane : J'ai quitté l'Érythrée à l'âge de 10 ans. Donc, j'ai quelques souvenirs. Mes parents restent quand même très attachés à notre pays. Moi aussi, ainsi qu'à ma culture.

 En étant installé en Suisse, je vibre à chaque fois qu'il y a un événement qui concerne l'Érythrée.

C'est tout le problème d'être exilé : on est physiquement à l'extérieur de notre pays, mais on y demeure toujours. Et ce qui est surtout très frustrant, c'est que je n'ai aucune reconnaissance du gouvernement de mon pays.

Je me sens à la fois évidemment érythréen par mon origine. Mais lorsque je vois comment est gouverné ce pays, et que ce gouvernement continue à nier mon existence, parce que j'ai des idées politiques qui s'opposent aux siennes, je reste très attristé.

RFI : Est-ce que votre engagement politique et associatif est lié précisément à cette étrangeté de votre pays, à cette coupure loin de votre pays natal ?

SY : Oui, effectivement. Mon parcours universitaire, mon travail actuellement, mon engagement politique... tout est lié avec la question migratoire, mais aussi à cet État totalitaire qu'il y a en Érythrée.

Oui, tout est lié et je me rends compte que ma façon de penser est toujours liée à l'Érythrée. J'ai espoir que si le pays change, je pourrais amener certaines propositions en Érythrée, notamment avec tout le bagage et les connaissances, les savoirs dont j'ai la chance de bénéficier en Suisse.

RFI : Vous avez 30 ans aujourd'hui, comme le pays qui vous a vu naître, est-ce que ça vous procure une certaine solidarité avec une génération d'exilés érythréens ? Est-ce que vous avez le sentiment de faire partie d'une même génération ?

SY : Oui, il y a toute une diaspora érythréenne très présente en Europe mais aussi aux États-Unis : des jeunes qui sont militants, activistes, intellectuels, qui sont curieux. Il y a une vraie solidarité entre nous.

Il y a une jolie phrase que j'adore : « Le pouvoir a certes le pouvoir, mais nous, on a le temps ». C'est très vrai. On est jeunes, on espère qu'avec le temps la situation va changer. Et j'espère que notre solidarité avec la diaspora érythréenne va porter ses fruits un jour.

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