09/05/2024 infomigrants.net  4 min #248309

Allemagne : près de deux tiers des réfugiés arrivés il y a huit ans ont trouvé un emploi

|Un réfugié iranien en apprentissage en Allemagne, juillet 2018

Photo : Andreas Arnold/dpa/picture alliance

L'étude de l'Institut de recherche sur l'emploi (IAB) a établi une corrélation directe entre la durée de résidence des demandeurs d'asile en Allemagne et leur taux d'emploi.

L'accès des réfugiés arrivés en Allemagne entre 2013 et 2019 au marché du travail a progressé avec un taux d'emploi de 60% sept ans après leur arrivée et même de 68 %, huit ans après leur arrivée.

En revanche, les disparités restent très marquées entre les hommes et les femmes. Parmi les femmes réfugiées arrivées en 2015, 31% occupaient un emploi en 2022 contre 75% pour les hommes. Parmi les raisons régulièrement citées, il y a la difficulté de faire garder les enfants et les barrières linguistiques.

"Les femmes, en particulier, bénéficient des cours d'intégration proposés par l'Office fédéral des migrations et des réfugiés, ainsi que des cours de langue adaptés au contexte professionnel", rappelle tout de même Yuliya Kosyakova, chercheuse à l'IAB.

Ascension sociale

Pour les réfugiés, non seulement les taux d'emploi ont augmenté avec la durée du séjour, mais le type d'emploi occupé a également évolué.

Ainsi, 76 % des réfugiés employés arrivés en 2015 occupaient un temps plein en 2022, pour un salaire médian de 2 570 euros. Pour l'ensemble des personnes interrogées, le salaire horaire brut médian était de 13,70 euros, dépassant les 12,50 euros considérés en Allemagne comme le seuil des bas salaires.

"Les cadres institutionnels et politiques sont essentiels à l'intégration sur le marché du travail. L'accélération des procédures d'asile et la réduction progressive des périodes d'interdiction d'emploi sont associées à une augmentation des taux d'emploi des réfugiés", explique Herbert Brücker, directeur de recherche à l'IAB.

"De même, les conseils sur le marché du travail et l'orientation professionnelle fournis par les agences pour l'emploi ont des effets positifs sur le taux d'emploi. Un démarrage plus précoce de ces mesures pourrait accélérer l'intégration des réfugiés sur le marché du travail", ajoute Yuliya Kosyakova.

Des recherches antérieures menées par l'IAB indiquent que 70 % des réfugiés et des demandeurs d'asile expriment le souhait de travailler.

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L'étude montre en revanche que les restrictions géographiques imposées aux demandeurs d'asile en matière de lieu de résidence entravent leur entrée sur le marché du travail.

De plus, l'hébergement dans des structures d'accueil crée des circonstances défavorables. Pour les hommes vivant dans des logements collectifs, la probabilité de trouver un emploi est inférieure de cinq points, et pour les femmes, de trois points, comparé à celles et ceux qui vivent dans un logement privé.

Des freins à l'emploi

Le rapport de l'IAB dresse ainsi une série d'obstacles rencontrés dans la recherche d'un travail.

En Allemagne, pendant la procédure de demande d'asile qui peut durer plusieurs mois, les personnes qui attendent une réponse ne sont généralement pas autorisées à travailler. En outre, de nombreux réfugiés butent sur leur manque de connaissances de la langue allemande.

"Le gouvernement allemand finance le programme national d'apprentissage de la langue pour les nouveaux arrivants jusqu'au niveau de base B1, ce qui n'est pas suffisant pour des emplois plus complexes et mieux rémunérés", précise Franziska Hirschelmann, PDG de jobs4refugees, à Euronews.

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Elle ajoute que l'Allemagne est encore à la traîne dans la validation des acquis et la reconnaissance des qualifications acquises à l'étranger. "Même lorsque les relevés de notes n'ont pas été perdus pendant la guerre et les déplacements, la procédure de reconnaissance (...) est souvent infructueuse car la plupart des pays n'ont pas de programmes de formation professionnelle comparables et certaines professions exigent un diplôme allemand."

La pandémie de coronavirus a exacerbé la précarité parmi les réfugiés, notamment parce que ces derniers sont surreprésentés dans le secteur des services, qui a été fortement impacté par les restrictions sanitaires.

 infomigrants.net

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