19/04/2024 francesoir.fr  3 min #247135

Une nouvelle taxe dans le monde du livre : les livres d'occasion dans le radar du président

France-Soir

Moyen d'accéder à la lecture à prix réduit et levier écologique du livre, une taxe de 3% sur ces ouvrages arrive comme un cheveu sur la soupe.

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Dans un monde où l'accent est pris de privilégier l'accès à la culture pour tous, le président de la République, Emmanuel Macron, annonce avec aplomb au Festival du Livre de Paris, le 12 avril, qu'il serait pertinent de taxer les livres d'occasion. Moyen d'accéder à la lecture à prix réduit et levier écologique du livre, une taxe de 3% sur ces ouvrages arrive comme un cheveu sur la soupe.

Tandis que différentes initiatives pour inciter à la lecture voient le jour - nous pouvons aborder le Quart d'heure lecture- et que quelques heures avant cette annonce, un appel est fait à « relancer très fortement l'initiative pour la lecture » dans l'objectif de devenir un « rituel quotidien pour les jeunes », le chef de l'Etat coupe l'herbe sous le pied à toute tentative de payer moins cher. Les livres d'occasion auraient vocation, selon ce dernier, à souffrir d'une taxation de 3%.

Une manne dont profitaient pourtant de nombreux étudiants, pour ne mentionner qu'eux, afin d'acquérir des livres à moindre coût lorsque les moyens sont limités. Ce marché représente 350 millions d'euros à l'année en France, avec une croissance de 30% ces cinq dernières années. Une augmentation qui ne pouvait qu'alerter le gouvernement sur de possibles bénéfices à tirer de cette économie circulaire. Cette demande serait une requête du Syndicat national de l'édition (SNE). Son annonce surprend cependant : pourquoi celle-ci est faite par l'entremise du président Emmanuel Macron, et non de sa ministre de la Culture ?

Le président affirme sa décision ainsi. « On va mettre en place au moins une contribution qui puisse permettre de protéger le prix unique et permettre à nos auteurs, éditeurs et traducteurs aussi d'être mieux aidés ».

Les voix s'élèvent, comme avec le sociologue Vincent Chabault, qui affirme que cette taxe ne permettrait pas l'effet escompté. En effet, son impact « serait quasi nul, du moins la taxe ne réorienterait pas les comportements d'achat vers le marché du neuf. »

Si cela ne réoriente pas vers le neuf, ce que le président affirme là, et qui reste tout de même une idée curieuse au jour où l'on pousse a contrario à une consommation raisonnée, alors quel intérêt si ce n'est récupérer de l'argent là où l'on peut ponctionner ?

Du côté des libraires aussi, la mesure interroge. N'oublions pas que ces derniers se sont adaptés à ce marché en intégrant pour beaucoup l'occasion dans leur boutique ou sur leur site internet. Abraxas-Libris confie que « Nous sommes déjà écrasés par les taxes, une de plus, ça fait beaucoup. »

Se renouveler dans le marché du livre et en vivre serait une voie sans issue, des taxes venant continuellement se superposer : le résultat de tâtonnements politiques dans l'espoir de conserver cette exception culturelle.

Encore une décision soudaine où tout un chacun se prépare aux nouvelles adaptations que cela présuppose, en essayant de tirer son épingle du jeu pour ne pas subir les pots cassés.

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